À pied, à cheval et en Spoutnik de Jean-Jacques Lebel

À pied, à cheval et en Spoutnik de Jean-Jacques Lebel

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par JPGP, le 18 mai 2023 (Inscrit le 10 décembre 2022, 77 ans)
La note : 8 étoiles
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Ce que pourrait dire Jean-Jacques Lebel à travers ce livre

« Laissons la profondeurs aux "théolochiens", le fromage aux cabots et la morale aux filous. Quant aux mystificateurs de l'absolu leurs crimes sont suffisamment connus. Je préfère ignorer ce qu'ils croient savoir. Je n'ai jamais pu renoncer aux grossièretés qu'on m'adresse. Elles m'ont nourri plus que mortifié. L'imposture évite de me prendre au sérieux. Le mépris secoue à propos mes chaînes et évite la défroque et la soutane qui permet d'accorder aux juges et aux curés une hâtive reconnaissance. Dans la course à notre perte la copulation rend un temps les choses supportables. La naissance ayant signé notre condamnation restons le plus libre possible en attendant notre exécution. D'autant que nous aurons eu la chance d'appartenir à une génération de nains blancs ayant bénéficié de circonstances favorables. Quant à la littérature elle reste l'inverse de l'héroïsme mais elle m'aura permis de rester seul avec mes cauchemars et leurs monstres. Que lui demander de plus ?
Il suffit de garder quelques trucs pour sauver la solitude de l'isolement et rester aussi indispensable à l'inexistence qu'une fourmi à un pique-nique. L’art iconoclaste est donc l'erreur essentielle qui la et me justifie. Il me permet d'inventer une liberté avec une assiduité obsessionnelle afin de garantir des moments parfaitement inutiles. Il demeure le moyen de lister ce qu'on m'a dit et ce que j'ai cru. Entre autres qu'il est bon d'avoir un faible pour les psychanalystes, les yaourts natures, les lapereaux de l'année (sans préciser laquelle), les faibles, les bourgeois de cas laids, les porteuses de mantilles avec des bas résilles, la graine de lin, Biarritz (où je ne suis jamais hâlé), les piqûres de mort fine, le temps opportun, les opossums, les Marguerite (Duras ou Yourcenar), les pompes à bicyclette, les vocations, les bruits qui courent, la maïeutique et la mayonnaise, le plum-pudding, les jeunes époux en imperméable, les nus à feuille de vigne sur le derrière, les nids de poules chaudes et leurs nibards, la patrie quand elle est en danger, les pensées de Pascal ou d’un autre, les angles obtus. Cela a achevé de me convaincre que la vie valait d'être vécue moins dans les débits de moissons que dans les débuts de boisson ».

Jean-Paul Gavard-Perret

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