Les icebergs de la mélancolie de Paul Lambda

Les icebergs de la mélancolie de Paul Lambda

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Débézed, le 17 mai 2023 (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 76 ans)
La note : 8 étoiles
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Aphorismes glacés

Depuis qu’il a publié, chez ce même éditeur, son monumental ouvrage : Le Cabinet Lambda - 5014 Citations à Siroter, Croquer, Injecter Ou Infuser, personne ne peut plus douter de la capacité de Paul à produire, créer, inventer, …, des aphorismes du meilleur cru en quantité astronomique. Avec ce nouveau P’tit Cactus, il démontre qu’il n’a rien perdu de sa verve, qu’il n’a pas épuisé ses capacités créatrices, que son esprit est toujours aussi vif et que sa plume est toujours aussi affutée. Dans ce nouveau recueil, il démontre toujours la même créativité, la même densité dans les pages, la même productivité. Une véritable machine à produire des aphorismes sans aucune concession à une quelconque facilité. Paul Lambda, c’est le producteur d’aphorismes de référence tant en ce qui concerne la quantité que la qualité.

Il n’a pas un champ de création particulier, il s’intéresse surtout à la vie des gens, aux difficultés qu’ils rencontrent, aux incongruités qu’ils doivent contourner, à tout ce qui les interpelle, les amuse, les étonne, les contrarie,… Dans sa préface, Jean-Pierre Georges écrit : « Paul Lambda, …, un septique : souriant (voire moqueur, sinon impitoyable), sur la corde raide, comme beaucoup de consciences sagaces, ayant l’air de dire … non, il s’en est fallu de peu, mais je ne suis pas tombé, j’avais mon ombrelle ».

Dans ce recueil, j’ai puisé quelques exemples qui illustrent le ton du livre, la finesse d’esprit, la sagacité et l’inventivité de l’auteur :

J’ai aimé ce trait d’esprit qui illustre bien la futilité de notre époque : « Comment exister si on a oublié son mot de passe ? » et celui-ci aussi : « La rumination des souvenirs ne donne pas bonne haleine ». J’ai apprécié cette référence littéraire, Paul n’en n’est pas avare : « Où sont-ils tous ? / Partis chercher Godot, ils ont organisé une battue ». Dans ces trois aphorismes, j’ai vu comme un clin d’œil aux surréalistes : « Si je me tais qui viendra écouter mes silences ? », « L’été peut attendre, je n’ai pas fini le printemps », « La vraie vie est ailleurs, je vous ai dessiné une carte ». J’ai également relevé celui-ci en forme de jolie zeugma : « Alors j’ai suspendu mon vol et le linge » et cette autre en forme de pique finement acérée, j’aimerais savoir à qui elle destinée : « Ce pygmée des lettres réduisait les livres à des citations ».

Comme aurait dit Bernard Pivot à l’époque où il interviewait des écrivains reconnus : « Et la religion dans tout ça ? ». Dans ce recueil Paul y pense plutôt souvent, notamment en explorant les allées des cimetières, il n’en pense pas toujours que du bien mais forcément que du mal ! La preuve, il était prêt à laisser à Dieu la plus belle création de l’humanité : « Quoi ? Ce n’est pas Dieu qui aurait créé le rire ? ».

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