Spirales vagabondes: Et autres parallèles inédites en labyrinthe de Joyce Mansour

Spirales vagabondes: Et autres parallèles inédites en labyrinthe de Joyce Mansour

Catégorie(s) : Théâtre et Poésie => Poésie

Critiqué par JPGP, le 16 décembre 2022 (Inscrit le 10 décembre 2022, 77 ans)
La note : 8 étoiles
Visites : 48 

Joyce Mansour et le chemin douteux

: "Je suis ma route parallèle à celle qui n'existe pas"
Mansour.pngCelle que Breton érigea comme "La femme poète" par Breton organisa des soirées mémorables avec Bourgeade, Cortazar, Butor et bien d'autres. Praticienne d'un surréalisme quasi post-historique et baroque, elle crée par son écriture "les cercles d'arbres (qui) entourent mon vagin noir" afin de mêler densité et énergie là où le texte se génère lui-même d'images en images. De son premier "Cris" (1953) au dernier "Trou noir" on croyait tout connaître de l'artiste, mais dans "Spirales Vagabondes", l'"Etrange Demoiselle" apparaît à travers des textes en vrac et hirsutes écrits n'importe ou et n'importe comment.

En une telle mosaïque se voit comment elle travaille hors cloisonnement. Et Laurie Missir codifie parfaitement ce rassemblement de spirales, de parallèles en une fabrique toujours en mouvements. Mansour 2.jpgL'oeuvre ne cesse de se déplacer dans un jeu d'arabesques dans lequel l'auteure fuit tout rapport identitaire. L'égyptienne anglophone à travers le français d'adoption trouva une poly-formalisation du jeu et du je. Le livre donne l'occasion de redécouvrir les poèmes laissés pour compte. Ceux retirés de "Cris" par exemple : ils sont plus forts que ceux du texte original publié.

Joyce Mansour renverse son angoisse de la mort par la force de l'éros, de l'ironie et de l'autodérision. L'érotisme est chez elle retour à la violence, la transgression et un processus lié à l'action. Il est donc déroutant car la langue décloisonne les repères : "même morte je reviendrai forniquer dans le monde" dit avec humour celle qui crée une autobiographie "entre lit et rêve" mais loin de "l'enlisement du sommeil", et ce d'un mot à l'autre, dans "une route parallèle à celle qui n'existe pas"

Mansour demeure la poète du débordement, de la fragmentation pour éprouver ce qui passe et se passe dans le corps et dans le souffle. De la tradition juive d'où elle vient ne reste sans doute que le corps de la lettre, son ossature de l'alphabet consonantique afin que le verbe accouche du corps. Bref pour Joyce Mansour il s'agit de tout casser sous "un talon d'acier", "éventrer les acteurs, déraciner les morts, avaler, cracher, mastiquer, éjaculer". Si bien que si chez elle la mort tambourine c'est toujours dans un désert chauffé à blanc que le martèlement des verbes ponctue hors conjugaison.

Jean-Paul Gavard-Perret

Connectez vous pour ajouter ce livre dans une liste ou dans votre biblio.

Les éditions

  • Spirales vagabondes [Texte imprimé], et autres parallèles inédites en labyrinthe Joyce Mansour textes réunis et présentés par Laure Missir
    de Mansour, Joyce Missir, Laure (Editeur scientifique)
    Nouvelles éditions Place / Or-la-loi
    ISBN : 9782376280347 ; 20,00 € ; 12/11/2018 ; 336 p. ; Broché
»Enregistrez-vous pour ajouter une édition

Les livres liés

Pas de série ou de livres liés.   Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série

Forums: Spirales vagabondes: Et autres parallèles inédites en labyrinthe

Il n'y a pas encore de discussion autour de "Spirales vagabondes: Et autres parallèles inédites en labyrinthe".