Donner vie à une statue…

Comme le précise dans sa postface l’auteure d’origine sud-coréenne, elle a vu pour la première fois à Séoul en 2016 Pyeonghwabi, la statue de la Paix érigée en 2011 en hommage à ces jeunes coréennes qui furent enrôlées pendant la seconde guerre mondiale comme « femmes de réconfort » ou esclaves sexuelles au service des soldats japonais. Interpellée par cet émouvant visage en bronze, elle a souhaité lui donner un prénom, Hana, et un destin qui constitue la trame de ce roman bouleversant.

L’histoire commence à l’été 1943 sur l’île de Jeju en Corée du Sud. Hana, 16 ans pêche en apnée comme tous les membres de la communauté haenyeo pour ramener à sa famille les produits de sa récolte. Elle aperçoit soudain un soldat japonais qui s’approche dangereusement de sa petite sœur Emi, 9 ans, restée sur la plage ; sans hésitation, elle sort de l’eau et va se laisser enlever à sa place par le Caporal Marimoto pour connaître le sort atroce de ses jeunes congénères, converties de force en « femmes de réconfort »

En 2011, près de 70 ans après, Emi va, en se rendant à Séoul chez sa fille découvrir cette statue de la Paix qui lui rappelle la sœur qu’elle n’a jamais revue et dont elle avait caché l’existence à son entourage, tant elle se sentait indirectement coupable de cet enlèvement.

Deux époques, deux sœurs séparées à jamais, deux destins évoqués en alternance dans chacun des chapitres intitulés respectivement Hana et Emi. Un livre profondément attachant et instructif qui vous fait voyager dans le temps et revivre certains aspects méconnus de la guerre ou volontairement esquivés par les auteurs de ces exactions. Superbe !

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  Filles de la mer

  de Bracht, Mary Lynn Tardy, Sarah (Traducteur)
  R. Laffont
  ISBN : 9782221197271 ; 01/02/2018 ; 432 p. ; Format Kindle

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