Une saison à Paris de Dominik Tatarka

Une saison à Paris de Dominik Tatarka
( Prútené kreslá)

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Sahkti, le 26 juin 2004 (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans)
La note : 8 étoiles
Visites : 3 822  (depuis Novembre 2007)

L'amour avant la guerre

Dominik Tatarka (1913-1989) est un auteur slovaque considéré comme engagé. C'est violemment qu'il protesta contre l'invasion de 1968 ; il fut longtemps persécuté par le parti communiste qui le bannira et l'exilera comme garde forestier. Dans "Le Démon du consentement", on peut lire toute la détresse de cette auteur et l'amertume causée par ses illusions brisées face à un régime politique dans lequel il ne se reconnaît pas.

"Une saison à Paris" est un roman plus doux, mélange d’amour et de romanesque, qui relate les souvenirs d’un étudiant tchécoslovaque à Paris, à la Sorbonne où il fait ses études et dans une pension de famille conviviale qui ressemble terriblement à L’Auberge espagnole, on y trouve un tas d’étudiants de diverses nationalités.
"Monsieur Tchèque" croise la route de Danièle, sympathique étudiante française qui lui fait découvrir Paris, ses beautés et ses mystères. Elle en connaît chaque recoin et c’est plaisir de voyager en sa compagnie, j’ai beaucoup aimé l’enthousiasme dont elle fait preuve pour faire aimer cette grande ville.
La vie est belle, on a envie de sourire en compagnie de ces deux jeunes gens (quelle légèreté dans les propos de Tatarka quand il parle d’amour fleur bleue, c’est romantique !), mais c’est oublier que nous sommes en 1938 et que la guerre pointe le bout de son nez. Notre étudiant tchécoslovaque se sent menacé, milite (une fameuse erreur !) et s’engage, Danièle prend peur et s’éloigne.

Une histoire d’amour assez classique, un style pas vraiment révolutionnaire mais un procédé intéressant : le narrateur confie toute cette histoire sous la forme d’une longue lettre qu’il envoie à une amie intime, Jarmila. Il raconte ses errances, ses espoirs et ses colères et là enfin, on retrouve la verve furieuse de Tatarka lorsqu’il dénonce les absurdités d’un régime politique ou de la guerre. Il doit y avoir quelques parcelles autobiographiques dans ce beau récit, fort et frais à la fois. J’ai beaucoup apprécié ces passages entre l’insouciance de la jeunesse et la reprise brutale avec la réalité d’un conflit meurtrier qui se prépare, on y sent toute la rage de l’écrivain qui ne pouvait réellement taire ses revendications et qui les a habilement maquillées sous l’apparence d’une amourette d’étudiants.

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