J'ai couru vers le Nil de Alaa El Aswany

J'ai couru vers le Nil de Alaa El Aswany
(Al-Ǧumhūriyyaẗ kaʾanna)

Catégorie(s) : Littérature => Arabe

Critiqué par Pascale Ew., le 27 décembre 2018 (Inscrite le 8 septembre 2006, 56 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (24 202ème position).
Visites : 4 500 

Intéressant, mais dur

2011. Egypte. Des jeunes se révoltent contre la corruption, l’autorité arbitraire, l’injustice, l’hypocrisie… Ils rencontrent l’opposition du pouvoir et l’incompréhension de leurs parents, mais bravent les interdits et le danger avec un grand courage. Ensuite, leur révolution semble tourner en leur faveur avec la démission de Moubarak, mais ce n’est qu’un leurre : le même régime reste en place et les médias se déchaînent contre les jeunes révolutionnaires, à coup de désinformation. On accuse ceux-ci d’être payés par des forces étrangères, d’être formés par les juifs et les francs-maçons ; on les taxent de comploteurs. Et les forces armées n’hésitent pas à mettre le feu aux églises pour désolidariser les chrétiens et les musulmans et démontrer que le régime est le garant de l’ordre et de la stabilité. Enfin, viennent les massacres de manifestants. Peu importe qu’il s’agisse principalement d’enfants, de vieux et de femmes. Ceux qui tentent de faire intervenir la justice se heurtent à la haine, l’ignominie et un barrage unanime. A la fin, les jeunes et ceux qui les aident sont broyés, par la torture, le viol, l’emprisonnement, la zizanie dans les familles, l’opposition de l’opinion publique. Tout est bon pour les faire plier… et ils plient car il ne leur reste plus aucun choix.
Ce roman est déprimant car il ne laisse aucun espoir, mais c’est la réalité. Et c’est ce qui est le plus déprimant ! A travers l’histoire de personnages, l’auteur nous raconte l’histoire de l’Egypte et nous fait sentir l’hypocrisie régnante. Les interminables salamalecs à la sauce islamique donnent la nausée car ceux qui les profèrent n’adorent que le pouvoir. J’ai parfois eu du mal à m’y retrouver parmi tous les noms des personnages.

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Le printemps arabe

6 étoiles

Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 9 novembre 2019

Les événements de la place Tahrir de 2011 vécus par des acteurs réels ou imaginés.
Une des merveille du Coran et de ses innombrables Hadith(s) c'est qu'il n'y a aucun détail de la vie d'un musulman qui n'y est pas détaillé. Jusqu'à votre façon de faire pipi et mieux encore. La série "Pour les nuls" aurait sans doute dû commencer ses œuvres sur le sujet. (hum)
Voilà qui rend l'histoire un peu rébarbative pour le lecteur européen. L'égyptien est d'une nature paisible et soumise. Le rôle de FACEBOOK et TWITTER n'est pas négligeable dans la période d'incubation de l’œuf.
Le régime ne s'est pas rendu, il a coupé internet, vendu Hosni Moubarak pour le bûcher afin de garder ses privilèges et s'en est donné à cœur joie pour mater la révolte.
Voilà donc la belle histoire d'une révolution. Non elle n'est pas belle cette histoire. La barbarie de l'Islam permet ces actes horribles, ces assassinats, ces tortures, ces viols au nom d'une religion qui dit tout et son contraire.
Soyez bénis vous qui donnèrent votre vie pour défendre un idéal. S'il reste encore des survivants avec des idées intègres qu'ils viennent bien vite nous donner des cours. Ici il n'y a plus que des défenseurs au jour le jour d'un système qui doit assurer de jolies voitures, des télés, des smartphones et une vie facile à ceux qui votent.

Ce livre est un plaidoyer romancé. Construit sans grande prétention littéraire pour délivrer un message qui se lit (et se vend). A mon sens pour donner une vraie valeur au texte il aurait fallu présenter les choses autrement.
En clair le message est intéressant, constructif mais la partie romanesque est tissée au fil de fer.

"Une république comme si" !

10 étoiles

Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 58 ans) - 1 juillet 2019

Alaa El Aswany (1957- ) est un écrivain égyptien exerçant la profession de dentiste au Caire.
Son roman "L'Immeuble Yacoubian", paru en 2002, fut un véritable phénomène d'édition dans le monde arabe, rapidement traduit dans une vingtaine de langues, en plus de faire l'objet d'adaptations cinématographiques et télévisuelles
"J’ai couru vers le Nil" paraît en 2018 (Actes Sud)
Interdit de publication en Egypte depuis plus de cinq ans, le célèbre romancier, qui vit actuellement aux Etats-Unis, dénonce l'absence de liberté d'expression en Egypte.

Le Caire (Egypte) en janvier 2011. De multiples manifestations éclatent, dénonçant la corruption, la répression policière, la misère, l'hypocrisie d'un pouvoir militaire et religieux, .....
La place Tahrir devient rapidement l'épicentre des revendications, le symbole d'un mouvement de fond, d'une révolution naissante.
Asma et Mazen, 2 jeunes étudiants de milieux sociaux différents échangent une longue et profonde correspondance ou révolte et amour naissant se mêlent.
Khaled et Dania, étudiants en médecine vont vivre intensément dans leur chair les violences de la révolution.
Achraf et Akram vont remettre en cause leur modèle de vie pour partager la cause des étudiants et organiser les réunions.
Nourhane, présentatrice télé vedette est prête à tout devenir une "icône" ,un modèle de vertu...
Au travers ces quelques personnages, l'auteur brosse le portrait de la société égyptienne, prise dans l'étau de ses contradictions. Affronter le réel et se lever contre le pouvoir en place ou se comporter en spectateur pour ne pas risquer de perdre ses maigres ressources.

Une oeuvre virtuose, intense, magnifique, intelligente et politique.
El Aswany y dénonce un régime répressif et corrompu, des religieux au comportement d'hommes d'affaires, une justice aux ordres du pouvoir. des fortunes amassées par les dirigeants en Egypte et à l'étranger., les petits arrangements entre le pouvoir militaire et les "frères musulmans".
Mais aussi des médias manipulés, les artistes et célébrités qui collaborent,
Et surtout, les violences militaires, l'emprisonnement arbitraire et l'utilisation de la torture.
La charge de l'auteur ne s'arrête pas au pouvoir, le peuple en est rendu complice :
"Le peuple, pour lequel, les meilleurs d'entre nous sont morts en défendant sa liberté et sa dignité, ne veut ni liberté, ni dignité. Ils acceptent la corruption et y participent".
"Un peuple ignorant, aux idées arriérés qui ne sait pas penser par lui-même". Un enfant qu'il faut protéger.
" Un peuple peureux et soumis de nature au pouvoir. Une culture héritée des pharaons" .

Vous l'avez compris, il s'agit un roman majuscule, d'une oeuvre littéraire majeure.
El Aswany est un conteur hors pair et sait magistralement bien faire transpirer la Grande histoire dans la petite vie de ses personnages.
Un roman qui vaut tout les articles de presse et les reportages télé sur les événements de la place Tahrir.
Un moment de lecture inoubliable !


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