Dora Bruder de Patrick Modiano

Dora Bruder de Patrick Modiano

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Clarabel, le 10 juin 2004 (Inscrite le 25 février 2004, 47 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 15 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (985ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
Visites : 11 046  (depuis Novembre 2007)

D'une infinie tristesse

Parce qu'il a lu dans un Paris-Soir de décembre 1941 l'annonce "On recherche une jeune fille, Dora Bruder, 15 ans (...)", Modiano part sur les traces de cette jeune fille juive disparue. S'adresser boulevard Ornano, Paris réveille chez cet amoureux des rues parisiennes et des longues promenades dans ces dédales une profonde nostalgie. Aussitôt, le narrateur improvisé enquêteur part sur les traces de la jeune Dora Bruder. Minutieusement il va retracer le curriculum vitae des parents de Dora, il va tenter de se mettre dans la peau de la jeune fille, de suivre son parcours dans Paris, prendre les mêmes chemins, parcourir les mêmes rues. Tenter de percer ce mystère et revivre les tragiques événements du Paris occupé, des rafles dans les quartiers juifs et l'arrestation de son propre père. Bref "Dora Bruder" n'est en rien une intrigue policière car on pressent que Modiano ne découvrira rien de plus que les maigres annotations rédigées par les administrations de l'époque, qu'il amassera péniblement, ici et là. Bien entendu, il arpentera des chemins difficiles depuis Paris, les Tourelles, Drancy et fatalement Auschwitz. Car finalement son travail d'écrivain dans "Dora Bruder" aura été de rendre une stèle funéraire à cette jeune disparue, à sa famille et à toutes les autres victimes de cette guerre. En citant leur état civil, au moins, il rend honneur à leur mort précipitée et odieuse.
"Dora Bruder", c'est cette infinie tristesse caractéristique à l'écriture Modiano. C'est l'infinie nostalgie, la lancinante mélancolie d'un temps qui n'est plus, et aussi de lieux à jamais perdus. C'est beau, épuré de fards esthétiques pompeux, et poignant.

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Pour ne pas oublier, ni Dora, ni les autres.

9 étoiles

Critique de Hamilcar (PARIS, Inscrit le 1 septembre 2010, 68 ans) - 12 novembre 2015

Comment peut-on être captivé par un livre où il ne se passe pas grand chose? Modiano a ce secret, celui de vous happer tranquillement, de vous mener sans intrigue aucune, et finalement vous passionner pour une histoire qui, sous des apparences banales, n'en reste pas moins qu'un constat, celui de la cruauté des hommes. Dora Bruder, dans son anonymat, devient icône. Merci M. Modiano pour cette part d'humanité qui donne aux inconnus cette justice qui leur évite en plus l'oubli. Pas un roman, pas un essai, pas une enquête, un souffle.

le livre qui a fait de Modiano prix nobel

10 étoiles

Critique de Yeaker (Blace (69), Inscrit le 10 mars 2010, 50 ans) - 27 novembre 2014

Dora est un nom dans un journal que Modiano a lu, le nom d'une jeune juive disparu en 1942 et que l'on recherche.
Modiano en faisant des parallèles avec sa famille va chercher des éléments pour donner corps à Dora et à son environnement. Ainsi Dora ne sera plus seulement un nom mais un symbole de ce que la France pétainiste s'est rendu responsable auprès de sa population et de ses concitoyens qu'elle devait protéger et qu'elle a condamnés.

En laissant la place principale à Dora, jeune adolescente rebelle, Modiano réalise son livre le plus bouleversant. On retrouve les obsessions habituelles de l'auteur en particulier celle de la peur de l'oubli et le souci du détail dans ce livre qui fait partie des chefs d'oeuvre de la littérature française.

Pour compléter cette lecture, je recommande également le livre "le Tombeau de Tommy" d'Alain Blottière qui traite des membres de l'affiche rouge. Et si vous avez aimé chez Modiano sa volonté de redonner vie à un nom, Claude Duneton fait de même dans "le monument" avec les noms inscrits sur le monument aux morts de 14-18 de son village.

Bonne lecture

Début lent puis captivant

8 étoiles

Critique de Boudinet33 (, Inscrit le 27 octobre 2013, 45 ans) - 19 novembre 2014

Le début est lent - j'ai également été perdu dans les dates. Au fur et à mesure de la lecture on commence à s'accrocher pour ne plus lâcher le livre.

Jeux de miroir

8 étoiles

Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 19 novembre 2011

On retrouve dans DORA BRUDER le goût de Modiano pour le passé d’avant sa naissance , qu’il poursuit de roman en roman ; un passé qu’il cherche à recréer grâce à la déambulation dans des lieux-passerelles du paysage urbain où ne subsistent pas toujours de traces de ce passé, grâce aussi à des recherches de correspondances entre le destin de son personnage et le sien ou celui de ses parents .

La récurrence de ces jeux de miroir subtils entre les lieux, les objets, les personnages de deux époques différentes : voila pour moi à la fois la marque et le charme des romans de Modiano .

Combat clinique contre l'oubli

7 étoiles

Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans) - 10 juillet 2011

Le hasard mène ce narrateur sensible et introverti à retracer, dans le détail, d'une jeune disparue juive et de ses parents, victimes de l'holocauste. Leur séparation et le fugues de cette héroïne malgré elle intriguent ce personnage, mû en enquêteur froid, dont le rapport est relaté d'un style sobre et froid digne d'un arrêté préfectoral ou d'un procès-verbal médico-légal. On avance pas à pas dans l'horreur, doucement et sûrement, en évitant de peu les impudeurs.
Cette lutte contre l'oubli par l'exemple me laisse un sentiment mêlé, en ce qu'elle est trop personnelle et avant tout utile en donnant la dimension pratique de l'indicible, donc en donnant noms et détails.

3 étoiles!

6 étoiles

Critique de Js75 (, Inscrit le 14 septembre 2009, 40 ans) - 27 août 2010

Dora Bruder est un roman écrit par Patrick Modiano. Le style de l'auteur, d'un niveau correct, est classique, épuré.L'intrigue manque de consistance et est concise (elle relate le parcours de la jeune fugueuse Dora Bruder et de quelques autres déportés). Ce livre témoigne avec sobriété de l'horreur de la guerre et de cette époque trouble de l'Occupation en France. Un ouvrage correct, sombre, triste, personnel, parfois décousu.

Dora ...

10 étoiles

Critique de Pat (PARIS, Inscrit le 21 mars 2010, 60 ans) - 28 juin 2010

Une ombre traverse Paris sous l'occupation, elle s'appelle Dora Bruder, elle a quinze ans.
L'auteur tente de savoir d'où elle venait, qui elle était, ce qui lui était arrivé.
L'enquête nous décrit ce Paris où les juifs doivent se soumettre à un couvre-feu, porter une étoile jaune sur leurs vêtements, et subir toutes sortes de pressions administratives.
Dora, jeune fille insouciante, ne se doute pas, lorsqu'elle regarde les nuages noirs s'approchant, qu'ils annoncent un orage de haine qui va s'abattre sur la capitale .
Et ceux que l'on a obligé à porter cette étoile, telle une cible, seront pourchassés tel des rats jusque dans les égoûts ... Jusqu'au dernier.
L'auteur nous décrit la machine administrative implacable qui a fonctionné à cette époque, et dont nous avons honte aujourd'hui.
Je pense que la ville de Paris devrait nommer du nom de chaque enfant juif disparu en déportation, le nom d'une rue de notre ville.
A la mémoire de DORA BRUDER, ange parmi d'autres, martyrisée au nom de l'ignorance.

Mon premier Modiano

6 étoiles

Critique de Aliénor (, Inscrite le 14 avril 2005, 56 ans) - 25 mars 2010

En 1988, Patrick Modiano tombe par hasard sur un avis de recherche paru le 31 décembre 1941 dans le journal Paris Soir. Cet entrefilet concerne une jeune fille âgée de 15 ans, Dora Bruder, «1,55 m, visage ovale, yeux gris-marron, manteau sport gris...».
Ces quelques lignes vont hanter l’auteur durant des mois, au point de lui faire entreprendre l’écriture d’un roman dans lequel il va donner vie à Dora Bruder sous le nom d’Ingrid Teyrsen. Ce roman, c’est « Voyage de noces », publié en 1990.
Mais cela ne suffit pas à lui faire oublier Dora, qui continue de le hanter. Il entreprend alors une enquête qui va lui permettre de retracer l’itinéraire et la vie de cette jeune fille. Et de découvrir tout d’abord qu’elle a un caractère frondeur et rebelle qui l’amène à fuguer régulièrement.

Au début, l’écriture de ce livre est assez distanciée des faits et du personnage, comme si seule comptait la reconstitution du puzzle. Ou comme si l’auteur ne voulait malgré tout pas trop s’impliquer émotionnellement. Puis, plus l’enquête progresse, plus le récit se fait intime et personnel. Et Patrick Modiano mêle ses propres souvenirs aux nombreux extraits de documents officiels inclus dans le récit. Les mémoires de ses années passées dans le même quartier que Dora, qui le conduisent à évoquer un père perdu de vue depuis longtemps. Et surtout à parler de sa propre fugue, à 18 ans. Quel lien plus fort pourrait-il y avoir entre eux ?

Ce livre est un témoignage sobre et vibrant sur le Paris de l’époque, la guerre, le statut des juifs et la déportation, à laquelle la famille de Dora n’échappera pas. Un véritable travail de mémoire empreint d’une profonde tristesse car telle est l’écriture de Modiano. Je ne sais s’il s’agit là du style de l’écrivain ou si le sujet a guidé sa plume car je n’ai rien lu d’autre de lui. De quoi me donner envie d’en découvrir plus.

N'oubliez pas "l'oubli"

9 étoiles

Critique de Puk (, Inscrite le 14 janvier 2010, 62 ans) - 14 janvier 2010

Avant de lire j'ai entendu que ce livre serait très ennuyeux. J'avais compris qu'il y avait des gens qui n'ont pas pu continuer à lire. Mais ce n'est pas mon cas! Je pense qu'il faut prendre conscience de l'idée qui se trouve dernière est que l'auteur veut fixer son attention sur "l'oubli". L'oubli dans lequel beaucoup de victimes de guerre ont tombé. Dora était une d'eux. J'ai apprécié comment Modiano a décrit d'une manière imaginaire, une partie de sa vie courte. Il l'a donné un visage. Ce livre m'a fait une grande impression des persécutions des Juifs.

Pour ne jamais oublier...

6 étoiles

Critique de Babsid (La Varenne St Hilaire, Inscrite le 8 mai 2006, 36 ans) - 16 septembre 2007

Une fois de plus, dans ce livre, nous retrouvons le Modiano amoureux de Paris. Paris dans sa beauté mais aussi Paris dans ses drames.
Ici, à travers sa quête du passé de cette jeune juive déportée, il fait revivre ces rues oubliées. Le quartier où elle a grandi, son école.
Mais aussi l'absence, le vide. Car l'on ne sait rien d'elle mis à part les faits. Sur ce qu'elle ressentait, sur ses intentions... rien.
Mais les faits sont là. Douloureux alors qu'ils auraient pu être banals.
Sur ses traces, il nous emmène dans ses recherches, il nous fait part de ses découvertes.
Parfois, le hasard ou le destin fait qu'il a marché dans les mêmes rues que Dora.

Ce livre est intense et pudique à la fois. C'est là toute la force de Patrick Modiano. En peu de mots, il sait créer un monde, une atmosphère.

Ce n'est pas mon préféré dans sa bibliographie mais ce n'est pas un ouvrage à négliger pour autant.

Pour ne pas oublier

7 étoiles

Critique de Laure256 (, Inscrite le 23 mai 2004, 51 ans) - 1 août 2005

Tombé sur une petite annonce du quotidien Paris-Soir datant de décembre 1941, le narrateur, plus de 50 après, essaie de reconstituer le parcours de la jeune fugueuse, Dora Bruder, 15 ans. Plus qu’une résolution de l’énigme, c’est une visite des quartiers de Paris que nous offre Modiano, un rappel de l’histoire, du rassemblement des juifs d’abord au dépôt de la Préfecture, puis à la Prison des Tourelles, Drancy ensuite, Auschwitz enfin. C’est aussi l’occasion de sauts constants dans le temps, mêlant la grande Histoire et la petite, le narrateur qui revient sur la vie de son propre père en 1942, sur l’année de ses 20 ans en 1965, puis son enquête sur la jeune Dora en 1996 et les années qui ont précédé. On retrouve dans ce récit le ton mélancolique et feutré de l’auteur, mais à Dora Bruder je préfère la Petite bijou, ou des inconnues…

Modiano

8 étoiles

Critique de Maria-rosa (Liège, Inscrite le 18 mai 2004, 68 ans) - 29 octobre 2004

On peut dire que Modiano écrit le même livre depuis des années, d'une infinie mélancolie mais d'une infinie beauté. Il parvient à travers des phrases courtes, quelques indications banales, précises à faire entrer le lecteur dans un monde où l'important est entre les mots, dans un souffle. Les livres de Modiano ressemblent à une caresse qui passe, impossible à retenir. Il traque la trace, le souvenir, l'impalpable, ce qui reste quand tout s'est évanoui.
Modiano est un grand écrivain.

Un très bon Modiano

8 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 79 ans) - 28 octobre 2004

Certainement un de ceux dont on se souvient très longtemps, alors que pour les autres, on a une furieuse tendance à les mélanger un peu tous, même si on les a aimés.

Cette longue recherche sur un être au destin tragique, des années plus tard, est assez fascinante. D'autant plus que la personne recherchée vous est totalement inconnue. La déambulation dans les rues et boulevards qu'elle a pu parcourir avant vous, les supputations quant à ce qu'aurait pu être sa vie, qui étaient ses parents, avait elle des amis ou amies, cette épicerie était-elle déjà là, ce cinéma existait-il bien encore, toutes des questions qui ont pour but de tenter de mettre un visage sur un nom, une personne sur un nom.

Alors que: "Ce sont des personnes qui laissent peu de traces derrière elles. Presque des anonymes. Elles ne se détachent pas de certaines rues de Paris, de certains paysages de banlieues, ou j'ai découvert, par hasard, qu'elles avaient habité. Ce que l'on sait d'elles se résume bien souvent à une simple adresse."

Et puis l'horreur...

Oui, un livre très triste aux ambiances grises, aux ciels gris et froids, aux rues grises, et qui se termine en noir. Très bien écrit, comme toujours avec Modiano.

Mon premier Modiano

8 étoiles

Critique de Le petit K.V.Q. (Paris, Inscrit le 8 juillet 2004, 31 ans) - 27 octobre 2004

Lu il y a quelques mois déjà, ce livre m'a laissé une impression bizarre : il ne se passe rien, mais on est captivé. La prose mélancolique de Modiano est belle, ce qui m'a donné envie d'en lire d'autres. Modiano, dans ce ????? mène une petite enquête à partir d'une coupure de presse de Paris-Soir sur Dora Bruder adolescente juive. Je vais en lire d'autres bientôt. Très spécial mais superbe !

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  Une Rue Dora Bruder à Paris 1 Veneziano 25 janvier 2015 @ 16:45

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