Giboulées de soleil de Lenka Horňáková-Civade

Giboulées de soleil de Lenka Horňáková-Civade

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par CHALOT, le 5 février 2017 (Vaux le Pénil, Inscrit le 5 novembre 2009, 76 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (14 682ème position).
Visites : 3 734 

roman social et féministe

« Giboulées de soleil »
Roman de Lenka Hornakova Civade
Alma-Editeur
295 pages
Février 2016


Le pays est d’abord annexée par les nazis avant d’accéder à sa souveraineté et d’être sous une direction « communiste ».
C’est l’histoire de femmes tchèques, elles appartiennent à la même lignée directe et sont toutes nées, de mère en fille de père « inconnu » comme on disait.
Parfois le père était connu mais refusait de reconnaître sa paternité ou sa famille, bien placée intervenait pour empêcher celle mal-alliance…. Parfois il s’agissait d’un viol ….
Leur vie est difficile et leurs camarades de classe ne leur font pas de cadeau.
L’auteur les a dotées d’une énergie peu commune leur permettant de vivre, de s’épauler, de se défendre, voire de rêver malgré toutes les embûches.
Ce livre est une saga familiale, voire sociale et historique.
On nous montre comment peu à peu, le « communisme » affiché se transforme en bureaucratie et en système.
Chacune des trois femmes raconte son itinéraire, son enfance…. Ce sont des histoires proches mais originales.
Elles se comprennent, s’épaulent, refusent de se cacher et d’être considérées comme moins que rien.
Elles possèdent en elles une force considérable qui leur permet de braver le pouvoir machiste et l’environnement social et politique.
Eva, la troisième et dernière génération présente dans ce livre explique comment il faut parfois s’effacer en apparence pour commencer à exister soi-même :
« Moi, je ne rentre pas dans le moule, j’ai une tache de naissance, une ligne blanche depuis des générations. C’est ça être moi, être de la ligne blanche, ne pas être normale. Je crois que ça me convient, en dépit de la prof et du monde entier. »
Nous sommes là dans la première phase d’un combat féministe qui semble embryonnaire mais indispensable et ouvrant des perspectives.

Jean-François Chalot

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Bâtardes de mère en fille

9 étoiles

Critique de Faby de Caparica (, Inscrite le 30 décembre 2017, 62 ans) - 10 mars 2020

"Giboulées de soleil" de Lenka Hornakova-Civade (320p)
Ed. Folio

Bonjour les fous de lectures....

Voici le premier roman d'une auteure de la République Tchèque.

Nous suivons le destin de trois femmes tchèques, trois bâtardes de mère en fille.
Elle n'ont pas connu leurs pères et cette différence va devenir leur force.

Jolie saga que celle de Magdalena, Libuse et Eva qui balaye 50 années de l'Histoire de l'ex Tchécoslovaquie.
Ces trois femmes au destin commun, ces trois bâtardes, se distinguent par leur personnalité et leur volonté de vivre, survivre à la "malédiction".
Ce qui était une différence va devenir une particularité (nuance!).
Elles assumeront cette absence de père sans jamais faillir malgré les préjugés des villageois et de l'époque.
Jamais elle ne faibliront, avançant fières et droites, assumant leurs choix et ne vivant que pour "les suivantes".
Hors de question de se laisser dicter une conduite... " Ne jamais baisser la tête"

Dans ce livre, l'auteure ne fait pas la part belle aux pères, décrits comme lâches, absents, violents ou violeurs.
Sont mises à l'honneur les femmes et leur volonté, leur ténacité.

Nous suivons également l'évolution historique de la Tchécoslovaquie.
Apparue lors de la dissolution de l'Empire Austro-Hongrois, elle subira le nazisme et le communisme.
Elle n'y résistera pas et se disloquera 80 années plus tard.

Le style est agréable et la lecture vivante et fluide
Bon moment de lecture sur l'héritage et les transmissions.
Une belle histoire d'amour mère-fille.

Je le recommande vivement

Ce roman a reçu le prix Renaudot des lycéens 2016.

« Je porterais ma faute comme elle porterait la sienne »

8 étoiles

Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 10 août 2017

« C'est une histoire de mères, de grand-mère, de fille et de petite fille, d'amour et de non-dits qu'elles voudraient protecteurs, une histoire de racines et d'identité, de famille et de bâtardise fatalement transmise de génération en génération. De cette difficulté, les femmes feront une dynastie » C'est ainsi que, dans un additif en fin d'ouvrage, Lenka Hornakova, tchèque de naissance, mais française d'adoption depuis 1991, résume son roman rédigé en français,

Trois récits successifs à la première personne ; celui de Magdalena,de Libaçe et d'Eva, trois femmes unies par la filiation et un même destin ; celui d'être nées de père inconnu . « des enfants de l'amour «  pour leur mère, nées d'un rapport consenti mais des « bâtardes » dans la Tchécoslovaquie rurale dont on suit la transformation politique des années 45 aux années 80, de la fin de la période nazie , à l'arrivée du communisme et au déclin de l'hégémonie soviétique .

Au travers des trois chroniques de vie on voit apparaître un autre personnage important , fédérateur, celui de Maria, la mère de Magdaléna, la première à avoir choisi de ne pas avorter, qui a su convertir sa faiblesse en énergie et qui a transmis à chacune de ses descendantes la volonté de marcher tête haute, de tenir sa place dans le village et de se faire respecter . Un beau portrait de femme forte qui fait front, devenue l'accoucheuse des femmes de la communauté.

Si le roman est composé de chroniques de vies difficiles, rattrapées et brisées chacune par les bouleversements politiques survenus dans le pays, il s'attache aussi aux petits riens qui donnent sens à la vie, petites satisfactions quotidiennes d'un travail dont la société reconnaît la qualité, émotions face à la nature , ainsi qu'aux brefs mais intenses moments d'une rencontre amoureuse, tout ce qui survient sans qu'on l'attende, illumine la vie et en fait disparaître la grisaille. C'est, à mon sens ce que suggère « giboulées de soleil », la belle métaphore que constitue le titre.

Un roman attachant, habilement construit sur l'exploration des ombres du passé, la volonté de comprendre les secrets et des non-dits . A la fin les masques tombent « la bulle à secrets explose . Les verrous se brisent »

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