Orbitor de Mircea Cărtărescu

Orbitor de Mircea Cărtărescu
( Orbitor : aripa stïngà)

Catégorie(s) : Littérature => Fantasy, Horreur, SF et Fantastique , Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Denwall, le 9 avril 2004 (Paris, Inscrit le 9 avril 2004, 42 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (24 248ème position).
Visites : 5 005  (depuis Novembre 2007)

Un style à part

Mircea Cartarescu a vraiment un style bien à lui et il nous le prouve une fois de plus avec Orbitor.

Difficile d'accrocher à l'histoire, difficile d'accrocher aux personnages et difficile d'accrocher au monde qu'il souhaite nous décrire... bref ça semblait plutôt mal parti pour ce livre.
Mais voilà, Cartarescu impose une manière d'écrire proche de la perfection. C'est un vrai régal pour le lecteur. Il a un phrasé d'une limpidité rare, tout en le jumelant avec une complexité quasi élitiste.
On regrette vraiment qu'à la première lecture, tout ne soit pas clair dans l'histoire. Il n'empêche qu'à la fin on se souvient de Cartarescu (et non d'Orbitor?)

En deux mots : à lire pour ceux qui ne connaissent pas l'auteur, difficile d'accès mais tellement bien écrit.

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Qui suis-je? Que suis-je?

7 étoiles

Critique de SpaceCadet (Ici ou Là, Inscrit(e) le 16 novembre 2008, - ans) - 9 janvier 2018

Au seuil de la trentaine, Mircea, le narrateur et probable alter ego de l'auteur, réalise son rêve de toujours en s'installant dans une petite mansarde, -un lit une table et une chaise-, où il compte par le moyen de la pensée et de l'écriture, "retourner là où personne n'est retourné, de me rappeler ce que personne ne se rappelle, de comprendre ce qu'aucun être humain ne peut comprendre: qui suis-je, que suis-je?" (p.122)

Cela se passe à Bucarest aux alentours de 1986. Explorant quelques moments ou événements ayant marqué son enfance (fin des années 1950 début des années 1960), le narrateur plonge bientôt dans un passé antérieur, évoquant de manière mythique l'histoire de ses ancêtres (19e siècle), puis il suit la trace sa mère qui, jeune fille de la campagne venue à Bucarest pour y gagner sa vie, trime dans un atelier de couture, vit ses premières expériences de jeune adulte avant d'être confrontée aux réalités de la guerre et de finalement rencontrer celui qui deviendra son mari (années 1950).

Questionnant ainsi la notion de l'origine, de la création, Mircea explore le concept de réalité/irréalité, empruntant des voies parallèles pour s'enfoncer dans un passé/futur surréels où, obsédé qu'il est par sa matérialité, par la physiologie des corps autant que par celle de l'univers que nous habitons, il pénètre les choses et les êtres, observe leur substance et nous les dépeint par le moyen d'une sorte de poésie hallucinée, nous conviant ainsi, lecteurs-spectateurs, à un véritable festival de mots et d'images.

Bucarest, la physiologie, l'être, la matrice, la mère, les papillons, sont les thèmes/images prédominants tandis que le récit est également largement dominé par une perspective sensorielle.

Ovni littéraire, tel que d'autres avant moi l'ont souligné, c'est un roman qui ne se laisse pas aisément décrire, que l'on peut difficilement raconter ou catégoriser. S'inscrivant de prime abord dans la forme auto fictive, il prend vite des airs de voyage onirique servi à la sauce philosophico-surréaliste et parfumé d'un brin de mysticisme. Une quête personnelle donc, un voyage exploratoire dans l'univers de l'être, un parcours qui éclate sous nos yeux tel un feu d'artifice littéraire. Eblouissant, mais frôlant parfois l'excès, ce récit risque d'en lasser certains.

Un chef-d'oeuvre complètement fou et hallucinant

10 étoiles

Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 44 ans) - 10 juin 2014

Ce livre - Mircea Cartarescu préfère ce terme au mot "roman" pour définir "Orbitor" - est unique en son genre. C'est une oeuvre majeure qui s'inscrit dans une trilogie dont il est le premier livre.

De quoi parle ce roman ? Difficile d'y répondre avec une extrême précision et avec certitude. Le ton est donné dès le début du roman : dans ce livre s'entrelacent la réalité, les rêves et les hallucinations. Pour ce qui est du réel, il est question d'un enfant, Mircea, même prénom que l'auteur, de ses parents ( Maria, sa mère occupe une place centrale dans l'oeuvre ), de Bucarest, de la Securitate, de conflits historiques bien réels et même .... de Luiggi et de Mario, les célèbres personnages de jeux video. Oui, ces derniers personnages ne sont pas des êtres humains, donc réels, mais tout de même des références liées à notre monde. Dans ces éléments, le lecteur découvre la vie de ce Mircea, les disputes des parents, la maladie dont il a souffert, ces jeux, la découverte de la sexualité ...
Le monde onirique est aussi très présent. La structure de ce roman suit la logique des rêves qui est de passer d'un sujet à l'autre sans lien, qui autorise des changements physiques en quelques secondes, qui échappe à toute rationalité. Dans ce livre, l'on descend dans les profondeurs du rêve et des cauchemars. Le mystère plane, certains rêves sont récurrents, les papillons envahissent les pages de ce texte fou et illisible comme aime à le dire l'auteur. Ils sont minuscules, voire immenses, naissent parfois dans le corps des individus, pondent dans leur langue, sont à la fois majestueux et superbes et parfois repoussants. Des univers complètement fantastiques sont décrits avec des anges, des colonnes de marbre, des êtres aux frontières de l'animalité ...
Au réel et aux rêves s'ajoutent les hallucinations. Sont-elles contrôlées ? Comme Mircea est un enfant, n'est-ce pas sa manière de voir le monde qui le modifie, qui fait d'une simple noix, un cerveau étrange ? Est-ce le regard de l'enfance, avec ses angoisses, ses frayeurs et sa liberté totale qui altèrent le réel ?

Ce roman n'est pas linéaire et nécessite un lecteur courageux et exigeant. La langue de Cartarescu est sublime. On a le sentiment de lire de la prose poétique. L'univers qu'il crée est hallucinant et on sombre avec plaisir dans cet univers qui semble tout droit sorti de son inconscient. Certaines scènes sont éblouissantes et marquantes, on continue de hanter le lecteur longtemps. Son style possède une telle force que le lecteur accepte tout ce qui est décrit et a le sentiment de descendre profondément dans l'esprit de l'auteur. Et puis, il y a toutes ces réflexions philosophiques auxquelles on adhère ou pas, que j'ai trouvées pour ma part intéressantes et qui renouent avec certains grands auteurs. Ce qui intéresse particulièrement Mircea Cartarescu, c'est l'intériorité de l'être humain, ce qui se passe en lui ( pulsions, désir, pensées, inconscient ... ), c'est sans doute pour cette raison que l'on voit souvent à travers le corps des personnages, l'anatomie est exhibée, les corps deviennent translucides ...

Ce roman est unique et réussi. Il ne séduira pas tous les lecteurs, désorientera forcément. Il est édité dans l'édition poche Folio SF, parce qu'il a bien fallu le classer quelque part. Il est bien plus que cela, mais a quelques racines, il est vrai, dans le surnaturel. Mircea Cartarescu est un très grand écrivain, malheureusement peu présent dans nos librairies ...

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