Station Eleven de Emily St. John Mandel

Station Eleven de Emily St. John Mandel
(Station Eleven)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Killing79, le 19 septembre 2016 (Chamalieres, Inscrit le 28 octobre 2010, 44 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (14 306ème position).
Visites : 2 960 

Dystopie pour adulte

On ne compte plus le nombre d’histoires qui débutent après l’apocalypse, lorsque le monde actuel s’est éteint. Au cinéma, dans les séries télévisées ou dans la littérature, c’est devenu monnaie courante. Dans le genre « Young adults », une catégorie a même été créée pour nommer ce type de roman. On appelle ça une dystopie. Le récit se situe dans un univers imaginaire où l’ancienne société a disparu et où de nouvelles idéologies ont pris le pouvoir.

« Station Eleven » est dans cette veine. Mais seulement dans le contexte, car contrairement aux fictions pour adolescents, ce livre n’ambitionne pas de tout révolutionner. Il imagine juste, avec un réalisme pragmatique, le devenir de notre civilisation après l’extermination de la plupart de la population.
Toutes les histoires tournent autour du personnage d’Arthur Leander, un comédien décédé quelques heures avant la pandémie. Portée par une écriture magnifique, la narration oscille entre le passé, avant la grippe mondiale et le présent, des années après le drame. En naviguant ainsi entre ces deux époques, Emily St John Mandel passe au révélateur notre modernité et ses évolutions technologiques. Celles-ci ayant cessé d’exister, les protagonistes en reviennent à la simplicité des relations. Privé d’électricité, de voiture, d’avion, de téléphone, on ressent tout le matérialisme de notre temps et toute la détresse qu’entraîne sa disparition.

Contrairement aux autres dystopies, dans lequel l’Homme est coupable et n’est qu’un ennemi de lui-même, l’auteure a fait de l’humain la force de son roman. Dans un décor de fin du monde, les êtres vivants, même amoindris, représentent le seul avenir de cette nouvelle planète. Tous les personnages, dont elle fait le portrait, sont très attachants et représentent le lien entre les deux mondes. Sans jamais tomber dans la facilité du grandiloquent ou du spectaculaire, Emily St John Mandel nous offre des tranches de vies passionnantes par leur maturité.
Alors que le synopsis souffrait de déjà vu, ce livre est empreint d’une grande mélancolie et d’une grande humanité, qui m’ont tenu en haleine du début à la fin et font de cette aventure un petit chef d’œuvre, à ne surtout pas manquer.

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L’avenir du monde ?

10 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 67 ans) - 27 novembre 2023

Publié en 2013, ce roman est une remarquable anticipation – et un réel dépassement aussi ! – de cette pandémie Covid qui nous a bien occupés six - sept ans plus tard.
Prenez un virus type Covid (ici « la grippe de Géorgie »), mais infiniment plus puissant (genre en deux jours la question est réglée avec la mort du sujet). Laissez-le se propager et en quelques jours vous avez le « cataclysme » qui élimine 99% (?) de la population mondiale.
Population mondiale ? On n’en sait trop rien en réalité puisqu’à part une petite incursion sue les côtes malaisiennes, nous n’avons un aperçu que de ce qui se déroule du côté des grands lacs, du Michigan.
Partant de ces données, Emily St John se prend à imaginer ce que le monde (du moins la zone entre Toronto et Chicago) deviendrait. Et elle le fait en entremêlant, de manière remarquable, les décennies « d’avant », de juste « après » et de plus tard. Forcément ce n’est pas gai gai l’avenir qu’on nous promet. Sans plus d’électricité déjà la donne est plus que bouleversée !
Emily St John Mandel parvient à nous faire vivre ceci avec Shakespeare et son « Roi Lear », avec la folie religieuse qui peut se faire jour en de telles circonstances, avec la détresse de celles et ceux qui ont connu notre civilisation … et qui la voit disparaitre. Ca ne fait pas trop envie …
C’est très puissant, finement analysé et proprement écrit. Pas mal addictif, ce roman !

Heureusement qu'il reste Shakespeare!

8 étoiles

Critique de Poet75 (Paris, Inscrit le 13 janvier 2006, 67 ans) - 31 octobre 2020

Comment s’y prendre pour trouver un peu de consolation ou simplement adoucir l’épreuve que nous subissons du fait de la pandémie de COVID-19 ? Peut-être, pourquoi pas, en nous plongeant dans une histoire encore plus cataclysmique et qui, par comparaison, nous fera trouver bien minimes les tracas qui sont les nôtres aujourd’hui. Dans le registre qu’on appelle généralement post apocalyptique, les romans ne manquent pas, au point que certains se contentent de répéter ad nauseam une recette à succès.
Heureusement, il est aussi des auteurs qui, tout en restant fidèles à ce genre, trouvent des moyens d’échapper aux conventions ou, en tout cas, de proposer quelque chose de suffisamment original pour sortir du lot commun. C’est le cas, sans nul doute, de la romancière canadienne Emily St John Mandel qui, en 2014, avec Station Eleven, proposait, pour la première fois dans sa carrière, un roman d’anticipation.
Dans ce récit, c’est précisément une pandémie qui est la cause d’un désastre planétaire, une pandémie, par conséquent, bien plus terrifiante encore que celle nous connaissons actuellement, puisque seule une toute petite partie des humains a pu échapper à la mort. En un rien de temps, une maladie foudroyante appelée grippe de Géorgie a décimé l’humanité et, du coup, provoqué l’arrêt total de toutes les technologies, faisant basculer les quelques survivants dans un monde nouveau, un monde à se réapproprier.
Cette base, en soi, ne se démarque pas des archétypes du genre post apocalyptique, mais si Emily St John Mandel parvient à éviter l’académisme, c’est, entre autres, parce qu’elle jongle habilement avec la temporalité. Plusieurs niveaux de temporalité se chevauchent, faisant naviguer, en quelque sorte, le récit du monde d’après le désastre causé par la grippe de Géorgie (20 ans après) à celui d’avant le cataclysme en passant par la catastrophe elle-même. La romancière réussit même à intégrer dans son roman un récit dans le récit, l’un des personnages ayant créé une BD (qui donne d’ailleurs son titre, Station Eleven, à l’ouvrage).
Ces allers et retours temporels ne sont nullement une gêne pour le lecteur. Au contraire, ils enrichissent le récit et donnent l’opportunité à la romancière d’aborder des sujets qui nous interpellent. Elle le fait en s’attachant à une galerie de personnages, certains ayant connu le monde d’avant la catastrophe, d’autres non. Ceux qui sont au cœur de l’ouvrage se sont rassemblés pour former une troupe de théâtre et de musiciens itinérante. Ils vont d’un lieu à un autre, tout en évitant de sortir des limites d’un territoire qu’ils connaissent, jouent des pièces de Shakespeare et interprètent des œuvres musicales. Il leur faut constamment rester sur leurs gardes, car les dangers sont nombreux, ne serait-ce que parce que des rescapés se sont constitués en sectes fanatisées.
La romancière mène avec brio son roman, maîtrisant parfaitement l’art de tenir en haleine le lecteur. Et puis, et ce n’est pas la moindre qualité du livre, elle nous invite à apprécier encore davantage le monde qui est le nôtre aujourd’hui. Car un des points forts du livre, c’est le souvenir du monde passé, donc de celui dans lequel nous vivons, nous les lecteurs. Pour ceux qui, dans Station Eleven, survivent 20 ans après le cataclysme qui a ravagé la Terre, tout ce qui a disparu semble prodigieux : pour eux, il n’y a plus d’électricité, plus d’avions dans le ciel, plus de ramassage d’ordures, plus d’internet…, précise l’écrivaine. Tout ce dont nous nous servons aujourd’hui avec tant de facilité et sans y songer tient, pour eux, du miracle ! Ce n’est pas banal, me semble-t-il, un roman post apocalyptique qui nous invite à nous émerveiller du monde qui est le nôtre !

Quand la Culture est le dernier rempart !

5 étoiles

Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 58 ans) - 26 juin 2017

Emily St. John Mandel (1979- ) est une romancière canadienne anglophone, spécialisée dans le roman policier. En 2014, elle aborde la science-fiction avec son roman "Station Eleven" qui est finaliste du National Book Award.

Toronto (Canada). Arthur Leander -acteur vedette- est sur scène, interprétant "Le Roi Lear" (Shakespeare). Brutalement, il se trompe dans une réplique, fait un malaise et finit par s'effondrer, mort.
La victime supplémentaire d'une pandémie de grippe géorgienne qui va décimer 99% de la population mondiale.
Progressivement, les moyens de communication, l'Internet, l'électricité et les transports ne fonctionnent plus.
La civilisation entre dans un chaos sans retour, le calendrier est remis à zéro, l'humanité entre dans une nouvelle ère.
L'auteur nous propulse 20 ans après. Une troupe de théâtre Shakespearienne itinérante sillonne quelques états américains pour jouer le répertoire du célèbre dramaturge.
Une trame faite d'allers et retours sur les 25 dernières années à la rencontre de personnages qui se révéleront avoir des liens entre eux.
Station Eleven est un roman graphique qui prend forme sous le crayon et le scénario de Miranda, la 1 ière épouse d'Arthur.
Une bande dessinée qui nous renvoie au chaos présent et aux interrogations des hommes : "Qu'adviendra-t-il après ce cataclysme ? " .
Quand une civilisation s'effondre, il faut maintenir la Culture qui identifie le genre humain.

Attiré par les critiques dithyrambiques, j'ai souhaité tenter l'aventure.
J'avoue avoir été très déçu. Il ne se passe absolument rien.
Certes, il nous tarde de connaître le dénouement mais il ne faut rien en attendre...
Admettons néanmoins que le style est agréable et que les chapitres s'enchaînent harmonieusement.
Les liens entre les différents personnages se tissent au fil de l'eau, éclairant le lecteur mais peu de messages forts.
Beaucoup de tapage médiatique pour un roman "post-apocalyptique " très moyen.

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