Les accoucheuses, tome 3 : La déroute de Anne-Marie Sicotte

Les accoucheuses, tome 3 : La déroute de Anne-Marie Sicotte

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par DE GOUGE, le 17 juin 2016 (Nantes, Inscrite le 30 septembre 2011, 67 ans)
La note : 8 étoiles
Visites : 2 308 

C'est le troisième tome de la série

Canada français, années 1800 : Une drôle de série : passionnante dans le combat de femmes luttant contre l'ignorance, l'emprise délétère d'une religion catholique sectaire et le machisme d'un milieu médical qui méprise le savoir féminin et surtout veut le cantonner à un sous-emploi.
Catholicisme obligé et particulièrement empreint d'un ostracisme féminin, on croise une médecine qui s'installe et se construit sur une connaissance purement livresque avec un extraordinaire mépris des connaissances séculaires des Sage-femmes.
Par moment, c'est à hurler de colère devant ces barrières masculines (et féminines de petites-ou grandes bourgeoises ignorantes mais respectueuses de règles établies) devant une Sage-femme qui a appris à connaître intimement et respecter un corps féminin dans cette phase si étonnante qu'est : donner la vie.
Devant ces médecins, tous hommes bien sûr, tout juste formés, qui rêvent de trouver des femmes , basse-classe sur lesquelles "expérimenter" leur si belles et nouvelles connaissances au risque de la vie de ces ignorées-méprisées- du monde, les héroïnes de ce livre, existent et se rebellent !
Et pis encore, faut-il évoquer ces étudiants en médecine si imbus d'eux mêmes et méprisants de l'autre qu'on a envie de les étrangler !
Le premier personnage veut créer (et y parvient) une école de Sage-Femmes : elle doit se faire accepter par l’évêque (quelle humiliation pour y parvenir), par le corps médical -moins compétent qu'elle- mais si présent. Par son conjoint, libéral, mais quand même...
Sa fille rêve de devenir médecin : impensable !
L'auteure a choisi une approche romanesque : parfois, c'est génial mais le plus souvent, à mon point de vue : c'est lourd !
Trop de temps passé sur les états d'âme (surtout deuxième génération). Trop de longueurs.
L' expérience intéressante du personnage deuxième génération vivant dans une communauté -pour l'époque- des plus novatrices, mais encore si débilitante pour les femmes, est fascinante, mais avait-elle besoin d'un tel développement ?
A coté de cela, de belles découvertes : la liberté de mœurs (pas complète, mais quand même) dans ce monde si violemment traqué par un catholicisme virulent, la lutte d'intellectuelles qui se battent, l'approche de la notion d’homosexualité.
Il y aura un quatrième tome : Je le lirai. Je veux découvrir ce que fut la suite de ce combat.
Je mets quatre étoiles parce que ces livres sont réellement fascinants dans la description du quotidien : la réalité d'une époque où l'arrivée d'un bateau d'immigrés signifie l'angoisse du choléra, où la colère entre catholiques et protestants est présente, où la construction de ce que ce métier et cette connaissance intime du corps de la femme me passionnent.
Je trouve quand même que l'auteure, que j'admire, a dévoyé un peu son sujet par une approche trop romanesque.
C'est mon point de vue.
Cet ouvrage vaut un regard particulier : il le mérite. Lisez-le.
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Les éditions

  • La déroute [Texte imprimé], roman Anne-Marie Sicotte
    de Sicotte, Anne-Marie
    Pocket / Presses pocket (Paris)
    ISBN : 9782266247252 ; 9,50 € ; 16/10/2014 ; 960 p. ; Poche
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