Montana 1948 de Larry Watson

Montana 1948 de Larry Watson
( Montana 1948)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Folfaerie, le 7 mars 2004 (Inscrite le 4 novembre 2002, 55 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 12 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (970ème position).
Visites : 6 433  (depuis Novembre 2007)

Un coup de maître pour un premier roman !

Bien que lu depuis quelques années, j'avais envie de présenter Larry Watson, injustement oublié sur ce site et surtout par le public francophone. Premier roman de cet auteur issu du Montana, écrit en 1993, il n'a été traduit que quelques années plus tard, et seul un deuxième roman a été traduit un peu plus tard (il s'agit de l'excellent Justice, prequel de Montana 1948). Ensuite, silence radio jusqu'à aujourd'hui, où les éditions Belfond ont décidé de publier son... 6ème roman ! (j'espère quand même que son 3ème roman, White crosses, sera quand même traduit un de ces jours, car il se déroule lui aussi dans la ville de Bentrock...). Pourtant, à la sortie de Montana 1948 les critiques francophones se sont montrés très élogieux. Malheureusement, passé un peu inaperçu, il n'a pas obtenu le succès public qu'il méritait. C'est sans doute la raison pour laquelle son oeuvre n'est pas disponible en français dans son intégralité. Chapeau en tout cas à Larry Watson, pour un premier essai, c'est plus que réussi.

Personnellement j'avais eu le coup de foudre pour ce formidable bouquin, absolument maîtrisé, bien mené et qui traite d'un sujet particulièrement intéressant. C'est à la fois un roman d'apprentissage, sur la fin de l'innocence et la difficulté à quitter le monde de l'enfance, c'est aussi un thriller et une étude de moeurs sur cet état, véritable pépinière de talents.

L'été 1948 va constituer le point de départ d'événements dramatiques qui vont changer à tout jamais l'univers de David Hayden, un gamin de 12 ans, fils du shériff de la bourgade de Bentrock au Montana.
Une jeune indienne, Mary Little Soldier, qui travaille comme aide-ménagère chez les Hayden, tombe gravement malade mais refuse pourtant de voir le médecin, qui n'est autre que le séduisant oncle du gamin, Franck Hayden. Lorsque Mary meurt, David découvre alors un terrible secret de famille et va faire l'apprentissage du mensonge et des compromis. Les relations familiales, si complexes, sont également extrêmement bien rendues, surtout les relations père-fils, oscillant entre amour, admiration, haine...

Le roman soulève aussi bien le thème de la quête de la vérité et la difficulté à faire le bien, que celui du racisme envers les indiens, très présent dans ces petites villes isolées. Le Montana a également une place d'honneur, dont les paysages sauvages ne sont pas sans influencer le caractère des habitants.

Bref, l'intrigue est réussie, les personnages fascinants, l'analyse de cette vie provinciale suffisamment subtile... alors, que vous dire de plus, si ce n'est de vous précipiter sur ce roman avant qu'il ne soit définitivement indisponible.

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La fin de l'innocence

8 étoiles

Critique de Poignant (Poitiers, Inscrit le 2 août 2010, 57 ans) - 25 février 2012

1948, David Hayden a douze ans.
Il vit à Bentrock, bourgade perdue du Montana, où son père Wesley est Shérif, son oncle Franck médecin, et son grand-père le riche propriétaire d’un ranch.
Marie Little Soldier, la femme de ménage indienne qui habite chez David, tombe gravement malade. Elle refuse les soins de Franck Hayden qui a la réputation chez les indiens d’être un pervers et un violeur. Marie meurt quelques jours après. Ce décès va bouleverser la vie de David…

Larry Watson, né en 1948, fait partie de la jeune génération des écrivains de l’Ouest qui suit celle de Jim Harrison ou James Crumley. Ce court premier roman, paru en 1993, mélange la fraicheur d’un récit de fin d’enfance comme «Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur» d’Harper Lee, et l’amertume de la relation conflictuelle entre deux frères comme « La rivière du sixième jour » de Norman Maclean.
L’écriture est simple, agréable, efficace, et fait que l’on ne peut plus sortir de cet émouvant récit.
Bon roman à lire de douze à cent douze ans.

Choisir entre sa conscience et l'exil

7 étoiles

Critique de Yeaker (Blace (69), Inscrit le 10 mars 2010, 50 ans) - 8 décembre 2010

Le livre vient d'être repris chez Gallmeister en Totem. Editeur spécialiste de la littérature des grands espaces américains.

Néanmoins cette histoire de contrée isolée où un blanc respecté abuse de femmes de couleurs aurait pu se passer ailleurs.

Le livre pose la question du choix. Le sherif, frère du violeur et père du narrateur de 12 ans doit choisir entre sa conscience et l'exil.
Ici règne sa famille, son père riche propriétaire terrien est l'ancien sherif et a pour habitude de tout régenter. Il n'est pas question pour lui que le déshonneur s'abatte sur son nom à cause de quelques indiennes. L'affaire doit être étouffée.

La fin d'une enfance bercée

7 étoiles

Critique de Gnome (Paris, Inscrit le 4 décembre 2010, 53 ans) - 8 décembre 2010

Tout a été parfaitement dit ici sur ce livre de Watson. J'ai beaucoup aimé la façon qu'a l'auteur de décrire la perte des illusions de l'enfance. On navigue dans les secrets d'une famille qui se veut unie en surface, mais qui en réalité se déchire cruellement. Une histoire courte, tendue et superbement écrite.

J'ajouterai que cet ouvrage est ressorti récemment aux (excellentes) éditions Gallmeister et est donc de nouveau facilement trouvable.

Que de questions.

8 étoiles

Critique de Vieil (Nantes, Inscrit le 9 mars 2010, 92 ans) - 6 avril 2010

Découverte d’un secret de famille par un enfant de 12 ans, sort des Indiens, mécanisme de domination d’un peuple sur un autre, tout est révélé dans ce livre magique et en si peu de pages. L’auteur n’impose pas et comme dans la vie, la vérité est incertaine peut-être parce que trop dure.

David est celui qui a vu l’oncle sortir de la maison ce qui va véritablement mettre en branle la « machine judiciaire ». Dans quelle mesure alors, est-il responsable du suicide de son oncle… Mais, le père du jeune garçon, le frère de l’oncle Franck « savait qu’il était coupable », toute la famille jusqu’ici « s’était tue ». Est-ce donc parce qu’il était « jaloux de lui » qu’il détruit ainsi la suprématie de sa famille…

Que de questions auxquelles Larry Watson, par respect pour le lecteur, j’ose le penser, ne donne pas de réponses.

La Morale : pas vraiment un jeu d’enfants

8 étoiles

Critique de Montgomery (Auxerre, Inscrit le 16 novembre 2005, 52 ans) - 18 février 2006

Larry Watson mène parfaitement sa barque en ayant recours à un enfant dont la curiosité opportune sert l’intrigue à merveille.
La force du récit réside dans le choix du père de David entre d'une part la mission imposée par sa fonction de shérif, fondée sur la quête de vérité et de justice et, d’autre part, les intérêts par définition privés d’un clan familial; tout le talent de l'auteur consistant à mettre en évidence les blessures qui peuvent naître d'une décision moralement incontestable.

La perfection

10 étoiles

Critique de Cuné (, Inscrite le 16 février 2004, 56 ans) - 4 janvier 2006

C'est une parfaite histoire que nous conte Larry Watson; sans excès, avec pudeur mais précision, on partage les pensées d'un petit solitaire de 12 ans, qui découvre les perversions adultes, les relations familiales compliquées, le racisme envers les Indiens, la douleur de l'exil...
Chaque mot est pesé, chaque image évoquée est aussi nette qu'un film derrière l'écran de nos yeux de lecteur, c'est bluffant de talent, c'est simple, et ciselé.
Une découverte !


Montana si présent

9 étoiles

Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 14 mars 2005

Poursuite de mon exploration des grands horizons américains, sur base des bons conseils que je reçois (encore merci!) et un nouveau coup de foudre, une révélation que ce "Montana 1948" de Larry Watson.

Une sombre histoire de famille, des faits de harcèlement et d'attouchements sexuels sur des femmes indiennes, un scandale à étouffer car dans la famille Hayden, on est shérif de père en fils. Mais voilà, la conscience est là et à un moment, on ne peut plus lutter contre elle. Déchirement entre deux frères, menaces, fin des illusions, tout le récit se déroule entre quelques protagonistes et nous est livré à travers le regard d'un jeune garçon, David, qui observe son monde et le voit s'écrouler. Ses parents prennent un autre visage et l'étonnent (beaucoup de finesse et de justesse chez Larry Watson pour écrire les impressions d'un jeune garçon face à sa famille et ses propres envies de liberté), il découvre avec froideur le véritable visage de la perversité humaine, il apprend ce qu'est le poids d'une famille puissante et celui du silence des victimes.

C'est un récit assez dur mais le mode narratif employé par l'auteur le rend fluide, passionnant, jamais étouffant. Il y a de l'espace derrière tout cela, que ce soit dans la tête du jeune David ou dans les horizons qu'il décrit. La beauté du décor cotoie la gravité du propos, les deux se mêlent pour aborder le racisme, le viol, le meurtre, les classes sociales, la vie dans des coins paumés, la tradition familiale... Au milieu de l'universalité du propos se dégage une intimité assez troublante, envoûtante, qui s'empare du lecteur et ne le lâche pas, même en refermant le livre.

Terrble histoire pour un enfant...

9 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 79 ans) - 26 octobre 2004

Je ne vais pas résumer une fois de plus cette histoire. Je préfère me limiter à donner mes impressions les plus marquantes. Ce livre est d’autant plus terrible que tout est raconté par un enfant !… Il a beau avoir des années de plus quand il la raconte, c’est ainsi qu’il l’a vécue ou cru l’avoir vécue (la mémoire n’étant jamais que ce qu’elle est et modifiant les choses avec le temps)

Comment oublier une telle phrase : « Si j’étais rentré à l’intérieur de la maison, si j’étais resté dans la cuisine ou dans ma chambre, ou, à l’inverse, si j’étais parti dans la même direction qu’oncle Frank, je n’aurais jamais entendu la conversation entre mon père et ma mère, et j’aurais peut-être gardé toute ma vie des illusions sur ma famille, en particulier et sur le genre humain en général. »

Ce petit garçon va en voir de toutes les couleurs et son apprentissage sera dur, dur !… Dans sa toute petite ville du Montana, il est un Hayden et il comprend bien vite qu’il ne saura jamais rien y changer. Il croit que tout est possible pour eux, mais il découvrira aussi à quel point cela les éloigne des autres. Le voilà également confronté au racisme ambiant vis à vis des Indiens, même de la part de son père, quant à son grand-père n’en parlons pas ! Une autre terrible réalité : il comprend que pour son grand-père, son oncle Frank est beaucoup plus Hayden que son père à lui !… Quant à sa mère, elle est une femme très forte, qu’il admire et aime. Il aime son père aussi, mais celui-ci lui semble toujours un peu en dessous de ce qu’il devrait être…

Autres terribles phrases, alors que son père, sa mère et lui quittent le pays : « Pendant un instant j’eus presque envie de leur signifier de partir, de s’en aller sans moi. Non pas que je souhaitais demeurer au Montana, mais je voulais me détourner de ces deux infortunés, de ces deux malheureux. Que serait la vie à pérégriner en leur compagnie ? » Ces « deux infortunés », « ces deux malheureux » ce sont son père et sa mère !…

Où est le bien, où est le mal ? Jusqu'où faut-il aller pour punir le second ?...

Une écriture simple, courte et efficace. Tellement efficace, qu’on ressort tout à fait secoué de ce livre et qu’on n’oubliera plus jamais cette histoire !

Dramatique

7 étoiles

Critique de Clarabel (, Inscrite le 25 février 2004, 48 ans) - 6 octobre 2004

J'ai lu ce roman en deux fois : la première partie dans le courant du mois de juin et je viens de finir la moitié restante, après quelques trois mois. Pourquoi un tel décalage ? J'ai l'impression qu' "à l'époque" où j'ai ouvert "Montana 1948" pour la première fois une chape de plomb s'est abattue sur moi ! Je n'ai pas été immédiatement sensible à l'histoire, à la voix du narrateur, pas réussi à "entrer dans le roman". C'est en le finissant que je crois être passée à côté ! Mieux vaut une mise à l'écart pour mieux le reprendre quelques temps ensuite. Car c'est une histoire très touchante que raconte David Hayden, quarante ans après les faits. Pendant l'été 1948, David a douze ans et va perdre une jeune femme qu'il aimait beaucoup, Marie Little Soldier, une indienne qui vivait chez ses parents. D'abord tombée gravement malade, Marie va refuser que le médecin vienne la soigner. Cet homme est l'oncle Franck. De lui, on a l'image dorée d'un homme respectable, parfait, marié à une très belle femme, sans enfants. Mais ce qu'on découvrira sur cet homme va basculer la cellule familiale dans l'horreur. Des agissements irrespectueux, des abus sexuels, des violences racistes. Qui est prêt à l'en blâmer dans cette petite bourgade du fin-fond des Etats-Unis ? On tolère l'excentricité et on se tait sur ce qu'on ne nomme pas en public, sauf pour en plaisanter grassement à table, lors des repas familiaux. David est témoin de tous ces drames à l'encontre des adultes. Ces derniers chuchotent, sont stupéfaits, les parents de David cachent leur honte et réclament justice. Mais pas facile d'être shérif et frère du coupable, surtout lorsque la famille ne l'épaule plus et le met sous menaces. C'est dans un discours rempli de pudeur, de troubles et d'émotion que David va tout raconter sur les secrets de sa famille et qui a éclaté le noyau d'un cercle qu'il pensait indestructible et respectable. C'est mêlé de l'innocence d'un garçon de douze ans à la voix de l'homme qui a pris quarante ans et juge plus sévèrement, tente de comprendre. Un drame familial à la fois bouleversant et sinistre, une peinture très pointue de l'Amérique profonde et l'analyse presque vaine d'événements qui ont traumatisé un clan à jamais. Un joli moment de lecture.

Bon roman, belle critique.

8 étoiles

Critique de Lucien (, Inscrit le 13 mars 2001, 68 ans) - 14 août 2004

Qu'ajouter à la belle critique de Folfaerie sinon que j'ai dévoré d'une traite cet excellent premier roman qui m'a tenu en haleine de bout en bout? Peut-être pourrait-on regretter que le dénouement se laisse entrevoir à quelques dizaines de pages de la fin. Peut-être cette histoire doit-elle fatalement se terminer ainsi. Mais ce serait vraiment à peine un bémol, tout juste une réticence qui m'aurait effleuré à un moment donné de la lecture, pas assez pour perturber une lecture où les mécanismes de l'empathie fonctionnent très bien.

Un très bon roman

8 étoiles

Critique de Heyrike (Eure, Inscrit le 19 septembre 2002, 56 ans) - 27 mars 2004

Une lecture qui date de 1999.

Folfaerie ayant très bien présentée l'auteur et le livre, je me contenterai d'appuyer son envie de les faire connaître.

Portrait intime d'une famille vue à travers le regard d'un enfant qui s'éveille au monde des adultes en découvrant les secrets qui se cachent derrière les silences. Le récit décrypte les rapports entre les personnages, imprégnés de l'histoire chaotique et sanglante d'une nation construite sur l'héritage bafoué des peuples premiers.

L'éditeur 10/18 vient de rééditer "Montana 1948" et la suite "Justice".

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