GUÉRIR DES « MALADES »

L’âme humaine est complexe. Sauf dans les mélodrames, un être humain n’est jamais d’un seul bloc, tout bon ou tout mauvais. L’un des rôles du roman est de nous faire percevoir cette complexité. Olivier Charneux, dans son huitième roman, Les guérir, y réussit très bien à propos d’un personnage singulier.
Carl Værnet, médecin d’origine danoise, par ailleurs « normal », est en proie à une phobie. Il considère l’homosexualité comme une perversion criminelle, une maladie nécessitant d’être guérie. Les choses en seraient restées là s’il n’avait pas rencontré Himmler, le second de Hitler, qui pensait de même. À une époque (1944) où l’avenir de l’Allemagne nazie est déjà bien compromis, Himmler lui ouvre les portes d’un camp de concentration pour qu’il puisse y exercer ses talents. Le but pour l’un et l’autre est d’améliorer l’humanité.
Sa trouvaille est de diffuser de la testostérone dans le corps du « malade » grâce à des capsules d’aluminium insérées sous la peau. Himmler met à la disposition du médecin danois des prisonniers du camp de Buchenwald.
À partir d’une solide documentation, Olivier Charneux retrace l’itinéraire de ce médecin ambitieux, ne doutant ni de sa thèse (l’homosexualité comme maladie) ni de sa solution (la testostérone). On le suit avec sa bonne conscience jusqu’à son séjour en Argentine où il continue d’exercer. Un roman document bien mené qui conduit à réfléchir sur l’inconséquence des comportements humains. Pessoa a raison de dire que « L’âme humaine est un asile de fous peuplé de caricatures* ».

* PESSOA Fernando, Le Livre de l’intranquillité, I, Christian Bourgois, 1988, p. 54.

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  Les guérir [Texte imprimé], roman Olivier Charneux

  de Charneux, Olivier
  R. Laffont
  ISBN : 9782221190210 ; 18,50 € ; 07/01/2016 ; 187 p. ; Broché

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