Ressources inhumaines de Frédéric Viguier

Ressources inhumaines de Frédéric Viguier

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Pacmann, le 15 mars 2016 (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans)
La note : 7 étoiles
Visites : 1 258 

Y-a-t-il une vie en dehors du travail ?

Ce livre est une variante littéraire de récentes œuvres cinématographiques sur le thème de l’organisation d’un hypermarché.

Le roman d’Amélie Nothomb « Stupeur et tremblements » pouvait passer pour histoire vraie parce qu’on a l’excuse du décalage oriental qui rend un tel récit sur la culture d’entreprise japonaise assez crédible.

Lorsqu’on évoque la culture d’entreprise française, avec la promotion canapé, le harcèlement, les petits chefs ignobles et les employés qui sont considérés comme des kleenex une fois qu’ils sont moins productifs, cela reste aussi réaliste parce que cela correspond à certains clichés.

Le personnage principal est une jeune femme décrite comme un être sans véritable attache qui se formate à une culture d’entreprise qu’elle sait malsaine et basée sur des valeurs déshumanisantes. Elle s’inscrit sans gêne dans un contexte qui va lui permettre de se réaliser et ainsi atteindre ses ambitions de carrière, à moins que ce ne soit une forme d’instinct de survie. Elle aura vite tout compris pour savoir comment elle peut faire son trou en usant de subterfuges en écrasant au passage ses collègues et des subalternes.

La rivalité et la mesquinerie restent pour elle le moteur qui lui avait permis de lancer sa carrière, les réelles compétences ayant toujours été masquées par la dévotion à l’enseigne du magasin, l'abattage de travail et le coaching de son prédécesseur, chef de rayon et accessoirement amant.

Le roman comporte deux parties, la seconde commence vingt ans après la fin de la première partie. Au cours de ces deux décennies, l’héroïne n’a pas changé, n’a pas évolué, ni en bien, ni en mal. L’arrivée d’un stagiaire compétent, évènement qui aurait pu créer un déclic tant dans sa vie privée que dans sa manière de gérer son travail, va la précipiter vers sa perte, plutôt que vers le bonheur.

Y a-t-il une vie en dehors du travail ? Certains semblent ne pas le croire et pourtant la culture de l’entreprise qui est dépeinte laisse perplexe, car en fin de compte économiquement et humainement contre-productive. Y aurait-il un changement ? Cela semble être le cas, mais ce n’est pas perçu par des personnes inféodées au système.

On observe un style littéraire, pas spécialement élaboré, fluide et approprié à la trame du récit. Par contre, il est étonnant que le côté psychologique de l’héroïne n’est pas davantage abordé. La froideur de l’héroïne, qui semble elle-même peu affectée par les saloperies qu’elle commet, la rend du même coup assez incernable, voire antipathique.

Ce n’est pas la fin pathétique du roman qui fait changer cette impression. A aucun moment l'héroïne ne se pose réellement des questions sur le sens de sa vie, sur les passions qui l’animent, même lorsque tout pourrait devenir enfin un conte de fée, elle reste à quai sans saisir des opportunités qui se présentent à elle.

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