Le Manucure de Christos Chryssopoulos

Le Manucure de Christos Chryssopoulos
(O manikiourí́́stas)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Pucksimberg, le 2 janvier 2016 (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 44 ans)
La note : 8 étoiles
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Les mains vues par un fétichiste

Philippos Dostal est manucure, sans doute parce qu'il est fasciné par les mains, il les vénère, les voit indépendamment du corps auxquelles elles sont rattachées. Il peut tomber complètement amoureux de mains, converser quasiment avec elles, comme si elles étaient des êtres vivants à part entière. Ce personnage étrange et fétichiste tombera amoureux d'une femme ou plutôt de ses mains, par la suite ce sont celles d'un jeune qui vont être l'objet de sa quête amoureuse.
Le récit alterne des extraits du journal intime de Philippos Dostal empreints de lyrisme quand il est question de la beauté des mains et des passages narratifs ou descriptifs pris en charge par le narrateur. Ce va-et-vient incessant donne de la force au récit, on passe de l'intériorité de ce personnage trouble à une vision extérieure plus objective qui nous invite à prendre une certaine distance.

L'écriture de Christos Chryssopoulos est belle, travaillée et forte. Elle se révèle même poétique parfois. L'auteur parvient avec habileté à créer une atmosphère trouble en ne donnant pas tous les détails sur la vie de son personnage principal. Le lecteur parvient à plonger dans les abysses de la psyché de cet individu et cette fascination pour les mains devient presque déstabilisante. La vision de cet homme dépasse la simple séduction esthétique. Cet univers étrange rappelle parfois certaines nouvelles de grands auteurs. En lisant le texte de Christos Chryssopoulos, je pensais parfois à Gogol et à Boulgakov. Cet auteur est talentueux et prometteur.

Extrait du roman :
"Le vacarme était assourdissant. Une clameur - pareille à un essaim d'abeilles bourdonnant. Au milieu de ce chaos sonore se mêlaient les voix des enfants, le claquement des pupitres, les chaises qui crissaient tandis qu'on les traînait sur le sol. Le soleil matinal venait heurter les fenêtres et la poussière flottait dans l'air. De minuscules particules de lumière étendaient un rideau brumeux, telle une moustiquaire arachnéenne, sur la salle mal réveillée. Les enfants ressemblaient à des figures éthérées dépourvues de contour. Leurs silhouettes vaporeuses s'incrustaient dans les murs gris, évoquant des ombres ou des nébuleuses ..."

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