L'Enfant de Calabre de Catherine Locandro

L'Enfant de Calabre de Catherine Locandro

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Pucksimberg, le 7 novembre 2015 (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 44 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (40 827ème position).
Visites : 3 864 

La quête du père

Frédérique a besoin d'éclaircir certaines zones de son passé. Elle a entre les mains une photo de son père avec une femme qu'elle ne connaît pas, sans doute une maîtresse. Elle se rend dans une agence de détectives privés afin d'avoir quelques explications sur cette femme. Elle retourne sur les pas de son enfance à Nice, pour poursuivre avec l'Italie lorsqu'il s'agira de se rapprocher des secrets familiaux de ses parents. Parallèlement à ce besoin irrépressible de mieux connaître son histoire familiale, le lecteur découvre les difficultés de cette jeune femme pour construire une vie amoureuse. Elle est lesbienne et son passé amoureux n'est pas brillant.

Le roman est bien construit et trois récits vont s'entremêler et révéleront tout leur sens au fur et à mesure. Il y a le récit principal où l'on suit les aventures de Frédérique, ses enquêtes, ses rencontres. A celui-ci s'ajoute le récit de guerre concentré sur deux hommes durant la guerre d'Indochine. Ensuite, écrits en italique, de courts textes semblent des discussions de la narratrice avec des êtres de son passé, ou des monologues avec des personnes qui ne sont plus de ce monde. Ces trois formes s'entrelacent avec habileté et tout s'éclaire au fur et à mesure.

L'histoire est poignante et le lecteur est curieux de découvrir tous ces secrets. Ce roman traite essentiellement de l'identité, de la famille, du poids de l'héritage. On s'interroge sur l'Homme et sur sa capacité à composer avec son passé et avec son histoire familiale. Le roman devient presque symbolique quand les lieux viennent à incarner le monde intérieur de Frédérique comme celle ville de Gênes avec ses rues labyrinthiques à l'image des tâtonnements du personnage principal.

Un bon roman !

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De Dien Bien Phu à Cittanova

8 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 67 ans) - 26 septembre 2016

Que voilà un roman de « recherche », recherche de ses racines, d’une histoire familiale enfouie, qui se dévore, rondement mené qu’il est par Catherine Locandro.
Outre la partie recherche proprement dite, contemporaine, par Frédérique, à la limite de la quarantaine et pas franchement bien dans sa peau (et je ne fais pas allusion à son orientation sexuelle), du côté de Nice, de Gênes, il y a une très belle partie « Dien Bien Phu », catastrophe militaire française des plus cuisantes et magnifiquement évoquée, et puis une troisième partie plus éclatée qui remonte plus loin dans le temps et vers la Calabre, Marseille …
C’est que Frédérique, cinq mois après le décès de sa mère et mettant en ordre ses affaires, a mis la main sur une photographie énigmatique sur laquelle figure son père en compagnie d’une femme inconnue qui semble représenter beaucoup pour l’homme sur la photo.

« … elle sortit la photo de son sac et la fixa, longtemps. Son père, la cinquantaine, était assis à une terrasse de café, face à une femme aux cheveux relevés, châtain clair. Ils étaient de profil. Il avait posé la main sur sa joue, elle lui tenait le poignet. Ils se souriaient. Ils avaient chacun une tasse devant eux. La femme portait un foulard bleu roi autour du cou et une robe à fines bretelles bleu marine ou noire. Frédérique repensa à la question de Lamblin. Etait-elle sûre de vouloir connaître cette histoire ? Non. Mais elle voyait, dans l’attitude de son père, sur son visage, une douceur dont elle ne le savait pas capable. Elle ne se souvenait d’aucun geste tendre, entre lui et sa mère.
Bien plus que le nom de cette femme, c’était l’homme qui se trouvait sur cette photographie qu’elle souhaitait découvrir. »

Frédérique n’est pas stabilisée ni dans sa vie amoureuse ni dans sa vie professionnelle. Elle décide de mener son enquête, qui commence du côté de Nice, et s’aperçoit très vite que son père, qui connut la déroute de Dien Bien Phu en tant que légionnaire, son père, cet homme donc, elle ne sait rien de lui. Et elle remonte la piste. Nous la remontons avec elle et en profitons pour faire le détour par Dien Bien Phu, par la Calabre …
Une bien belle manière de procéder, une écriture qui vous tient en haleine. Au bilan, un roman tout ce qu’il y a de plus recommandable.

Inégal

6 étoiles

Critique de Nathafi (SAINT-SOUPLET, Inscrite le 20 avril 2011, 57 ans) - 18 août 2016

J'ai eu du mal à entrer dans cette histoire.
Les chapitres évoquant la Guerre d'Indochine sont touchants, on suit le destin des deux amis dans cet enfer. J'avais l'impression d'une différence entre les divers volets, les textes en italique assez énigmatiques, l'écriture de la Guerre d'Indochine plus maîtrisée et réaliste. Mais dans la quête de Frédérique, les descriptions (tapis, meubles, décorations) me paraissaient de trop, parfois même me lassaient, ainsi que ses frasques amoureuses. Cela donnait un côté superficiel qui ne collait pas avec le reste.
Pas très emballée donc par ce roman, mais touchée par le dénouement de l'histoire.

Les secrets d'un légionnaire

5 étoiles

Critique de Fanou03 (*, Inscrit le 13 mars 2011, 48 ans) - 21 janvier 2016

Les secrets de famille seraient-ils des thèmes en vogue chez les romanciers français ? Après notamment Le confident de Hélène Grémillon en 2010 et Eux sur la photo de Hélène Gestern en 2011, L’enfant de Calabre, publié en 2013, reprend une trame plus ou moins identique: à partir d’un indice (une lettre, une photographie) le narrateur va découvrir peu à peu un secret familial. Pas de grande originalité donc, de ce point de vue là, dans L’enfant de Calabre, ni d'ailleurs dans la prose de Catherine Locandro, sobre et nette, qui s’avère certes plaisante, mais sans prétention particulière.

Ce genre de récit, qui touche à l'intimité des familles et à l’identité du narrateur est toujours touchant. On peut dire que c’est le cas encore une fois avec L’enfant de Calabre, même s’il reste très classique dans sa construction et son intention, et par là ne se démarque pas vraiment de ces prédécesseurs. Malgré un bémol pour la fin du roman, où l'auteur m'a paru céder à la tentation de la facilité, il faut noter que deux aspects particuliers sont cependant plutôt bien mis en avant dans la narration: le "décor urbain" de Nice et de Gêne, ainsi que la description de la chute de Diên Biên Phu, partie que j'ai personnellement trouvé la mieux réussie du roman.

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