Mémoires d'un paysan bas-breton de Jean-Marie Deguignet

Mémoires d'un paysan bas-breton de Jean-Marie Deguignet

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par CCRIDER, le 14 février 2004 (OTHIS, Inscrit le 10 janvier 2004, 76 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 344ème position).
Visites : 3 118  (depuis Novembre 2007)

La vie d'un simple

Un document ethnographique , brut de décoffrage , que ces mémoires , parfaitement authentiques . Leur honnêteté ne peut pas laisser indifférent . Le malheureux Jean-Marie naît dans un milieu d'une extrème pauvreté . Pour venir en aide à ses parents , il doit mendier dès son plus jeune âge . Puis il est obligé de s'engager dans l'armée . Il participe à toutes les expéditions de Napoléon III : la Crimée , l'Italie et le Mexique .
Démobilisé , il rêve de s'installer comme ermite dans un coin sauvage des bords de l'Odet . Malheureusement pour lui , rien ne se passera comme cela car il fera un mariage catastrophique , aura un grave accident et frôlera la mort .
Pendant ce temps sa femme achètera avec les économies de Jean-Marie un débit de boisson où elle s'attachera plus à boire le fonds qu'à faire des affaires . Elle aura une fin tragique et le héros se retrouvera seul avec quatre enfants et ce ne sera que le début d'une longue série de misères et de déboires de toutes sortes .
Il finit dans une soupente , complètement démuni , à écrire ses souvenirs , si vrais , si touchants . D'autant plus étonnants que ce simple est bien loin d'être un idiot , il montre beaucoup de lucidité , de réflexion et même une certaine sagesse .
Un témoignage à ne pas manquer .

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Ni dieu ni maître

8 étoiles

Critique de Heyrike (Eure, Inscrit le 19 septembre 2002, 56 ans) - 16 mai 2004

L'auteur est persuadé qu'il doit ses facultés intellectuelles, qui le rendent si différent, à une blessure à la tempe faite par une abeille, par laquelle la lumière s'introduisit dans son cerveau, l'éclairant sur le vrai sens des choses de ce monde.

Avec un caractère forgé aux dures épreuves de son enfance faite de mendicité et de famine, Deguignet s'engage dans l'armée pour échapper à la misère. Toujours très clairvoyant sur les vrais raisons qui poussent l'armée de "Napoléon le Petit" dans des expéditions en des contrées lointaines, il critique avec véhémence les choix politiques et militaires de Badinguet.

Anticlérical forcené, il ne laisse jamais passer une occasion pour conspuer les "tonsurés" et leur maître divin, qu'il qualifie de traître et de chef des brigands. Il n'épargne pas non plus les très catholiques bretons, qu'il décrit comme étant des brutes ignares, dénonçant aussi tout ces dialectes qui les rendent incapable de se comprendre entre eux et encore moins de se faire comprendre pas le reste des français. Il déplore également que les Bretons soient maintenus dans des coutumes et superstitions ridicules, par le clergé, les monarchistes et les grands propriétaires terriens, perpétrant ainsi un état d'asservissement et d'obscurantisme digne du moyen age.

Après 14 années de bons et loyaux services, il rentre chez lui bien décidé à s'en sortir. Mais les évènements vont prendre une mauvaise tournure, malgré tous ses efforts pour s'extraire de sa condition de gueux. Plus d'une fois il sera abusé par plusieurs personnes, dont sa femme, et se retrouvera à la fin de sa vie dans la misère la plus absolue. C'est dans un minuscule réduit, qui lui sert de logement, qu'il entreprend de rédiger ses mémoires. Ultime combat d'un homme libre penseur qui aura réussi toute sa vie à conserver une très grande lucidité sur les évènements de son époque, lui qui était issu de la boue et du sang.

Un témoignage très intéressant et instructif sur une époque difficile pour ceux de la "France d'en bas". Armé de sa plume acerbe et vengeresse l'auteur se fait le porte-parole des petites gens, des manants, de toute cette population rendue corvéable à merci dans une société sclérosé par les exploiteurs associés qui pavaient leurs cours boueuse du corps des maudits.

A regretter cependant que l'auteur ne parle pratiquement jamais des relations avec sa femme et de ses enfants, lui qui est d'habitude si prolixe en détails sur les moindres évènements de sa vie. Deguignet est devenu très amer à la fin de sa vie (ce que l'on peut comprendre au regard des épreuves endurées), ce qui se ressent beaucoup dans ses écrits, allant jusqu'à radicaliser son propos dans un but évident de régler ses comptes. Malgré tout, ses réflexions sur la société sont très pertinentes au point qu'elles ont, encore aujourd'hui, gardées toutes leurs puissances contestataires.

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