La France en chiffres de Julie Le Gac, Anne-Laure Ollivier, Raphaël Spina

La France en chiffres de Julie Le Gac, Anne-Laure Ollivier, Raphaël Spina

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Histoire

Critiqué par Colen8, le 17 octobre 2015 (Inscrite le 9 décembre 2014, 82 ans)
La note : 8 étoiles
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Tout savoir, ou presque

Même à l’heure de Wikipédia et des moteurs de recherche (ou surtout ?), cette compilation dirigée par des historiens universitaires et agrégés a toute sa place d’outil documentaire. Destinée aussi à éviter les batailles de chiffres notamment sur des sujets sensibles, c’est une rétrospective intelligente qui rappelle un contexte mal connu, souvent occulté. Les sources statistiques ou historiennes en ont été vérifiées, rendues compatibles et cohérentes. On dispose ainsi de tableaux et de séries de chiffres couvrant à peu près tous les domaines de l’histoire et de la vie de notre pays depuis près d’un siècle et demi (2/3 de l’ouvrage ne sont que des chiffres).
Au chapitre noir, les guerres à l’issue desquelles le pays est affaibli durablement :
- La Grande Guerre, responsable de 6 000 morts par jour (toutes nationalités, 27 000 français pour la seule journée du 22 août 1914), aura coûté l’équivalent de 3,8 ans du PIB 1913, provoqué 2 millions de réfugiés sur le territoire national en 1918, laissé plus d’un million d’enfants orphelins de pères, décimé les élites.
- La guerre de 1870 est suivie du siège de Paris et de la Commune dont les massacres et la répression en 1871 auront compté plus d’exécutions que les 16 594 recensées pendant les 17 mois de la Terreur entre 1793 et 1794.
- La Seconde Guerre mondiale fait 1 800 000 prisonniers dès l’été 1940, encore au nombre de 900 000 à la Libération. Les bombardements alliés tuent environ 60 000 personnes. En raison des immeubles endommagés ou détruits le pays compte 5 millions de sans-abris en 1945.
- Après l’armistice de juin 1940, le Maréchal Pétain reçoit les pleins pouvoirs votés à 85% par les deux assemblées. Le régime vichyste encourage la collaboration, engage sans pression allemande une politique antisémite à la suite de laquelle la Solution Finale assassine près de 80 000 juifs de France aux deux-tiers étrangers sur une population estimée à 300 000 en 1939. Il arrête et fait déporter d’autres catégories de populations (francs-maçons, tsiganes, résistants…).
- L’occupation allemande s’accompagne d’un pillage de notre économie (le mark d’occupation est surévalué de 60% par rapport au franc), de l’exploitation de la main d’œuvre, de la destruction et du pillage des biens culturels. La ration alimentaire officielle d’un homme adulte est inférieure à 900 calories en mai 1944, contre 2 400 en 1938.
- Les guerres coloniales (1873-1914) coûtent la vie de centaines de milliers de soldats. Elles coûtent cher également en maintien de l’ordre, tout ça pour être suivies un demi-siècle plus tard par les guerres d’indépendance.
Après les guerres mondiales, l’aide internationale, ainsi que la dette publique résorbée au prix d’une forte inflation, ont à chaque fois permis la reconstruction.
Dans cette histoire se succèdent des périodes plus ou moins longues de crises, dont certaines oubliées. Pour autant mieux amorties que chez nos voisins, les nôtres durent plus longtemps, marquées par une reprise plus molle. La première dépression (ou longue stagnation) de 1873-1896, la grande dépression des années 1930, la crise à nouveau consécutive aux chocs pétroliers des années 1970, réitérée en 2008 par la spéculation financière sur les « subprimes », avec un chômage à son plus haut niveau que l’on ne sait comment enrayer. Heureusement la moitié du temps coïncide avec les retours de l’expansion : la Belle Epoque (1895-1914), les Années Folles (1919-1931), les Trente Glorieuses (1948-1978).
Côté économique, quelques bons résultats sont à souligner. En 2010, l’agriculture reste au 1er rang européen et produit pour 66 milliards d’euros. En 2004 le tourisme dégage également 66 milliards d’euros de chiffre d’affaires pour plus de 800 000 emplois. L’histoire sociale et politique est instructive. On y retrouve les résultats des élections, la succession de compositions et décompositions des formations montrant que toute situation reste transitoire.
Curieusement au travers des commentaires, et des comparaisons internationales la France apparaît comme un pays à nul autre pareil. Les idées, la culture, l’histoire, la géographie, la population, l’immigration, l’économie, la santé, le fait religieux y sont peu comparables avec les autres pays développés. Nos réactions sont plus lentes en général, nos évolutions plus tardives avec aussi plus de propension à des épisodes de violence. L’enseignement a démarré lentement (28% d’adultes illettrés en 1879) avant que le budget de l’Education Nationale devienne le premier derrière le service de la dette. Mieux (re)connaître ce qui constitue un patrimoine et une identité uniques ne peut que nous enrichir. Forts de nos atouts, le retour de la confiance pourrait combattre le pessimisme sans doute exagéré que révèlent les sondages.

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