La terre du barbare de Jean Hougron

La terre du barbare de Jean Hougron

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Tistou, le 25 septembre 2015 (Inscrit le 10 mai 2004, 67 ans)
La note : 9 étoiles
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La nuit indochinoise (7)

« La terre du barbare » est le dernier roman de la fresque « La nuit indochinoise ». Il se déroule au Laos actuel et raconte la fin de la colonisation française au travers d’un empire privé, celui d’Antoine Couvray, un empire agricole et minier qui se retrouve à la mort brutale d’Antoine Couvray, assassiné, entre les mains de son fils, « Petit Couvray », rebelle au père et à l’autorité, qui a purgé une peine de prison pour avoir aidé le Viet-Minh. Inutile de préciser qu’il n’est pas préparé à assumer ce genre de situation, d’autant que sa réputation de sympathisant de l’ennemi ne le positionne pas en position favorable vis-à-vis des cadres français de l’entreprise et qu’il est soupçonné de l’assassinat de son père avec lequel les différends étaient notoires.
Pour corser le tout, la guérilla viet-minh gagne sans cesse du terrain et « Petit Couvray » va très vite se retrouver dans la situation de devoir prendre des décisions. Notamment décider de l’évacuation du personnel d’une mine d’étain encerclée par la guérilla contre l’avis des cadres et notamment de Decluze, le Directeur Général. Sa générosité vis-à-vis des coolies laotiens et annamites (comprendre vietnamiens) le met rapidement en porte-à-faux vis-à-vis de ses congénères français.
Isolé, il a de plus d’énormes difficultés à prendre des décisions, et des bonnes par exemple, pour autant qu’en situation de débâcle guerrière on puisse prendre de bonnes décisions ! Jean Hougron va faire évoluer, un peu rapidement à mon goût, le rebelle sympathisant de la cause indigène en un gestionnaire presque débarrassé de scrupules, dépassé qu’il est par les évènements.
Plus intéressant est le pourrissement de la situation coloniale que nous illustre Jean Hougron et qui nous montre comment le système ne pouvait que tomber comme un fruit mûr, trop mûr. En ce sens, que « La terre du barbare » clôture le cycle de « La nuit indochinoise » est logique.
De très belles pages encore sur cette nature indochinoise, vietnamienne et laotienne, qui a tant impressionné Jean Hougron manifestement durant ses quatre années de présence là-bas. A ce titre, ses romans constituent une documentation passionnante sur ce qu’étaient Laos et Vietnam sous la colonisation et la manière dont celle-ci s’est terminée.

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