Mort en fraude de Jean Hougron

Mort en fraude de Jean Hougron

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Tistou, le 14 septembre 2015 (Inscrit le 10 mai 2004, 67 ans)
La note : 9 étoiles
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La nuit indochinoise (4)

Avec « La mort en fraude », nous sommes bien sûr toujours en Indochine, années 50, et plus spécifiquement au sud du Vietnam : Saigon et delta du Mékong.
Jean Hougron affiche là plus visiblement ses idées, plutôt colonialistes, ou disons « idéalo – colonialistes », genre supériorité de l’homme blanc sur l’indigène. La chose était patente dans les précédents romans, elle est plus visible ici. Mais attention ! Colonialiste au sens éducation de l’indigène, amélioration de sa condition …
En fait, là, c’est de la triste alternative qui s’offre au peuple indochinois dont il est question sans, à mon avis, que Jean Hougron l’ait traitée sciemment. L’alternative : passer du côté des « méchants » Viet – Minhs, qui veulent libérer l’Indochine des colonisateurs mais au prix d’exactions auprès de la population lorsqu’elle n’est pas solidaire ou bien collaborer avec les « gentils » Français qui les protègent du Viet – Minh mais qui les maintiennent dans un statut de « sous – homme » ou du moins de « non – citoyen ».
Jean Hougron nous raconte ici l’histoire de Horcier, jeune homme un brin idéaliste qui quitte la France pour un poste dans l’Administration coloniale en Indochine. Hélas pour lui, il a une sœur plutôt cupide qui tient absolument à ce qu’il réponde positivement à une offre d’argent facile à gagner, mais dans l’illégalité, en servant de passeur durant sa traversée à une mallette contenant beaucoup de dollars dont le cours est plus avantageux en Indochine qu’à Marseille. Sa sœur touche 25 000 Francs de commission et, lui, sert de mule pour les dollars. Mais c’est un piège puisqu’un complice qui a pris le même bateau a attendu l’escale de Singapour pour s’introduire dans sa cabine et voler les dollars, le laissant affronter seul et démuni à Saigon ceux qui ont été volés (et qui ne sont pas précisément des enfants de chœur !). Ceux-ci cherchent, dès son arrivée et la nouvelle du vol connue, à l’éliminer. Il fuit donc dans des conditions rocambolesques, aidée par une jeune métisse, Anh, qui l’emmène contre argent se réfugier dans le Delta, loin de Saigon, à Vinh Bao.
Jean Hougron trace ainsi l’acclimatation forcée d’un jeune européen en fuite au milieu indigène, misérable et dangereux (les Viet – Minhs rôdent). Il y a, comme dans les autres romans de très belles pages sur la réalité de l’Indochine de l’époque, sur cette nature si dérangeante et inquiétante pour nous autres européens.
Très idéalisé par Jean Hougron, notre jeune homme, après avoir difficilement supporté l’acclimatation (on imagine le choc culturel !) va se révéler meneur d’hommes et décideur du sort du village, après avoir assisté à l’exécution sommaire d’un villageois par des Viet – Minhs soucieux de « convaincre » le village de les aider. C’est là où le sentiment de supériorité de « l’homme blanc » est le plus net. Jean Hougron n’oublie qu’une chose ; ça devait être beaucoup plus facile d’être blanc, éduqué et avec quelque argent qu’indigène considéré comme quantité négligeable, n’ayant pas accès à l’éducation et sans moyens ! Un peu de la même manière qu’il vaut mieux être riche et en bonne santé que pauvre et malade !!!
Néanmoins, pour la réalité de ce qu’était l’Indochine – et de ce qu’est toujours sa nature – le roman vaut largement la peine d’être lu.

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