La petite barbare de Astrid Manfredi
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Pas plus loin que le bout de son nez
C'est à cette distance maximum que voit l'héroïne de ce court roman découpé en chapitres de quelques pages. Le ton de son récit qui lui sert de thérapie en prison est celui du constat. Il explique sans fard, avec un langage, souvent caustique, parfois argotique ou cru, la vie d'une jeune fille, qui se sait belle et en joue, qui aime s'habiller et être remarquée. Avec son copain et 2 autres amis, ils "chassent" en boite à Paris les hommes esseulés qu'elle appâte, jusqu'au jour où cela dérape dramatiquement.
Le livre décrit aussi la banlieue triste et morne, les parents résignés qui ont vu leurs rêves s'envoler, l'absence d'un avenir facile, du fait de pas être né au bon endroit. Le regard que porte l'héroïne sur son environnement est à la fois tendre (pour sa mère, le souvenir de son premier amour à 13 ans) et cruel (pour son père et les hommes en général). Elle se considère comme une victime, malade de voir de la violence, avec la volonté d'oublier son passé pour repartir, à 23 ans, sur de nouvelles bases, grâce aux livres qui l'emmènent loin de la réalité, espérant un prince charmant.
Il s'agit d'une histoire racontée de l'intérieur, décomplexée, qui donne un peu froid dans le dos par le manque de prise en compte des conséquences des actes commis. Comme si on zappait sur une autre chaîne ou pouvait recommencer une autre partie d'un jeu. Et cela, l'écriture le montre très bien.
Une citation ? « Je suis pleine du bruit assourdissant de vivre. »
IF-0615-4351
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Les éditions
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La Petite Barbare
de Manfredi, Astrid
Belfond
ISBN : 9782714459435 ; 15,00 € ; 13/08/2015 ; 160 p. ; Broché
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Du fait divers à l'oeuvre littéraire
Critique de Fanou03 (*, Inscrit le 13 mars 2011, 48 ans) - 13 avril 2016
Dans l’affaire du Gang des Barbares, la réalité a sans doute encore une fois dépassé largement la fiction : l’auteure a eu la sagesse de ne pas faire de surenchère, préférant se concentrer sur l’écriture pour que ce fait divers sordide acquière une dimension littéraire. En la matière il faut reconnaître que la prose "coup de poing" de La petite barbare est un équilibre quasi parfait entre une certaine familiarité brute expliquée par les origines sociales de la protagoniste et le polissage patient de l’écrivain (les dernières pages du roman sont par exemple à ce titre particulièrement remarquables).
La place et le rôle de la femme, la domination masculine, la prédestination sociale : tous ces thèmes irriguent La petite barbare, comme un journal intime écrit jour après jour par la jeune détenue. A la fois catharsis et aveux d'impuissance face au chaos du monde, C'est aussi un hommage appuyé au pouvoir des mots, de la poésie et de la littérature.
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