Debout payé de Gauz
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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"Recueil de choses vues et entendues"
Ce "recueil de choses vues et entendues" est assez déroutant. Très instructif, on découvre de "l'intérieur" la vie de sans-papiers dans ces métiers "invisibles".
Nous suivons Ossiri dans un récit quasi-autobiographique ; fils d'une lettrée ivoirienne, qui à son retour de France refuse le poste de maître assistant à l'université d'Abidjan pour être institutrice sous-payée, très engagée dans la défense de son continent, à travers ses cours de "mat'spé", (les matières spéciales) ; le discours de cette femme remarquable est particulièrement instructif même s'il n'empêchera pas (et elle non plus d'ailleurs) le départ de son fils pour Paris. Le passage sur la consommation du pain en Afrique est à lui seul un argument convaincant sur la dépendance maintenue de ce continent envers les pays développés.
Nous voilà immergés dans le monde des vigiles, ces gens que nous croisons quotidiennement, complètement anonymes dans Paris.
Si je ne connais pas l'anonymat des grandes villes, et suis une provinciale qui dit encore bonjour au vigile, je ne pense pas à sa vie privée, aux conditions qui ont déraciné ces hommes pour les "poser" debout aux entrées de grandes enseignes.
Le chapitre sur le Séphora des Champs-Elysées est particulièrement représentatif de cette vie. Tour à tour drôle, émouvant.
REVOLUTION : il est désormais reconnu qu'il n'y avait que 7 prisonniers hagards enfermés à la Bastille le 14 juillet 1789. Autrement dit, il n'y avait presque personne à libérer. Mais l'Histoire retient plus les symboles que les faits. Si elle se répétait aujourd'hui, la prise de la Bastille libérerait des milliers de prisonniers de la consommation.
DEFILE : en 1 heure de pause, il s'est enterré dans le parking souterrain « Vinci » exactement : une Maserati, deux Porsche, une grosse Mercedes AMG 63, une Ferrari rouge et trois BMW X6. Soit de quoi construire à Gagnoa un hôpital régional entièrement équipé, payer les salaires du personnel et distribuer gratuitement des médicaments pendant un an.
Malheureusement, l'énumération des abréviations à la manière d'un glossaire pour non-initiés est quelquefois un peu pesante.
On connaît donc un peu mieux le métier de vigile et surtout on comprend mieux le regard de ces hommes, qui ont quitté leurs pays à cause de la misère, sur notre société de consommation.
Un livre original, dans la catégorie roman, mêlant l'anecdotique à la réflexion, observant avec une grande justesse mais sans acrimonie la société de consommation française, qui m'a éclairée sans me passionner.
Les éditions
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Debout-payé [Texte imprimé] Gauz
de Gauz,
le Nouvel Attila
ISBN : 9782371000049 ; 17,00 € ; 28/08/2014 ; 172 p. ; Broché
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"Debout-payé" de Gauz : vis ma vie de vigile
Critique de Lettres it be (, Inscrit le 7 mai 2017, 30 ans) - 31 mai 2017
// « Grosses. Souvent, les femmes grosses commencent d’abord par essayer des habits plus petits… avant de disparaître discrètement avec la bonne taille dans les cabines d’essayage. » //
# La bande-annonce
(Quatrième de couverture) : « Debout-payé : désigne l’ensemble des métiers où il faut rester debout pour gagner sa pitance. » De son expérience de vigile au Camaïeu de Bastille et au Sephora des Champs-Elysées, Gauz a tiré un roman puissant, intelligent et satirique où il dénonce notre indifférence à l’égard des immigrés. A travers différents personnages, dont Ossiri, un étudiant ivoirien sans papiers devenu « debout-payé », il raconte l’épopée de l’immigration africaine en France et son histoire politique et coloniale. De son regard acéré, le vigile scrute avec ironie, colère et humour l’évolution de son métier et de note société. Le portrait implacable d’un consumérisme effréné.
# L’avis de Lettres it be
L’écriture. D’emblée, ce qui séduit dans ce roman c’est l’écriture. Comme le confessait l’auteur sur le plateau de « La Grande Librairie » sur France 5 il y a quelques temps maintenant, cette écriture est largement inspirée de Céline, et ça se sent, ça se voit, ça s’entend. On retrouve une musicalité des mots chère au docteur de Meudon et qui donne au roman toute sa fraîcheur.
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