La bourse et la vie de Jacques Le Goff

La bourse et la vie de Jacques Le Goff

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Histoire

Critiqué par Fanou03, le 29 avril 2015 (*, Inscrit le 13 mars 2011, 48 ans)
La note : 5 étoiles
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L'argent et le paradis

La Bourse et la Vie de Jacques Le Goff aborde la position singulière de l’usurier, prêteur d’argent avec intérêts, dans la société médiévale du XIIe et du XIIIe siècle. L’ouvrage n’est pas une étude économique du capitalisme balbutiant du Moyen-Âge. Le propos est plutôt d’analyser d’une part pourquoi le monde chrétien de l’époque condamnait la pratique de l’usure (vouant ainsi l’usurier à l’enfer), et d’autre part par quel moyen l’usurier pouvait parvenir, malgré tout, à concilier sa bourse et la promesse de la vie éternelle.

La condamnation de l’usurier par l’Église se base sur plusieurs passages de textes, surtout bibliques, assimilant explicitement l’usure à un péché, à plusieurs titres (il faut noter ici que Jacques Le Goff s’intéresse exclusivement aux usuriers chrétiens, les usuriers juifs n’étant pas concernés directement par la condamnation chrétienne de l’usure). En premier lieu parce que l’usurier, en générant des intérêts, est un « voleur de temps », temps qui doit exclusivement appartenir à Dieu ; l’usurier pèche également contre la justice, car l’usurier vend ce qui n’existe pas ; enfin, étant considéré comme non productif, on considère sa pratique comme de la paresse et de l'oisiveté. L’usurier, individu méprisé mais dont l’activité est nécessaire, pourra pourtant obtenir l’indulgence de la société médiévale grâce à une pratique modérée des taux d’intérêt et à certains cas de figure excusant cette pratique.

Le texte de Jacques Le Goff, quoique assez bref, est très riche dans son contenu, mais pas toujours d’une lecture aisée. Il ne développe pas en effet ni le mécanisme de l’usure elle-même ni ne fait de portrait des usuriers, ce qui fait que pour ma part ces deux notions sont restées assez floues tout au long du livre. De même je n’ai pas toujours bien compris en quoi l’usure n’est pas systématiquement synonyme de prêt à intérêts, ainsi que le suggère plusieurs fois l’auteur.

Un des intérêts du livre est de décrire la place ambiguë de l’argent dans la société de l’époque. Cet héritage du Moyen-Âge influence encore d’ailleurs sans doute notre rapport parfois ambivalent à l’argent et à la réussite économique, au XXIe siècle, au moins en tout cas dans la société française.

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Les éditions

  • La bourse et la vie [Texte imprimé], économie et religion au Moyen âge Jacques Le Goff
    de Le Goff, Jacques
    Fayard / Pluriel (Paris. 1982)
    ISBN : 9782818501948 ; 7,50 € ; 05/07/2011 ; 1 vol. (150 p.) p. ; Poche
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