Le bonheur national brut de François Roux

Le bonheur national brut de François Roux

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Alma, le 17 janvier 2015 (Inscrite le 22 novembre 2006, - ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (40 907ème position).
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Philippe, Tanguy, Benoit, Paul et les autres

Ils sont quatre, Philippe, Tanguy, Benoît et Paul : quatre copains de classe de terminale d’un lycée breton quand s’ouvre le roman, le 10 mai 1981, jour de l’élection de François Mitterrand. Ils ont 18 ans, une vie nouvelle s’offre à eux. François Roux les suit d’abord de 1981 à 1984 dans leur vie d’étudiant à Rennes ou à Paris pour 3 d’entre eux, dans la vie professionnelle pour celui qui a échoué au bac. On les retrouve ensuite 25 ans plus tard, adultes bien installés dans la vie, jusqu’au 12 mai 2012, jour de l’élection de François Hollande.

Un roman à la construction rigoureuse où se croisent des chapitres, toujours datés, qui relatent tour à tour un moment ou une rencontre-clé d’un des 4 protagonistes.

D’abord roman d’apprentissage, dans lequel chaque personnage cherche sa voie, fait des rencontres déterminantes, il devient dans sa 2e partie roman social, reflet des mécanismes de la vie politique, économique, artistique et culturelle de notre époque . En effet Rodolphe devient député de gauche, Tanguy responsable commercial d’un grand groupe international, Benoît, photographe de renommée mondiale, et Paul – le narrateur - comédien.

Si le roman y gagne en densité, il y perd, à mon sens, en humanité. Nos mousquetaires deviennent des stéréotypes chargés de représenter la puissance mais aussi les failles, les erreurs et les abus du milieu où ils évoluent. En endossant les préjugés, les codes sociaux et les codes langagiers de leur classe sociale, il arrive qu’ils en deviennent caricaturaux. S’ils sont attachants dans leur jeunesse, par la vérité de leurs élans, de leur fougue et de leur désir de réaliser leurs rêves, ils apparaissent, ensuite, au temps de leur maturité, comme des acteurs chargés d’incarner un rôle, celui de l’être pris au piège de son milieu. « Bientôt, Rodolphe serait empêtré dans les rouages du monde politique, Tanguy dans ceux de l’entreprise, Benoit et moi dans ceux de l’art et de la culture. »

Le roman n’en reste pas moins le portrait d’une génération, de ceux qui ont eu 18 ans en 1981 « les fossoyeurs des Trente Glorieuses, les enfants de la crise, du chômage, de la surconsommation, de la mondialisation, de la croissance molle, de l'argent roi soudain devenu argent fou,…..mais avant, tout les enfants du doute et de l'incertitude. » Le portrait d’une génération pour laquelle le bonheur matériel était l’indice de la réussite d’une vie et qui découvre, désabusée à 50 ans qu’elle s’est trompée « Et si le bonheur était la plus grosse arnaque de ce siècle et de tous ceux qui l'ont précédé ? Et si le souci d'atteindre le bonheur était précisément la chose qui nous faisait le plus souffrir ? »

Miroir parfois cruel de notre société, cette chronique douce–amère du parcours professionnel et sentimental d’un quartet d’amis que la vie sépare mais qui se retrouvent toujours pour fêter un succès ou pour se réconforter dans le malheur est d’une lecture agréable et facile.

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Quatre garçons plein d'avenir

6 étoiles

Critique de Sundernono (Nice, Inscrit le 21 février 2011, 40 ans) - 4 février 2016

Quatre amis sur quatre décennies, d’une adolescence marquée par l’élection de François Mitterrand à nos jours, voilà en gros ce que nous propose le bonheur national brut. Le choix de ce roman m’est venu en faisant le parallèle avec Le club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia : grossière erreur tant les deux romans n’ont rien à voir si ce n’est peut être un démarrage ancré dans la fin de l’adolescence des protagonistes.

Dire que j’attendais beaucoup de ce roman est un euphémisme et certainement ai-je placé la barre beaucoup trop haut car ce roman n’est pas si mal que cela après tout. Cependant le caractère caricatural des personnages, l’histoire et le style trop passe-partout, trop lisse sont des éléments qui font de cette lecture un moment plutôt plaisant mais sans plus.
A cela s’ajoute le manque d’empathie pour trois des quatre personnages principaux, élément moteur pour ce type de roman : dommage.

Cependant la lecture est agréable et l’on suit tout de même avec plaisir l’évolution de nos quatre garçons plein d’avenir.
La première partie plante bien le décor, les différences sociales, les caractères différents, les problèmes familiaux et les attentes de nos personnages. S’en suit une seconde partie, celle de la maturité. Nos ados sont devenus des quadragénaires mais qu’ont-ils accompli ? Que sont-ils devenus ? Au lecteur de le découvrir. Pour ma part ce fut cette partie qui m’a le plus accroché.

Un roman plaisant mais une petite déception tout de même.

Brut ou net ?

5 étoiles

Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 12 octobre 2015

Le livre se divise en deux parties.
Ils sont quatre, ils ont vingt ans, le monde leur appartient et ils veulent vivre mille vies en une seule.
Nous sommes en 1981 et François Mitterrand est élu président de la république française.
C'est cette tranche du roman qui m'a le plus convaincu. Un petit air du "Club des incorrigibles optimistes", un parfum de liberté, des vieux tabous qui brûlent.
Et puis... trente ans plus tard. Nos quatre amis ont changé, la société aussi. Les minitels sont morts et Google recense tout maintenant.
Curieusement j'ai trouvé nos gaillards bien moins sympathiques et même le style de François Roux s'empâte... on dirait qu'il bégaie.
Dommage !

roman agréable à lire

8 étoiles

Critique de CHALOT (Vaux le Pénil, Inscrit le 5 novembre 2009, 76 ans) - 31 juillet 2015

« Le bonheur national brut »
Roman de François Roux
Editions Albin Michel
Septembre 2014
679 pages

Les désillusions

L’histoire commence le 10 mai 1981 pour se terminer 31 ans plus tard au moment de l’élection à la présidence de la République d’un autre François.
C’est l’enthousiasme- surtout en 1981- dans beaucoup de familles et la peur chez les possédants…. Ces deux sentiments s’estomperont assez vite.
Quatre amis commentent et vivent l’événement, ils ont à peine 18 ans et 1981 c’est aussi l’année du bac et de l’entrée dans la vie d’adultes, du moins dans leurs têtes.
Rodolphe, fils de militant communiste mais socialiste en opposition au père et par conviction commence à faire des plans sur la comète, ses autres camarades sont plus prudents , l’un, Tanguy se déclare de droite…..
L’élan est donné.
Si ce roman trace son sillon dans l’histoire politique de ces trente années d’espoirs, de déceptions, il raconte essentiellement le destin croisé de ces quatre adolescents, leurs relations souvent conflictuelles avec leurs parents, leurs expériences et les contradictions entre les aspirations qu’ils portent et la vraie vie.
Le « socialiste » devient parlementaire et s’intéresse à son plan de carrière même s’il lui reste quelques principes de base, mais si peu ; le « capitaliste » lui, ne pense qu’à parvenir…. D’ailleurs ces deux-là sont-ils si différents ?
Benoit, l’artiste, le photographe très vite célèbre s’intéresse à son art et est rongé par un amour quasi impossible.
Paul, le narrateur, sympathique, rompt avec ses parents, ou plutôt avec son père qui n’accepte pas la double rupture de ce fils qui, non content de choisir le théâtre au lieu de faire médecine est homosexuel…. Cette homosexualité en 1981 et dans les années qui suivent est lourde à porter : même les « progressistes » ont du mal à accepter l’autre.
En 2012, « les cris de tous autres ici présents- les jeunes comme les moins jeunes- sont moins voraces ; l’âpreté de la défaite comme la saveur de la victoire sont mille fois moins aigües et mille fois moins flamboyantes qu’elles de l’ont été il y a trente et un ans »
Peut-être que chaque acteur-spectateur s’est rendu compte que rien de fondamental ne changera avec des gens- là et cette voie-là ….. ?
Trente ans après c’est l’heure des bilans, celui politique bien entendu mais aussi et surtout celui de ces hommes qui peuvent, eux, rebondir, corriger ce qui peut être corrigé et trouver le bonheur

Jean-François Chalot

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