La chasse-galerie de Honoré Beaugrand

La chasse-galerie de Honoré Beaugrand

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Libris québécis, le 2 janvier 2004 (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (22 895ème position).
Visites : 7 452  (depuis Novembre 2007)

L'Oeuvre du diable

Le maire de Montréal, élu en 1885, a inauguré le 20e siècle avec La Chasse-galerie. Le titre peut heurter l'entendement. Voici comment l'auteur le définit : « Ce sont des canots qui volaient dans les airs, poussés par le diable, il y a de ça bien longtemps. Ils transportaient des possédés du démon, surtout des gars de chantier (bûcherons). » Comme avant eux leurs prédécesseurs, les coureurs des bois et les voyageurs, ces derniers ont inspiré de nombreux écrivains. Ils les présentent comme des créatures diaboliques, créant ainsi à son égard une méfiance en même temps qu'un attrait à l'instar des oeuvres d'épouvante d'aujourd'hui.

Les légendes du maire peuvent porter l'étiquette du fantastique. Un fantastique qui a semé l'effroi chez les jeunes Québécois et les plus âgés jusqu'à tout récemment. Le diable a laissé dans l'imaginaire collectif une forte empreinte. En quête d'enfants désobéissants ou d'adultes impénitents pour alimenter le foyer de l'enfer, Belzébuth laissait partout, paraît-il, des traces visibles de son passage. Pour le contrer, pourquoi ne pas lui vendre son âme comme Faust afin d'incarner ses désirs?

C'est dans ce sillon que naît la première légende de l'oeuvre. Des bûcherons éloignés de leurs familles aimeraient bien aller voir leurs blondes (fiancées) afin de leur donner un petit bec (bise). Avec la chasse-galerie, rien n'est plus facile. Le Méphistophélès québécois autorisera le voyage en canot volant comme la sorcière sur son balai pour que ces hommes des bois retrouvent leurs biens-aimées qui habitent Lavaltrie, village situé près de Montréal. Des conditions sont assorties au contrat. Il n'est pas question de prononcer le nom de Dieu et de naviguer près des clochers.

Honoré Beaugrand a pétri ses légendes à même la culture québécoise du X1Xe siècle. Elle dévoile l'âme d'un peuple hanté par des personnages dont les voyages avaient quelque chose d'intrigant, voire de dépravé. Rien de mieux que de créer des légendes pour exorciser sa peur du «dieu des routes», comme l'a décrit Germaine Guèvremont dans Le Survenant. L'écriture a pris quelques rides, mais c'est quand même une oeuvre intéressante que Vincent Vanoli a transposée dans une bande dessinée. Contrairement à la production contemporaine qui joint la violence à la peur, La Chasse-galerie s'en tient à une conscience formée par les craintes de l'enfer exacerbées par un clergé tout-puissant.

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Un trésor

10 étoiles

Critique de Aaro-Benjamin G. (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 54 ans) - 15 juin 2005

Attachante figure du XIXe siècle au Québec, Honoré Beaugrand, pionner de la presse écrite, 22e maire de Montréal, nous a laissé un héritage des plus précieux sous la forme de récits basés sur la culture populaire de l’époque.

Quelque soit l’édition, cinq textes sont toujours présents et constituent le noyau de l’œuvre de Beaugrand : "La chasse-galerie", "Le loup-garou", "La bête à grand'queue", "Macloune", "Le père Louison"

Le plus connu et le plus revisité en chanson, en image et en publicité… est le texte de "La chasse-galerie" racontant la fabuleuse aventure de bûcherons qui demandent l’aide du diable pour voyager par-dessus les montagnes, dans un canot d’écorce, et rejoindre leurs bien-aimées.

Inspiré des légendes et du folklore le conte se veut avant tout « naïf » en illustrant à grands traits les leçons d’une histoire. De plus, il est souvent basé sur une intention morale ou didactique. Ce n’est pas vraiment le cas pour les courts récits de Beaugrand, qui sont plutôt fabriqués à partir des éléments de l’imaginaire fantastique et qui souvent échappent carrément à l’appellation « conte »

Loin d’être une lecture assommante, ces petits récits sont d’autant plus fascinants que l’on peut les placer dans un contexte historique. Ils parlent des mœurs, du cœur, et de l’histoire des Québécois. Malheureusement, ils semblent destinés à l’oubli (si ce n’est déjà fait) car voilà le malaise de notre société moderne, nous sommes à l’heure où une majorité de québécois revendiquent un pays au nom d’une culture distincte, pourtant cette même majorité est totalement ignorante de la richesse qui compose cette culture…

* Si vous pouvez mettre la main sur l’édition étendue des Presses de l’Université de Montréal commentée par François Ricard, faites, car il s’agit d’un ouvrage exceptionnel.

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