Un crime de Georges Bernanos
Catégorie(s) : Littérature => Policiers et thrillers
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Un polar diabolique et diablement bien écrit
En flânant au marché aux puces de Bruxelles, j'ai ramassé ce petit livre inconnu rédigé par Georges Bernanos, publié à l'origine chez Arthème Fayard en 1938.
Tous les ingrédients chers à Bernanos dans "journal d'un curé de campagne" ou "Sous le soleil de Satan" sont concentrés dans ce petit livre de 187 pages d'une densité remarquable. Considéré comme un art mineur, ce polar n'a pas eu le succès qu'il méritait. Et pourtant, quel thriller !
Ce roman n’est pas un polar comme un autre. Pas d’enquêteur malin, juste une bonne de curé qui attend le nouveau curé dans le presbytère, « un jeune curé, au masque tragique, au regard pénétrant, au sourire funèbre.".
Bernanos nous manipule d’un bout à l’autre, nous fait prendre des chemins sans issue, nous trompe, nous perd dans un récit d’une construction extrêmement habile toute en ambiguïté et d’une intelligence diabolique.
Le récit commence par le meurtre d’une châtelaine, puis se poursuit par un deuxième, un inconnu agonisant dans son jardin... Dans cette histoire, on a l’impression que tout le monde cache quelque chose, et ce n’est pas qu’une impression !
Ensuite, la gouvernante de la première victime, une nonne défroquée, avale une dose mortelle de morphine. Suicide ou nouveau meurtre ?
Qui est réellement le nouveau curé de Mégère qui disparait alors que l’enquête est en cours ?
Qui est ce petit enfant de chœur dont le corps est retrouvé flottant dans la rivière ?
Même après avoir lu la fin, je ne connais pas l’identité du coupable… J’ai dû aller chercher sur le net pour essayer de comprendre ce qui a bien pu se passer. Honnêtement, le polar le plus inhabituel que j’ai jamais lu, d’une ingéniosité hors du commun.
Les personnages sont tous décrits par leurs particularités et les lieux, par des images, des sons et des odeurs. C’est toute la vie intime d’un petit village des Alpes qui défile devant nous.
Bizarre que ce livre soit resté inconnu pendant aussi longtemps, qu’il ait fallu une réédition pour que quelques lecteurs se penchent sur cette histoire.
Les éditions
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Un crime [Texte imprimé], roman Georges Bernanos postface de Michel Besnier
de Bernanos, Georges Besnier, Michel (Postface)
Phébus / Libretto (Paris. 1998)
ISBN : 9782752905437 ; 8,70 € ; 03/03/2011 ; 214 p. Poche -
Un crime de Bernanos, Georges
de Bernanos, Georges
Plon / Le livre de poche
ISBN : SANS000044129 ; 30/11/1966 ; 243 p. poche
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Un roman policier qui déroute
Critique de Cédelor (Paris, Inscrit le 5 février 2010, 54 ans) - 7 octobre 2025
Situé dans l’arrière-pays montagneux des Alpes, quelque part non loin de Grenoble, dans le petit village de Mégère, 2 crimes coup sur coup ont été commis, la nuit même où un nouveau curé est arrivé au village pour remplacer l’ancien, décédé.
À partir de là, Bernanos élabore son récit comme un roman policier. Mais ce n’est pas un roman policier classique, où à la fin, le ou les assassins sont démasqués, les mobiles dévoilés et les circonstances des crimes expliquées. Non, rien de tout cela ici. Même à la fin, rien n’est clairement expliqué. C’est au lecteur de faire preuve de sagacité au vu du récit qu’il vient de lire, de comprendre ce qui s’est passé exactement et qui est la personne coupable du ou des crimes. Voilà ce qui étonne et réjouit. Bernanos écrire ça ? en 1935 ? Et il faut bien dire que c’est diablement bien agencé !
Toute l’histoire est vue à travers 3 principaux points de vue (qui ne sont pas les seuls), découpés donc en 3 parties correspondantes, le curé de Mégère, le juge d’instruction, et l’amie de l’héritière d’une des personnes assassinées. Alors, c’est beaucoup d’allusions, de non-dits, de faits laissés dans l’ombre, de relations entre certaines personnes mal éclaircies. Et ce n’est vraiment qu’à la fin, on comprend (si on arrive à comprendre !), les tenants et aboutissants de l’ensemble.
Un roman qui déroute mais qu’on admire pour la maîtrise dont a fait preuve l’auteur pour l’écrire tel quel. Finalement, je révise mon opinion toute faite, fondée sur une grande ignorance de la variété de l’œuvre de Bernanos : il écrit sur des curés, certes mais il n’écrit pas que sur cela. À preuve ce roman où il y a bien un curé mais qui n’est pas sur un curé. Je vous engage à le lire pour bien le saisir, et attention à ne pas vous égarer !
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