L'indifférent de Laure Protat

L'indifférent de Laure Protat

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par CHALOT, le 14 novembre 2014 (Vaux le Pénil, Inscrit le 5 novembre 2009, 76 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (39 792ème position).
Visites : 3 494 

De la philosophie accessible et tellement vraie

« L’Indifférent »

Livre écrit par Laure Protat

Editions Arléa

Août 2014

278 pages

Le sens de la vie

Ce livre n’est ni un roman, ni un récit mais un texte philosophique qui se lit aussi facilement qu’un roman.

Qu’il s’agisse du fond, du rythme et de la forme, le texte fluide nous intéresse et nous passionne de la première page à la dernière.

L’auteure qui écrit là son premier « livre » interroge et interpelle notre sensibilité.

Tout commence un sinistre 20 juillet 1999 avec le suicide par arme à feu d’Hugues Protat…

Que s’est–il passé ? Pourquoi ce geste fatal ? Ce choix de laisser là son épouse et ses deux enfants dont une fille Laure, à l’aube de ses 14 ans.

Comme indiqué sur le bandeau bleu qui entoure le livre : « Nous étions sans histoire »….

Devenue adulte, Laure continue à chercher les raisons qui ont poussé son père à vouloir tout quitter.

Elle s’adresse dans son livre à son père et finit en relisant ses carnets, à trouver des réponses mais pas toutes les réponses, il reste l’intime, les questionnements et l’incompréhension de l’adolescente devenue grande :

« Avec toi, on n’avait jamais peur, jamais peur de mal faire, jamais peur des reproches, des railleries, des rancoeurs, jamais peur de ton jugement, on ne doutait jamais de toi, et l’on croyait jamais douter de soi-même. »

Qui était donc cet homme ?

La fille et son père avaient beaucoup en commun et notamment l’amour et la soif de l’écriture, voire le tourment pour le père qui est devenu petit patron dans l’immobilier alors qu’il aurait voulu être écrivain.

Oh il en a noirci des pages, il en a adressé des manuscrits à des éditeurs qui n’ont jamais répondu ou qui ont renvoyé une lettre de refus poli !

Comment se construire quand disparaît son repère principal ?

Comment accepter qu’un père puisse ainsi nous abandonner ?

C’est une question qui taraude beaucoup de proches de personnes ayant choisi de se donner la mort, sans raison apparente.

On entre ici dans l’intime de la personne, qu’elle ait volontairement disparu ou qu’elle pleure un être aimé.

Qui ne s’est pas posé les questions du sens de sa vie ?

De la difficulté de rompre, parfois à ses rêves d’enfant pour commencer une carrière qu’on n’a pas choisie …..

Ce livre ne vous laissera ni indifférent, ni consommateur.

Il vous captivera et vous plongera peut être dans la recherche de votre identité….

Il ne m’a pas laissé indemne….

Jean-François Chalot

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Les éditions

  • L'indifférent [Texte imprimé] Laure Protat
    de Protat, Laure
    Arléa / 1er mille
    ISBN : 9782363080646 ; 17,00 € ; 28/08/2014 ; 278 p. ; Broché
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A la recherche de l'identité d'un père

5 étoiles

Critique de Fanou03 (*, Inscrit le 13 mars 2011, 48 ans) - 4 mai 2015

Ce récit autobiographique est avant tout, peut-être, pour la jeune romancière qu’est Laure Protat, l’occasion de subir une catharsis, de pratiquer une thérapie, qui fixerait, pour mieux les neutraliser, les questionnements, les hypothèses et les fêlures provoquées par le décès de son père alors qu’elle allait fêter ses quatorze ans.

Le parti pris, que Laure Protat assume complètement, d’offrir cette histoire sous la forme d’une autofiction, pose la question de savoir en quoi L’indifférent est un roman, alors qu’on pourrait éventuellement le considérer comme un témoignage. La frontière est fragile. La mise en scène, l’injection de matière littéraire, une certaine façon de raconter, tous ces éléments, difficiles cependant à qualifier précisément, permettent sans doute de considérer ce récit comme un roman. En tout cas la narration s’avère troublante, mettant à la fois de la distance et de l’intimité entre le lecteur et la narratrice, qui s’avère être la romancière elle-même.

Quoi qu’il en soit, ce choix, qui interpelle, n’est pas un hasard. L’échec du père de Laure, refoulé pendant des années, quant à son ambition de devenir écrivain, émerge comme étant probablement une des causes de son suicide. On imagine que sa fille, à son tour, a porté ce projet comme un hommage au disparu, un accomplissement posthume.

La prose de Laure Protat est parfois maladroite (surtout pendant la première partie du livre), parfois également un peu bavarde ; elle parvient néanmoins à tisser, à travers l’évocation de ce père finalement mystérieux, un peu étranger au monde, au geste incompris, un récit touchant, où l’émotion affleure, tendue par la passion de la littérature et par des questions malheureusement restées sans réponse.

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