Madame de Jean-Marie Chevrier

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Pucksimberg, le 26 août 2014 (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 44 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (14 611ème position).
Visites : 2 551 

Un roman divertissant et bien ficelé.

Madame a perdu son fils alors qu'il n'avait que 14 ans, mais le même jour naît Guillaume, le fils de fermiers liés au domaine de la famille de Madame. Cette veuve aristocratique et au caractère trempé décide d'offrir une éducation décente à ce jeune homme de la campagne et le rebaptise Willy. Elle lui enseigne la grammaire, les mathématiques, la chasse ... et tisse progressivement une relation trouble qui endort et réveille violemment à la fois la douleur de la perte de son fils.

Dans ce roman règne une atmosphère mystérieuse dans ce cadre quasi médiéval qu'a choisi l'auteur. La Creuse sert de toile de fond à ce roman et l'isolement dans cette campagne focalise l'attention du lecteur sur le duo formé par la vieille femme et l'adolescent. Le lecteur s'interroge souvent sur les motivations de Madame. Il faut dire qu'elle a des réactions contradictoires, peut faire preuve d'une certaine violence parfois incompréhensible. Et puis, il y a ce rapport à la mort qu'elle a qui peut décontenancer. La mort infligée à des ragondins semble la ressourcer.

Le roman est bien écrit et le lecteur ne s'y ennuie pas une seule seconde. Il y a du rythme, des personnages qui attisent la curiosité du lecteur, des mystères qui se dissipent, des émotions fortes et troubles. Le roman n'est pas manichéen et les personnages sont ballottés par leurs émotions. On alterne tendresse et haine, bien-être et inconfort.

Un roman divertissant et bien ficelé.

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Le double et son contraire

9 étoiles

Critique de Odile93 (Epinay sur Seine, Inscrite le 20 décembre 2004, 69 ans) - 30 décembre 2016

J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce livre et je l'ai savouré jusqu'à la dernière page.
Beaucoup de descriptions, des personnages contrastés semblant capables d actes violents et puis Madame, mystique, fantasque dont le dessein se profile vraiment en toute fin de roman.
Et ce petit Willy/Guillaume, ballotté entre deux univers, attiré par Madame qu'il déteste vraiment ....?
Ce livre se lit comme un thriller, j'ai adoré, ce suspense et cette fin inattendue.

Double "je"

8 étoiles

Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 65 ans) - 2 août 2015

Guillaume est un adolescent solitaire qui s'ennuie dans le quotidien austère de la vie de fermier.
"un milieu familial borné, répétitif, rassurant, à vrai dire, si on en accepte le rituel."

Ses parents sont fermiers dans un domaine qui appartient à Madame. Vieille aristocrate solitaire et excentrique qui entreprend de parfaire l'éducation de Guillaume. Mais elle va plus loin que ça. D'abord, elle renie son prénom en l'appelant Willy, puis elle ne se contentera plus des mercredis.
Guillaume / Willy, du haut de ses 14 ans, sent que la situation dérape, s'en veut de cette dépendance qu'elle a créée.
"L'inquiétude revient le mercredi matin. Il doit retourner au château. Madame l'attend. Une part de lui s'oppose à son retour, lui suggère d'arrêter là cette relation qui le rend inquiet, instable. Mais une autre voix lui propose de poursuivre l'aventure. Il s'agit bien d'une aventure et sans cette échappée, il sait que l'ennui tomberait sur ses épaules d'enfant solitaire dans une campagne perdue.l'impression de vivre des moments si extraordinaires qu'il ne peut en parler à personne, tout cela l'excite."

C'est là que je trouve le seul bémol de ce roman. De nombreux décalages entre l'âge du héros et les situations m'ont dérangée dans une immersion parfaite de cette relation crescendo originale entre celui que l'auteur appelle un enfant et cette excentrique et autoritaire Madame de La Villonière née La Terrade.
Une très belle histoires de mères, de passé et d'avenir, d'emprise, autour de deux héros étonnants et attachants, tout cela dans une écriture raffinée et fluide.

Mouais... Pas plus que cela...

5 étoiles

Critique de Christian Palvadeau (, Inscrit le 19 janvier 2011, 59 ans) - 10 novembre 2014

Madame de La Villonière habite dans la Creuse une gentilhommière sur un domaine qui tombe en ruine. Heureusement elle possède un couple de fermier, les Berthier, qui entretient tant bien que mal. Elle a pris sous son aile leur fils Guillaume qu’elle appelle Will, pour faire son éducation. Les parents ne voient pas cela d’un bon œil mais n’osent pas trop s’opposer. Elle lui apprend l’orthographe, les mathématiques, lui fait mémoriser poèmes et prières. Il ne semble guère mature pour son âge ce jeune homme, il adore Tintin et se fait encore laver par sa mère à 14 ans ! L’attitude de Madame tantôt rigide et tantôt d’une tendresse envahissante, gluante, est trouble et lui-même est écartelé entre une certaine fidélité à ses parents et la nouveauté que Madame, pourtant furieusement anachronique, introduit dans sa vie. Pas mal mais pas plus…

Un huis clos envoûtant

9 étoiles

Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 8 novembre 2014

Madame, c’est ainsi qu’est toujours désignée dans le roman Mme de la Villonière, baronne de la Terrade, dernière descendante d’une famille noble maintenant déchue et qui vit de façon austère dans le château familial en ruines quelque part dans un coin perdu du centre de la France .

Madame a décrété qu’il lui fallait compléter l’éducation du fils de ses métayers, Guillaume, collégien, quand il a eu 13 ans. Et comme elle est la patronne, on ne peut rien lui refuser. C’est ainsi que Guillaume subit, contraint et forcé, son enseignement. Cours de grammaire, de maths, sensibilisation aux grands poèmes de la littérature, puis aux dogmes de l’Eglise, prêt des romans de Jules Verne, elle met tout en œuvre pour donner à l’enfant une éducation aristocratique. L’enfant est timide, dérouté, mais aussi fasciné « comme une grenouille devant une couleuvre prête à l’avaler » par cette femme « au grand corps osseux, aux bras trop longs, aux jambes démesurées », exigeante, autoritaire. « Cet enfant, elle le veut, il est à elle, dût-elle pour cela l’acheter comme un négrier ». Le roman laisse peu à peu deviner la raison qui préside à cette étrange relation dominant/dominé qui va insensiblement évoluer, se transformer.

Deux personnages attachants : Madame , qui « semble porter le masque d’une divinité barbare », mi-fée, mi sorcière, celle qui a le pouvoir de faire entrer l’enfant « au sourire de petit fauve » dans un monde dont elle a la clé , et cet enfant tiraillé entre l’univers « borné, répétitif , mais rassurant » de ses parents, et celui de Madame , à la fois étrange, inquiétant et fascinant comme celui d’un conte d’autrefois .

Le lecteur se voit transporté dans un univers intemporel , le plus souvent dans ce château entouré de douves dont les murs sont fissurés et les toitures en voie d’effondrement , parfois aussi dans la petite ferme des parents de Guillaume , des braves gens, taiseux dont le seul intérêt est un travail de la terre qui laisse peu de place à la modernité.

Un huis clos dont l’écriture fluide de JM Chevrier amplifie le caractère envoûtant.

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