Madame de Jean-Marie Chevrier
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Un roman divertissant et bien ficelé.
Madame a perdu son fils alors qu'il n'avait que 14 ans, mais le même jour naît Guillaume, le fils de fermiers liés au domaine de la famille de Madame. Cette veuve aristocratique et au caractère trempé décide d'offrir une éducation décente à ce jeune homme de la campagne et le rebaptise Willy. Elle lui enseigne la grammaire, les mathématiques, la chasse ... et tisse progressivement une relation trouble qui endort et réveille violemment à la fois la douleur de la perte de son fils.
Dans ce roman règne une atmosphère mystérieuse dans ce cadre quasi médiéval qu'a choisi l'auteur. La Creuse sert de toile de fond à ce roman et l'isolement dans cette campagne focalise l'attention du lecteur sur le duo formé par la vieille femme et l'adolescent. Le lecteur s'interroge souvent sur les motivations de Madame. Il faut dire qu'elle a des réactions contradictoires, peut faire preuve d'une certaine violence parfois incompréhensible. Et puis, il y a ce rapport à la mort qu'elle a qui peut décontenancer. La mort infligée à des ragondins semble la ressourcer.
Le roman est bien écrit et le lecteur ne s'y ennuie pas une seule seconde. Il y a du rythme, des personnages qui attisent la curiosité du lecteur, des mystères qui se dissipent, des émotions fortes et troubles. Le roman n'est pas manichéen et les personnages sont ballottés par leurs émotions. On alterne tendresse et haine, bien-être et inconfort.
Un roman divertissant et bien ficelé.
Les éditions
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Madame [Texte imprimé]
de Chevrier, Jean-Marie
Albin Michel
ISBN : 9782226258267 ; 16,00 € ; 20/08/2014 ; 208 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (4)
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Le double et son contraire
Critique de Odile93 (Epinay sur Seine, Inscrite le 20 décembre 2004, 69 ans) - 30 décembre 2016
Beaucoup de descriptions, des personnages contrastés semblant capables d actes violents et puis Madame, mystique, fantasque dont le dessein se profile vraiment en toute fin de roman.
Et ce petit Willy/Guillaume, ballotté entre deux univers, attiré par Madame qu'il déteste vraiment ....?
Ce livre se lit comme un thriller, j'ai adoré, ce suspense et cette fin inattendue.
Double "je"
Critique de Marvic (Normandie, Inscrite le 23 novembre 2008, 65 ans) - 2 août 2015
"un milieu familial borné, répétitif, rassurant, à vrai dire, si on en accepte le rituel."
Ses parents sont fermiers dans un domaine qui appartient à Madame. Vieille aristocrate solitaire et excentrique qui entreprend de parfaire l'éducation de Guillaume. Mais elle va plus loin que ça. D'abord, elle renie son prénom en l'appelant Willy, puis elle ne se contentera plus des mercredis.
Guillaume / Willy, du haut de ses 14 ans, sent que la situation dérape, s'en veut de cette dépendance qu'elle a créée.
"L'inquiétude revient le mercredi matin. Il doit retourner au château. Madame l'attend. Une part de lui s'oppose à son retour, lui suggère d'arrêter là cette relation qui le rend inquiet, instable. Mais une autre voix lui propose de poursuivre l'aventure. Il s'agit bien d'une aventure et sans cette échappée, il sait que l'ennui tomberait sur ses épaules d'enfant solitaire dans une campagne perdue.l'impression de vivre des moments si extraordinaires qu'il ne peut en parler à personne, tout cela l'excite."
C'est là que je trouve le seul bémol de ce roman. De nombreux décalages entre l'âge du héros et les situations m'ont dérangée dans une immersion parfaite de cette relation crescendo originale entre celui que l'auteur appelle un enfant et cette excentrique et autoritaire Madame de La Villonière née La Terrade.
Une très belle histoires de mères, de passé et d'avenir, d'emprise, autour de deux héros étonnants et attachants, tout cela dans une écriture raffinée et fluide.
Mouais... Pas plus que cela...
Critique de Christian Palvadeau (, Inscrit le 19 janvier 2011, 59 ans) - 10 novembre 2014
Un huis clos envoûtant
Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 8 novembre 2014
Madame a décrété qu’il lui fallait compléter l’éducation du fils de ses métayers, Guillaume, collégien, quand il a eu 13 ans. Et comme elle est la patronne, on ne peut rien lui refuser. C’est ainsi que Guillaume subit, contraint et forcé, son enseignement. Cours de grammaire, de maths, sensibilisation aux grands poèmes de la littérature, puis aux dogmes de l’Eglise, prêt des romans de Jules Verne, elle met tout en œuvre pour donner à l’enfant une éducation aristocratique. L’enfant est timide, dérouté, mais aussi fasciné « comme une grenouille devant une couleuvre prête à l’avaler » par cette femme « au grand corps osseux, aux bras trop longs, aux jambes démesurées », exigeante, autoritaire. « Cet enfant, elle le veut, il est à elle, dût-elle pour cela l’acheter comme un négrier ». Le roman laisse peu à peu deviner la raison qui préside à cette étrange relation dominant/dominé qui va insensiblement évoluer, se transformer.
Deux personnages attachants : Madame , qui « semble porter le masque d’une divinité barbare », mi-fée, mi sorcière, celle qui a le pouvoir de faire entrer l’enfant « au sourire de petit fauve » dans un monde dont elle a la clé , et cet enfant tiraillé entre l’univers « borné, répétitif , mais rassurant » de ses parents, et celui de Madame , à la fois étrange, inquiétant et fascinant comme celui d’un conte d’autrefois .
Le lecteur se voit transporté dans un univers intemporel , le plus souvent dans ce château entouré de douves dont les murs sont fissurés et les toitures en voie d’effondrement , parfois aussi dans la petite ferme des parents de Guillaume , des braves gens, taiseux dont le seul intérêt est un travail de la terre qui laisse peu de place à la modernité.
Un huis clos dont l’écriture fluide de JM Chevrier amplifie le caractère envoûtant.
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