Les cochons au paradis de Barbara Kingsolver

Les cochons au paradis de Barbara Kingsolver
( Pigs in heaven)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Darius, le 28 octobre 2003 (Bruxelles, Inscrite le 16 mars 2001, - ans)
La note : 6 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 012ème position).
Visites : 5 830  (depuis Novembre 2007)

Au pays des Indiens Cherokee

Taylor, une jeune femme célibataire, découvre une petite fille de 3 ans, d’origine indienne, abandonnée dans sa voiture.
Blessée, traumatisée, violentée, abusée sexuellement, Taylor décide de la garder et de l’adopter. Une relation fusionnelle s’installe entre la maman d’adoption et "Turtle" la petite fille.
Lors d’un voyage à deux, la petite fille sauve un homme de la mort. Les Américains, friands d'actes héroïques, l’invitent illico à passer à l'émission de la très médiatique Oprah Winfrey.
A partir de ce moment, les choses vont se gâter pour Taylor et Turtle. En effet, parmi les 100 millions d’Américains qui ont visionné l’émission se trouve une avocate indienne, oeuvrant pour la défense des droits des Indiens. Et que dit ce droit ? Il est interdit d’enlever un enfant indien à sa tribu. S'il est abandonné, il sera pris en charge par la tribu, et sûrement pas par un Blanc.
Voilà notre avocate à la chasse de cette mère usurpatrice qui, prenant peur et voulant sauver son enfant, s'enfuit et vit, plutôt mal que bien dans sa voiture avec sa fille. La grand-mère, Alice, s'en mêle et finit par découvrir que, finalement, elle a elle-même peut-être bien du sang indien dans les veines. Reste plus qu'à aller s'enregistrer comme Indienne.
Et comble de hasard, ne voilà-t-il pas que dans ses pérégrinations, elle rencontre un Indien charmant qui n’est autre que le grand-père de la petite fille abandonnée ?
Grâce à ce récit, l’auteure nous promène dans l’univers des Indiens Cherokee aux Etats-Unis. On fait la fête, on s'amuse, on est solidaire, on fabrique plein d’enfants, enfants qui appartiennent à tout le monde.
Mais voilà, il y a un bémol dans ce roman. On nous dépeint un univers indien paradisiaque.
Et çà ne colle pas du tout avec la réalité du récit, puisque cette petite Indienne, abandonnée à 3 ans et horriblement abusée n’a pas l’air de les heurter plus que cela !
Pourtant, le grand-père de la petite savait que sa fille avait mis au monde une enfant de père inconnu, que la mère était décédée dans un accident, que l’enfant avait été confiée à son autre fille, une alcoolique qui vivait avec un homme violent, et que l’enfant avait finit par disparaître, lâchement abandonnée sur une bretelle d’autoroute dans une voiture inconnue.
Et personne, même pas le grand-père n’avait levé le petit doigt… Trois ans plus tard, alors que l’enfant a pu se reconstituer sous les soins attentifs de sa mère adoptive, elle doit partir vers un autre destin…. Mais bon, tout finira par s’arranger, la grand-mère adoptive va épouser le grand-père biologique et tout sera bien qui finira bien.
Un peu idyllique, non ?
Parait que Barbara Kingsolver est une femme engagée. Elle se retrouve dans tous les combats, de la défense des droits de l'homme à la défense des Indiens, en passant par l’écologie et le féminisme. Mais le résultat est parfois maladroit, du moins si je me fie à ce récit. Puis, après tout, je me demande pourquoi elle a choisit de nous proposer une petite fille battue et abusée au lieu de tout simplement une petite fille abandonnée ?
Est-ce pour donner plus de poids à la valeur de l'amour de Taylor, la mère adoptive ?
Mais cela ajoute comme une fausse note dans cet univers idyllique des Indiens Cherokee.
Personnellement, je trouve l'auteure beaucoup trop discrète sur la vraie vie des Indiens. Ce n'est pas un mauvais roman, mais je le trouve un peu superficiel.

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Magnifique et bouleversant

10 étoiles

Critique de Norway (Entre le Rhin, la Méditerranée et les Alpes !, Inscrite le 7 septembre 2004, 48 ans) - 21 septembre 2004

Facile a lire, mais ecriture superbe et fluide. Histoire interessante et bouleversante.
Je n'ai qu'un conseil c'est de lire ce livre car vous apprendrez comment les indiens vivent. C'est un roman tres bien documente.

Je ne suis pas trop d'accord avec la critique de Darius

7 étoiles

Critique de Heyrike (Eure, Inscrit le 19 septembre 2002, 56 ans) - 2 juin 2004

Pour Taylor Greer, qui n'a pas connue son père et a été élevée uniquement par sa mère, la rencontre avec Turtle agi comme un éveil à la conscience maternelle, qui petit à petit va tisser des liens affectifs indestructibles entre elles. Formant, sans que Taylor s'en rende vraiment compte au début, l'embryon d'une famille. Il lui faudra accomplir un long voyage pour découvrir que les amis qu'elle a laissés à Tucson sont ceux qui constituent, avec sa mère et Turtle évidemment, sa seule famille.

Au cours de ce voyage elle fait la connaissance de Barbie, une jeune fille anorexique et braqueuse de casinos, obsédée par l'idée d'être en tout point semblable à la célèbre poupée. Perdue dans un monde saturé d'icônes surréalistes, elle ne parvient à survivre qu'à travers un rêve schizophrénique.

L'avocate indienne, Annawake Fourkiller, ne prend pas en chasse Taylor, elle s'efforce seulement de faire comprendre à Taylor qu'il est très important pour Turtle de connaître ses origines et surtout de conserver la mémoire de ses racines. Elle sait que la loi peut lui permettre de contraindre Taylor à rendre la petite fille à sa tribu, mais, petit à petit, elle finit par comprendre qu'il est impossible d'arracher l'enfant à sa mère adoptive sans provoquer un drame affectif. Pour Annawake cette histoire revêt un caractère personnel, car elle-même a eu à souffrir d'une séparation. Alors qu'elle était enfant, sa famille fut liquidée par les services sociaux et son frère jumeau, Gabriel, fut adopté par une famille Texane. Ils l'inscrivirent dans une école composée essentiellement de petits Mexicains, en lui demandant de ne pas révéler son indianité. Parce qu'il ne comprenait pas les professeurs qui lui parlaient en espagnol il échoua à l'école. Jusqu'au jour où ses parents adoptifs lui déclarèrent qu'il les décevait. A 15 ans il est complice d'un vol a main armée. Depuis, lorsque Annawake souhaite avoir des nouvelles de son frère, elle contacte la prison.

Non, Alice et Taylor ne découvrent pas soudainement qu'elles ont du sang Cherokee (un huitième exactement), ceci est clairement dit dans le premier volume, "L'arbre aux haricots", et dés les premières pages. Seulement elles ont toujours considérées que rien ne pouvait moralement légitimer une quelconque revendication d'appartenance à cette culture. Et c'est pour cela qu'Alice a beaucoup de scrupule à accepter de se faire enregistrer comme indienne lorsque l'occasion se présente. D'ailleurs a ce sujet il faut savoir que la plupart des tribus indiennes ont toujours intégré, sans aucunes restrictions quant à la couleur et/ou à l'ethnie, tous ceux qui acceptaient d'adopter leurs us et coutumes. Ce qui est d'autant plus vrai pour la nation Cherokee, dont beaucoup de membres non pas forcément de sang indien. Souvent quand des américains tentent de s'accaparer des ancêtres indiens ils choisissent par commodité la nation Cherokee, car après plusieurs décennies de mélange, il n'est pas toujours facile pour un Cherokee aujourd'hui de prouver qu'il est de sang pur.

Et non, il ne me semble pas que l'auteure est eu l'envie de dépeindre un univers indien paradisiaque. Bien au contraire il est question de la difficulté à maintenir la cohésion au sein d'une communauté qui lutte, après bien des souffrances indescriptibles, pour préserver leur identité culturelle et spirituelle. L'alcool aidant, il arrive malheureusement souvent que des membres de la tribu se laissent gangrenés par les maux de l'homme blanc, et que pour eux le cercle soit définitivement brisé. Ce roman propose un aperçu d'une société qui est loin d'être un melting-pot béni par dieu, comme aimerait le faire croire nombre de propagandiste de tout poil.

Tous les personnages, dont la détresse latente est le ressort d'une affliction indicible, aspirent désespérément à reconquérir une partie d'eux-mêmes qui semble s'être volatilisé dans le ciel bleu azur d'une Amérique aux rêves avortés. Il est vrai que l'on peut avoir l'impression que l'intrigue est un peu cousue de fil blanc et que le dénouement est facile, mais le sujet principal reste avant tout le récit de destins qui s'entrecroisent et forment un tableau, certes incomplet, d'une société en mal d'identité. Un bon roman à l'humour caustique et au ton quelquefois un peu désabusé, mais qui porte l'espoir au-delà des souffrances comme pour signifier que rien ne doit entraver l'amour et la dignité dans leurs conquêtes des âmes en détresse.

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