Des civils et des piottes

Cet ouvrage, très largement illustré, constitue un apport capital à la connaissance par les jeunes d’un aspect de la Première Guerre mondiale à savoir celui qui concerne les soldats et civils belges. Presque chaque page traite d’un point particulier de façon très pédagogique (on s’accorde parfois 2 ou 3 pages pour un même sujet). Parmi les sujets: pourquoi la guerre, Sarajevo le prétexte, l’ultimatum allemand, la résistance de Liège, les massacres, , la bataille des casques d’argent, le dernier carré (comprendre le réduit des Flandres), la vie des tranchées, la Belgique occupée, la victoire, bilan et conséquences...

La recherche iconographique est remarquable, tant en quantité qu’en qualité. Une illustration aurait été toutefois bienvenue, afin de fixer cet aspect non négligeable et moins connu, pour la phrase :

« Certains ouvriers sont obligés d’aller en Allemagne pour y travailler » (page 28)

On peut regretter un manque de rigueur dans les cartes: celle de la page 8, montrant les premières vagues des armées allemandes attaquant la Belgique, est faite avec les frontières acquises après le Traité de Versailles (donc cantons rédimés en plus) ainsi que celle de la page 4 qui manque d’une légende et au contenu fort arbitraire et approximatif pour ce qui semble les minorités nationales. Il s’agit toutefois de deux points de détail qui n’amèneront pas de fausse information dans l’esprit de l’enfant.

Est par contre un peu plus gênant le fait que l’Italie soit présentée sur une carte comme alliée de l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie ce qui est vrai en août 1914, mais il aurait fallu placer soit une autre carte, soit une phrase dans le texte précisant que l’Italie se déclare d’abord neutre puis rejoint le camp adverse, du côté de la Belgique et de la France.

Par ailleurs page 33 le jeune lecteur retiendra que ceux qui ont imposé un tel contenu au Traité de Versailles (contenu d’ailleurs non précisé) sont responsables de l’arrivée des nazis au pouvoir en Allemagne. Les conséquences de la crise financière de 1929 auraient mérité d’être mentionnées. Une courte phrase parle de Belges réfugiés aux Pays-Bas, alors qu'on attendait sinon le chiffre global de 1 500 000 Belges réfugiés (soit 20% de la population) qui semble excessif (mais peut s'expliquer) tout au moins une illustration sur le sujet. Vient d'ailleurs de sortir fin mai 2014 "Le premier exode: la Grande Guerre des réfugiés belges en France" chez Vendémiaire qui donne ce chiffre de 1 500 000 (voir notre critique du livre en question pour l'éclairer) et rappelle que 300 000 sujets d'outre-quiévrain s'étaient réfugiés en France et que le gouvernement belge siégeait à Sainte-Adresse en Normandie.

"La guerre 14-18 en Belgique" est un ouvrage qui trouve un très heureux complément dans la lecture de "Pipo chien de guerre" une fiction plutôt pour les 6-10 ans (avec une action durant la Grande Guerre en Belgique). Toutefois vu l’importance des informations historiques fournies dans "La guerre 14-18 en Belgique", ce dernier titre doit être réservé à des jeunes lecteurs de 9 ans et plus. Pour l’adulte qui souhaiterait en savoir plus, signalons le très bon ouvrage "La Belgique et la Grande Guerre" de Michaël Bourlet que nous avons présenté sur ce site. Rappelons enfin que le "piotte" est l'équivalent du "poilu" pour les Belges.

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  La guerre 14-18 en Belgique

  de P., David Le Clercq, Alain
  Editions Je Réussis
  ISBN : 9782875330246 ; EUR 14,90 ; 24/10/2013 ; 64 p. ; Broché

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