Khadija de Marek Halter

Khadija de Marek Halter

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Ddh, le 6 juin 2014 (Mouscron, Inscrit le 16 octobre 2005, 82 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (14 689ème position).
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Avant l'Islam à La Mecque

Khadija, une riche veuve, est une jolie femme bien en vue à La Mecque. Mais pas de descendance. Un prétendant se présente, riche et puissant, Abu Sofyan. Ses visées sont-elles nobles ?
Marek Halter, d’origine juive polonaise, est naturalisé français ; il milite pour le respect des droits de l’homme, contre le racisme et l’antisémitisme, pour la paix au Proche-Orient. Il a écrit de nombreux ouvrages sur le peuple juif. Ici, l’auteur nous fait découvrir les prémices de l’Islam.
Khadija bint Khowaylid est la veuve d’Ammar al Khattab, un riche marchand. Elle a repris les affaires en mains et ce n’est pas simple pour une femme, car à la ma’la, l’assemblée des puissants d’Al Mekka (la Mecque), seuls les hommes ont voix au chapitre. Les clans s’y affrontent. Mais Khadija sait se faire aider. Elle peut compter sur les bons conseils de sa cousine Muhavija. Elle est entourée d’Abdonaï, un esclave perse affranchi qui assure l’intendance, de sages lettrés comme son cousin Warakà et Zayd, un jeune esclave qui sera adopté comme fils par Muhammad. Ce Muhammad (Mahomet) constitue le deuxième personnage central puisqu’il se rapproche intimement de Khadija.
Les croyances polythéistes sont de mise à cette époque avec Hobal et Al’lat comme têtes de proue. La Pierre Noire de la Ka’ba est nichée dans un angle du temple ; elle est vénérée et pour être protégés des dieux, les pèlerins tournent 7 fois autour d’elle.
Le lecteur est pris par la lecture de ce roman. De courts chapitres s’égrainent et la fin de chacun d’eux anticipe la suite. Il se dégage aussi des élans poétiques ; on se croirait parfois dans un conte des mille-et-une nuits !

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La femme qui fit le prophète

8 étoiles

Critique de Ellane92 (Boulogne-Billancourt, Inscrite le 26 avril 2012, 48 ans) - 24 novembre 2014

Khadija bint Khowaylid a presque tout pour elle : la trentaine, belle encore, elle est veuve, et riche d'un grand commerce qui voyage sous forme de caravanes et apporte les denrées rares et précieuses à Mekka. Mais son statut de femme ne lui permet pas de prendre place à la ma'la, l'assemblée qui dirige la ville, et la contraint à louvoyer avec son cousin, le puissant Abu Sofyan, qui aimerait en faire sa quatrième femme et mettre la main sur ses chameaux et ce qu'ils transportent.
Bien que dans une position pas toujours simple, les pensées de Khadija ont du mal à s'éloigner du jeune homme, Muhammad, auquel elle a confié sa dernière caravane. Il est jeune, vingt ans à peine, illettré, et est le neveu d'un petit commerçant de Mekka, à savoir pas grand-chose. S'il n'y avait ces dix ans entre eux, elle en ferait avec joie un homme riche et puissant, qui représenterait leurs intérêts à la Ma'la.
Pour la première fois de sa vie, Muhammad s'est vu confier la charge de ramener intègre sa première caravane. Entouré d'hommes d'expérience, il a ceci dit préparé un piège dans le cas assez probable d'une attaque qui ne manque pas d'arriver. Se battant avec courage et sauvant les biens de sa patronne, il ne tarde pas à se rendre compte que ce sont des hommes d'Abu Sofyan qui sont à l'origine de l'attaque !

Soyons honnête : avant de lire Khadija, je n'avais jamais lu Malek Halter. Je connaissais l'homme de paix, qui a œuvré pour rapprocher les hommes à la tête d'Israël et de Palestine, l'homme de tolérance, qui a participé à la création de SOS racisme. J'avais également entendu parler des polémiques autour du fait qu'il s'appropriait les épisodes de vie d'autres personnes pour en rendre compte en son nom, dans La mémoire d'Abraham (mais bon, comme il le dit lui-même, il écrit de la fiction…).
J'ai été assez étonnée par cette lecture. D'abord, j'ai cru avoir affaire avec un mauvais roman à l'eau de rose, en présence de cette Khadija qui ne pensait qu'à son (manque de) charme et au beau Muhammad. Mais c'était le temps de planter le décor, de faire connaissance avec les personnages qui l'entourent, le contexte social et politique de la Mekka (La Mecque) avec son lot de partis opposants, d'attaques sournoises, d'alliances cachées, et sa galerie de dieux auxquels on sacrifie assez souvent nourriture et dévotion.
J'ai été donc étonnée par cette entrée en matière, et ce qui m'a sauté aux yeux juste après, c'est l'incroyable modernité de cette femme, qui veut être aimée pour ce qu'elle est, qui est forte et courageuse, tendre et sensuelle, sage et aimante, et qui veut à la fois être mère et épouse, et conserver l'indépendance de son commerce. Enfin, j'ai été étonnée de découvrir en Muhammad un homme. Un homme bien, aimant et aimé, s'occupant de son commerce et de ses enfants, courageux et intelligent. C'est toujours étonnant de se dire qu'avant d'être le Prophète, il était époux, père et caravanier. Bien sûr, on a affaire à une fiction, à un récit romancé, mais il n'est peut-être pas inutile de rappeler que certains ont été des hommes normaux avant d'être des hommes de dieu.
Si j'ai trouvé que le récit manquait parfois de consistance, l'écriture de Marek Halter est très fluide, enchevêtrant les actes et pensées de Khadija et Muhammad, de leurs enfants, compagnons et amis, vers la destinée du Prophète qui jettera les fausses idoles de leur socle et aura la révélation de la parole divine.
En un contexte mondial difficile, quand les amalgames entre musulmans et intégristes sont légions, quand des enfants sont enlevées pour être vendues, quand les exécutions sont sommaires et les conflits interminables, les civils bombardés, le Khadija de Malek Halter est une voix qui porte encore et toujours vers la vie, la modernité, la tolérance et la piété, une petite pierre courageuse (j'ai du mal à imaginer l'accueil de ce livre dans la communauté musulmane) à l'édifice de la paix, et un rappel de l'héritage de Khadija, la femme qui fit le Prophète, sur l'importance et de la place de la femme.



- L'homme se trompe en comptant ses chameaux, ses femmes et ses espoirs. Pourquoi ne se tromperait-il pas sur les dieux ?

- Demain à l'aube, tu retourneras dans la grotte. Peut-être retrouveras-tu Celui qui t'est apparu. Et moi, dès que tu seras prêt, je ferai venir des scribes. Tu leur réciteras ce que l'ange t'aura dit et ils traceront tes mots avec des calames sur des feuilles de palmier et des pierres plates. Ainsi nous aurons, nous aussi, comme les chrétiens et les Juifs, notre livre.

L'épouse de Mahomet

8 étoiles

Critique de Pascale Ew. (, Inscrite le 8 septembre 2006, 56 ans) - 12 août 2014

Khadija bint Khowaylid est une riche veuve qui vit à Mekka. Malgré qu’elle jouisse de son indépendance et de sa puissance, elle tombe amoureuse d’un jeune homme de dix ans son cadet, d'origine modeste, qui vient de sauver une de ses caravanes contre des pillards. Il s’appelle Muhammad ibn Adballâh.
Khadija et leur maisonnée révèrent les dieux Hobal et Allat en faisant des offrandes sur des autels à la maison et à la ka’bâ (contenant la pierre noire) autour de laquelle les habitants de Mekka et des pèlerins tournent sept fois. Cette coutume remonte à Ibrahim (Abraham) qui était monté sept fois sur les collines de Safâ et Marwa pour trouver de l’eau et un endroit où habiter. J’ai également appris que le ramadan existait déjà en temps-là également.
Ce récit est très plaisant à lire. J’espérais apprendre les origines de l’islam, mais apparemment, il faudra attendre le tome suivant… En tous cas, Marek Halter nous dépeint un homme bon, sage, fidèle à sa femme et à ses engagements, qui traite les femmes sur un pied d’égalité et avec une grande bonté et auquel la violence répugne.

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