Guide du Nord-Pas-de-Calais 1914-1918 : lieux de combat et de mémoire de Jean-Pascal Soudagne

Guide du Nord-Pas-de-Calais 1914-1918 : lieux de combat et de mémoire de Jean-Pascal Soudagne

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Histoire , Sciences humaines et exactes => Essais

Critiqué par JulesRomans, le 21 décembre 2013 (Nantes, Inscrit le 29 juillet 2012, 66 ans)
La note : 8 étoiles
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Ch'est au mitan de l'cheriche qu'in muche el'noyau (proverbe ch'ti)

Voilà un excellent guide pour parcourir dans un objectif de tourisme de mémoire, les deux départements de la région française la plus septentrionale.

Il y manque toutefois un index au minimum des lieux (voire des personnes), ce qui aurait permis de voir rapidement par exemple où était présenté le parc mémoriel australien de Fromelles (page 99) et que le coin de Couin a été malheureusement oublié. En effet un Mémorial aux animaux morts pendant les guerres a été édifié à Couin, entre Arras et Amiens, à la limite des deux départements (Somme et Pas-de-Calais) mais dans la région Nord-Pas-de-Calais. Deux plaques de marbre dédiées aux animaux victimes de la Grande Guerre avec représentation d'animaux (chien, pigeon, ânes, cheval et mulet) avec l'inscription :

"Ne les oublions pas !"

Plusieurs secteurs géographiques sont traités. Ce sont ceux d’Arras, Bapaume, Cambrai, le littoral de Calais à Montreuil, divers sites du Hainaut et de Flandre dont Ors où est enterré le poète britannique Wilfred Owen mort le 4 novembre 1918 sur les rives du canal. Il est connu pour ce poème "Hymne à la Jeunesse condamnée" :

« Quel glas sonne pour ceux qui meurent comme du bétail ?
Seule, la colère monstrueuse des canons,
Seul, le crépitement rapide des fusils hoquetants
Peuvent ponctuer leurs oraisons hâtives,
Pour eux, pas de prières ni de cloches dérisoires,
Nulle voix endeuillée hormis les chœurs, —
Les chœurs suraigus et démentiels des obus gémissants ;
Et les clairons appelant pour eux depuis de tristes comtés.

Quelles chandelles seront tenues pour leur souhaiter bon vent ?
Non dans la main des garçons, mais dans leurs yeux,
Brilleront les lueurs sacrées des adieux,
La pâleur du front des filles sera leur linceul,
Leurs fleurs, la tendresse d'esprits silencieux,
Et chaque long crépuscule, un rideau qui se clôt ».

John McCrae, médecin-colonel canadien, auteur du poème "In Flanders Fields", est lui décédé à Wimereux au nord de Boulogne-sur-Mer. En voici également la traduction :

« Dans les champs de Flandres, les coquelicots ondulent
Entre les croix alignées
Qui marquent notre place; et dans le ciel
Les alouettes chantent toujours bravement, volent
On les entend à peine au milieu des tirs en dessous
Nous sommes les morts. Il y a peu de temps
Nous vivions, ressentions l'aube, regardions la lueur du soleil couchant
Nous aimions et nous étions aimés et maintenant nous sommes allongés
Dans les champs de Flandres.
Reprenez notre querelle avec l'ennemi :
Que nous vous envoyons de nos mains défaillantes
Il vous appartiendra de tenir la torche élevée
Si vous brisez la foi qui avec nous se meurt
Nous ne dormirons pas, pourtant les coquelicots poussent
Dans les champs de Flandres ».

Quatre circuits thématiques sont proposés: le front, le littoral, la guerre de mouvement, la reconstruction. Ce dernier point est très bien venu car il permet de mesurer certaines conséquences de la Première Guerre mondiale. Les illustrations sont de belle taille et prises sous des angles pédagogiques.

Parmi les photographies on retiendra à la page 75 le monument aux morts portugais à La Couture intéressant tant par sa dimension historique qu’artistique (une femme représentant la patrie avec l’épée d’un héros légendaire devant des ruines d’église gothique), aux pages 28-29 la carrière Wellington où des tunneliers néo-zélandais réalisèrent un réseau souterrain d’une longueur totale de 20 km, le caribou de bronze de Monchy-le-Perreux à la page 34.

Les civils ne sont pas oubliés avec le cimetière des travailleurs chinois de Saint-Étienne-du-Mont à la page 113, Émilienne Moreau récente habitante de Loos-en-Gohelle à l’été 1914 qui abat l’année suivante quatre soldats allemands alors qu’elle n’est âgée que de 17 ans, les députés Taillandier et Raoul Briquet (ce dernier a pour secrétaire un futur beau-frère d’Émilienne Moreau) morts dans l’explosion de la mairie de Bapaume.

Cet ouvrage devrait trouver sa place dans tous les centres de documentation des collèges et lycées de la région Nord-Pas-de-Calais. Il est complété pour le sud par "Guide de la Somme 1914-1918" chez le même éditeur et pour outre-quiévrain par l’excellent livre "Sur les traces de 14-18 en Wallonie. La mémoire du patrimoine" de Daniel Conraads et Dominique Nahoé.

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