Bleak House de Charles Dickens

Bleak House de Charles Dickens
(Bleak House)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Poet75, le 25 septembre 2013 (Paris, Inscrit le 13 janvier 2006, 67 ans)
La note : 4 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (24 176ème position).
Visites : 5 191 

Roman mineur

Content d'en avoir fini avec "Bleak House" qu'en fin de compte il faut bien considérer comme un roman mineur de Charles Dickens. Cette oeuvre malheureusement souffre d'au moins trois gros défauts:
- la multiplicité des personnages. C'est comme si Dickens ne savait pas comment relancer son histoire et que, pour ce faire, il n'avait pour solution que d'inventer sans cesse de nouveaux personnages.
- une intrigue complexe et guère passionnante.
- malgré leur nombre important, le manque de personnages intéressants. Tous sont assez fades, sans reliefs. Or c'est la force de Dickens dans beaucoup d'autres de ses romans que d'avoir su inventer des personnages hauts en couleur, inoubliables. Ici ce n'est pas le cas.
C'est donc un roman plutôt terne que je me hâterai d'oublier!

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L’univers romanesque de Charles Dickens…

10 étoiles

Critique de FranBlan (Montréal, Québec, Inscrite le 28 août 2004, 81 ans) - 12 avril 2014

Il y a quelques semaines, pour la première fois et pour mon plus grand bonheur, j’ai enfin pénétré dans l’univers romanesque de Dickens, qui déjà à vingt-cinq ans suite à la publication de son deuxième roman, «The Pickwick Papers», était l’auteur le plus populaire de toute l’Angleterre et qui le demeura jusqu’à son décès, à cinquante-huit ans, en 1870; pour moi, cette aventure littéraire se compare sans aucun doute à la forme d'un enchantement, semblable à celui d’Alice, pénétrant dans le mythique jardin des merveilles!
Près de cent cinquante ans plus tard, le dynamisme, le divertissement, la puissance, la sensibilité qui se dégagent de l’ensemble de l’oeuvre de Dickens, demeurent de toute évidence inégalés, dans la littérature anglaise tout au moins!

L’auteur aura travaillé deux ans ferme sur Bleak House, son neuvième roman publié d'abord en vingt feuilletons entre mars 1852 et septembre 1853, genre inauguré par lui-même en 1836, format contraignant mais qui lui permet de réagir rapidement, quitte à modifier l'action et les personnages en cours de route, puis en un volume en 1853; mais son premier grand roman panoramique où il décrit l'Angleterre comme une «bleak house», c'est-à-dire une demeure de désolation, que ravage un système judiciaire irresponsable et vénal, incarné par le chancelier, engoncé dans sa gloire « embrumée » de la Chancellerie.

La complexité du sujet, les innombrables personnages tourbillonnant autour de «Jarndyce vs Jarndyce», illustre victime de l’impitoyable engrenage de la Chancellerie durant des décennies, font de Bleak House, pour une multitude de lecteurs en dépit de ce que d’autres peuvent en déduire, la plus grande oeuvre de Dickens.

Une attaque géniale contre un système judiciaire irresponsable qu’il a qualifié personnellement dans une lettre adressée à un journaliste britannique et ami proche: « Je crois que l'Ogre représente l'incarnation de la Loi, broyant les os du pauvre bougre pour s'alimenter », un système heureusement, déjà en voie d’une modification majeure; son humour, sa satire des mœurs, des caractères et, disons-le d’une sotte philanthropie, en plus d’un drame poignant, et de l'une des grandes originalités de ce roman du fait d’utiliser deux narrateurs, l'un à la troisième personne rendant compte des démêlés de la loi et du beau monde, l'autre, à la première personne, incarné par Esther Summerson qui raconte son histoire personnelle. Par le stratagème de la double narration, jugé audacieux à l’époque, Dickens lie, tout en les opposant, l'expérience domestique d'Esther aux grands problèmes publics.

Bref, tous les éléments cités plus haut, plus une foule d’autres, m’ont personnellement éblouie, émerveillée et surtout fascinée tout au long des huit cent pages de lecture qui émanent de ce formidable roman, d’un non moins formidable auteur, créateur d’une oeuvre immortelle.

N.B. Lu en version originale anglaise

Bleak House enfin en poche

10 étoiles

Critique de TIKIKI (, Inscrit le 5 décembre 2013, 71 ans) - 5 décembre 2013

Je suis loin d'être d'accord avec la critique initiale de ce livre.
L’art d’écrire (des romans) est un art très futile s’il n’implique de voir le monde comme un potentiel de fiction. Hasards et coïncidences s’imbriquent dans la création d’un monde nouveau. C’est pour cela qu’il faut voir les grands romans comme de merveilleux contes de fées. Si les grands romans sont de grands contes de fées, Dickens, quant à lui, est un enchanteur. Assurément, pour un lecteur d’aujourd’hui,

Tant est considérable le foisonnement des idées, le nombre des thèmes abordés et riche la qualité narrative de Dickens, qu’il serait malaisé de résumer l’histoire sans s’étendre sur plusieurs dizaines de pages. Disons qu’elle se compose de deux intrigues distinctes, l’une dans la plus pure tradition de l’auteur qui met en scène un homme généreux et excentrique, John Jarndyce, entouré de ses pupilles. Ils vont d’une ville à l’autre rencontrent sans cesse de nouveaux personnages excentriques et loufoques.
A côté de cette intrigue une seconde, sombre et serrée, policière et criminelle, dont on ressent la très nette influence de son ami Wilkie Collins. Mais avant tout Bleak House est un fantastique roman noir. Noir comme « la fumée (qui) tombe des tuyaux de cheminée, bruine molle et noire, traversée de petites pelotes de suie » sur un Londres froid et venteux de novembre. Brouillard partout où se dessinent confusément quelques becs de gaz. « L’âpreté de l’air, la densité du brouillard, la boue des rues atteignent leur point culminant aux alentours (…) de Lincoln’ Inn Hall où, au cœur même du brouillard siège (…) la Haute Cour de Chancellerie. Par ces bribes d’extraits de la fantastique description de Londres sous le brouillard qui ouvre le roman, le ton est donné à cette puissante satire de la coûteuse et ruineuse Haute Cour de Chancellerie, aussi brumeuse, noire et assassine que le brouillard qui l’environne.. Mais au-delà de cette sombre histoire juridique qui conduira à la ruine et à la mort plus d’un individu. Le livre est plein de scènes cruelles et barbares. Neuf personnages de premier plan meurent de façons diverses : l’un sera assassiné, les autres succombent à la phtisie, à la douleur, au remords, à la folie ou à la paralysie; l'un d'eux, Krook, finira de façon « extraordinaire » et partira en fumée comme des particules de suie grasses qui inondent la ville.
Les deux titres choisis par la traductrice ne sont pas heureux. je reste quant à moi attaché à celui de « Bleak House » qui comme l’ensemble des choses inanimées dégagent une atmosphère qui finit par vous obséder : les vieilles maisons décrépites sont à jamais marquées par les souvenirs des anciens crimes; les ruelles sales et les impasses repoussantes sont fréquentées par des bandits ou sont le théâtre de morts violentes, et les portes et les fenêtres, les cheminées ou les statues finissent par prendre un aspect sinistre.
Il est heureux qu’enfin celui-ci soit disponible que dans une collection de poche absente, hélas des illustrations originales.

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