J'aime pas Facebook de Ippolita

J'aime pas Facebook de Ippolita
(Nell'acquario di Facebook)

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités

Critiqué par Bolcho, le 27 mai 2013 (Bruxelles, Inscrit le 20 octobre 2001, 75 ans)
La note : 8 étoiles
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J'aime les critiques sur Facebook...


Ce livre n'est pas une dénonciation passéiste, un rien benoîte, des nouveaux réseaux sociaux, mais s'appuie au contraire sur une argumentation très pointue, intellectuellement exigeante, qui va chercher dans l'univers de la philosophie, de la sociologie, de la réflexion politique et des neurosciences.
Je souligne quelques passages parmi bien d'autres.

Facebook et la « pornographie émotionnelle ». Comme dans les « reality shows », « on se sent célèbre même quand on est un illustre inconnu ». En fait, « nous contrôlons que nous existons ».

Les succédanés de présence éloignent la réalité et tendent à s'y substituer (y compris par le biais du téléphone portable). Référence à Illitch (La Convivialité).

Facebook est « soutenu et financé par l'extrême-droite états-unienne, les libertariens », qui mettent en avant l'individu triomphant. « (...) le libertarianisme se fonde sur une définition particulièrement pauvre et déformée du concept de liberté, afin de justifier l'avidité ». C'est vrai aussi des partis pirates, de Wikileaks et d'Assange qui postulent « que la vérité est unique, parce que les données parlent d'elles-mêmes ».

Or, « paradoxalement, quand nous avons trop de données, nous ne trouvons plus aucun sens ».

« Un algorithme nous dira ce que nous voulons vraiment. Il nous conseille déjà sur le livre à acheter sur Amazon, il corrige nos recherches sur Google, nous suggère un nouveau film à aller voir (...). C'est un algorithme qui désigne nos amis potentiels sur Facebook (...). Il ne sera plus nécessaire de désirer quoi que ce soit, l'algorithme voit et prévoit pour nous ».

Les progressistes, face aux critiques radicales sur Facebook, diront parfois que « tout instrument peut être utilisé de façon révolutionnaire ».
« Toutefois, dans l'aquarium de Facebook, nous sommes constamment bombardés par des stimuli d'information. Dans cette pluie de messages, le contenu politique se mêle à tous les autres sujets, il ne possède pas, et ne possédera jamais, un espace d'autonomie. Le rapport d'un à un grand nombre, l'illusion de la diffusion à portée de clic, ne doit pas faire oublier le bruit blanc que provoque le bavardage perpétuel. L'événement révolutionnaire sera oublié, enfoui dans le présent éternel de la prise directe. Sans mémoire, sans témoignage. »

De plus, les usages non progressistes des nouveaux réseaux sociaux emportent la mise :« Dans l'ensemble, Internet a justement apporté à de nombreuses sociétés autoritaires le type de distraction que les personnes recherchent pour fuir une réalité décevante : pornographie de bas étage, ragots, feuilletons télévisés inoffensifs, quiz, jeux de hasard, jeux vidéo, dialogues en ligne pour permettre aux cœurs solitaires de faire des rencontres, forums pour parler des sujets apolitiques sous le contrôle du gouvernement. C'est exactement le type de distractions qui permet aux citoyens des régimes démocratiques d'échapper à leur réalité. »

Et les conséquences sont dévastatrices :« Le cerveau est un muscle qui, à force d'être nourri de relations superficielles, génère des hypertrophies malsaines tout en perdant, par ailleurs, d'autres capacités. De la même façon que la malbouffe est une drogue capable de dérégler le métabolisme, les « communications déchets » polluent les corps et il est difficile de récupérer les capacités perdues. »

« C'est (...) le moment de prendre un peu de distance par rapport aux médias sociaux, d'éteindre l'ordinateur et de sortir dans la rue pour commencer à construire des réseaux sociaux différents ».

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Les éditions

  • J'aime pas Facebook [Texte imprimé] Ippolita traduit de l'italien par Isabelle Felici
    de Felici, Isabelle (Traducteur)
    Payot & Rivages / Manuels Payot (Paris)
    ISBN : 9782228907828 ; 20,00 € ; 19/09/2012 ; 300 p. ; Relié
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