Péril jaune sur le Rhône

A la suite d’Eugène Sue, nombreuses sont les villes qui nous ont dévoilé leurs mystères plus ou moins effrayants. Cette fois c’est Lyon qui sert de cadre à ces aventures feuilletonesques.
On repêche le cadavre d’une femme nue dans le Rhône, corps vidé de son sang, cerveau et moelle épinière desséchés. D’autres crimes, ainsi que des disparitions et des enlèvements conduisent Léo Saint Clair, dit « le Nyctalope » aidé des membres de son organisation le CID (Comité d'Information et de Défense ), sorte de police ou service secret parallèle, à enquêter. Bientôt, ils découvrent que Lyon abrite les activités d’une étrange secte, « Les adorateurs du sang », dirigée par la Princesse chinoise Alouh T’Hô, petite fille de l’impératrice Tseu Hsi. Les membres de cette secte pratiquent un mélange de rites religieux et d’expérimentations sur d’infortunées victimes, dans le but très intéressé de se rajeunir.Du vampirisme scientifique en quelque sorte. Une lutte sans merci s’engage alors entre le CID et la sinistre secte…

Ce roman écrit en 1933 est une très agréable lecture avec tous les charmes du feuilleton. L’intrigue, qui mêle science-fiction et roman policier multiplie les rebondissements et met constamment ses héros dans les situations les plus périlleuses. La belle – et miraculeusement jeune - Princesse Alouh T’Hô, principal « méchant » de l’histoire, est cruelle à souhait mais également d’une grande classe. L’ombre du « péril jaune » plane sur ce roman, qui échappe malgré tout à la xénophobie pure et simple puisque deux personnages d’asiatiques sont, eux, du bon côté : le japonais Gnô Mitang, compagnon du Nyctalope et le nationaliste chinois Lou Yen, qui lui prête provisoirement main forte.
Le style est sans fioritures, mais enlevé, l’auteur ayant un vrai talent de conteur.
La ville de Lyon, très présente avec ses quartiers, ses rues, ses places, ses environs apporte un cadre réaliste qui rend plus crédible ces aventures extravagantes.

Un roman palpitant ( suite et fin au Tome 2), dont le côté un peu désuet constitue un charme de plus.

Quelques mots sur l’auteur et sur le personnage principal ;
L’auteur : Jean de la Hire est le nom de plume du Comte Adolphe d’Espie, né en 1878. Il entame sa carrière littéraire par des romans dans la lignée de Zola, car à cette époque notre aristocrate est républicain et anticlérical. Rapidement il s’oriente vers le roman populaire. C’est un auteur « tout terrain », à la carrière littéraire d’une hallucinante fécondité, abordant tous les genres : science-fiction ( cf « La roue fulgurante », critiquée sur CL), le fantastique, le roman historique, le roman policier, le roman jeunesse, le roman érotique etc.

Le Nyctalope : Léo Saint Clair tient ce surnom de sa faculté de voir dans le noir. A l’origine de ce don, l’opération ( avec greffe d’un cœur artificiel), nécessitée par un accident.
Le Nyctalope serait le premier super héros et donc l’ancêtre de tous les Superman, Batman, Spiderman et autres. Les deux tomes des « Mystères de Lyon » ne sont que l’un des 18 épisodes de ses aventures…

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  Les mystères de Lyon Tome 1

  de La Hire, Jean de
  Marabout
  ISBN : SANS000036111 ; 01/01/1979 ; 253 p. ; broché