Ma mère et Gainsbourg de Diane-Monique Daviau

Ma mère et Gainsbourg de Diane-Monique Daviau

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Libris québécis, le 22 mai 2013 (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans)
La note : 8 étoiles
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Un deuil impossible

« Aujourd'hui, maman est morte », est la première phrase de L'Étranger d'Albert Camus. Comme un clin d'œil à cet auteur, Diane-Monique Daviau commence son récit en annonçant, elle aussi, la mort de sa mère Thérèse : « Elle n'existe plus. » Cette formulation est moins clinique, car elle indique que la grande faucheuse a laissé des traces.

À 40 ans, l'auteure n'a pas encore réussi à percer la forteresse de sa mère, femme insensible à l'existence de ses enfants. Comment peut-elle faire son deuil d’une femme si peu maternelle ? Sa mort devrait plutôt représenter une délivrance, mais c’est la tristesse qui l’envahit. La tristesse de n'avoir pu apprivoiser cette mère manquante, plus préoccupée d'attirer l'attention sur elle, en recourant même au chantage : « Quand je vais mourir, les gens vont être surpris. Mais il va être trop tard. »

La narratrice a appris cependant quelques faits qui expliqueraient la conduite de Thérèse. Unique au milieu de cinq garçons qui lui menaient la vie dure, elle a dû peiner pour s'affirmer pendant toute sa jeunesse. La méfiance d'autrui la guida donc pour le reste de ses jours, en érigeant des barrières, même entre elle et ses enfants.

La quête maternelle prend soudainement fin quand sa mère meurt prématurément à 65 ans d'un œdème pulmonaire. C'est un double deuil pour Diane-Monique Daviau : celui de sa mère et de la possibilité de se faire voir dans les yeux de cette femme, qui réagissait en présence de sa fille comme les défenseurs de la rectitude en voyant Serge Gainsbourg. En s'identifiant à ce personnage, l'auteure mesurait la distance qui la séparait de sa génitrice. Et comme la mère et la fille se ressemblent physiquement, le deuil s'annonce difficile, d'autant plus que la narratrice craint aussi d'avoir hérité de son tempérament, comme le dit l’aphorisme « telle mère, telle fille. »

L’auteure a construit un parallélisme original entre elle et Gainsbourg pour souligner ses relations filiales empoisonnées. Chevauchant sentiments et souvenirs, elle raconte une filiation avortée avec vivacité et sans pathétisme.

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