Un notaire peu ordinaire de Yves Ravey

Un notaire peu ordinaire de Yves Ravey

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Montgomery, le 13 mars 2013 (Auxerre, Inscrit le 16 novembre 2005, 52 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (26 828ème position).
Visites : 4 174 

Délicieusement chabrolien

En lisant l'histoire de la famille Rebernak racontée avec une rigueur quasi scientifique par le fils, je me suis demandé si Yves Ravey n'avait pas voulu écrire ce qui pourrait s'apparenter au scénario d'un film de Chabrol. On en retrouve tous les ingrédients : la province, le notable, les obligés dudit notable et un récit qui, inexorablement, prend le chemin du drame.

Outre le goût de l'auteur pour la concision, tout a son importance dans ce qui est dit, on peut saluer la subtilité avec laquelle il fait sentir le changement de point de vue du personnage principal, Martha Rebernak, obsédée par le mal qui pourrait être infligé à sa fille.

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Il, elle, nous, vous.

3 étoiles

Critique de Siham wh (Metz, Inscrite le 21 décembre 2009, 34 ans) - 14 juillet 2016

L'histoire étant fade, l'écriture -d'un ennui mortel- n'a pas arrangé mes affaires. le discours indirect et la ponctuation à gogo ne sont pas ma tasse de thé apparemment.

Le livre se lit comme suit: Il a fait, ... elle a fait..., et puis...; ils ont fait..., j'ai fait..., et...; ma mère..., ta mère..., mais...; elle lui a dit..., ils lui ont dit..., d'ailleurs...; il..., elle..., nous..., vous..., ils...

Voici deux extraits à dormir debout, littéralement:

*Elle a dit: Il ne va quand même pas passer l'hiver dans cette cabane? L'éducateur a répondu qu'on aménageait l'endroit... Elle a ouvert la barrière du fond. Ils ont traversé la nationale. Elle s'est approchée, le chien est venu à sa rencontre. Ils ont parlé, elle et son cousin. Elle a demandé à Freddy s'il ne préférait pas retourner d'où il venait...

*Clémence c'est agacée : Ca n'avait rien à voir avec Freddy. Et vraiment puisqu'il était encore une fois question de maître Montussaint, autant dire que sa mère le connaissait très mal. La preuve, elle n'avait pas la moindre idée de sa gentillesse. D'ailleurs, il n'avait pas hésité à se déchausser et à relever le bas de ses jambes de pantalon pour aider Clémence à traverser le barrage, et si sa mère était venue à peine plus tôt, avant qu'il ne retraverse, elle l'aurait rencontré et il lui aurait dit, lui aussi, qu'il n'y avait aucun risque. Et si Clémence s'était mise à l'écart de ses camarades, c'était pour lire en paix...

Notaire. Province.

8 étoiles

Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 67 ans) - 10 avril 2015

Notaire. Province. C’est fou comme ces deux mots s’accordent, semblent se renvoyer l’un à l’autre ! Ici, nous avons affaire à un notaire certes peu ordinaire mais l’aspect provincial, lui, est tout ce qu’il y a de plus ordinaire. Nous sommes en effet dans une petite ville, non localisée, de province française, où le notaire reste un notable, une figure.
Le notaire, c’est Maître Montussaint. Il n’a qu’un lointain rapport avec Martha Rebernak et sa fille, Clémence. Le rapport c’est qu’à un moment tragique de sa vie, le notaire a aidé Martha à décrocher un boulot de femme de service au collège quand son mari est mort. Le rapport c’est aussi que Clémence, 17 - 18 ans ( ?) environ puisqu’elle passe son bac de français, sort avec Paul, le fils du notaire.
L’histoire, pour donner peut-être un aspect « clinique » à la relation de ce qui est en train de se dérouler, c’est le frère de Clémence - le fils de Martha donc – qui nous la raconte.
Et que se passe–t–il donc dans cette petite ville assoupie ? Il se passe que Freddy, le cousin de Martha, vient de sortir de prison (15 ans je crois ?) après avoir été condamné pour le viol et le meurtre de Sonia, à l’époque en maternelle dans la même classe que Clémence. Et que Paul.
Et Martha n’est pas spécialement ravie du retour de celui qu’elle considère encore comme un prédateur. Elle a très peur pour Clémence, on peut même dire qu’elle « psychote ». Et le début du roman nous la montre remuant ciel et terre pour faire en sorte qu’on éloigne Freddy, d’une manière ou d’une autre. Mais Freddy a purgé sa peine. Il a droit à une seconde chance comme l’explique à Martha, Dietrich, l’éducateur en charge du suivi de Freddy.
Yves Ravey parvient en 108 courtes pages, avec une grande économie de mots et de moyens à faire monter la pression, à rendre le drame redouté par Martha comme inexorable (comme si les pensées de Martha attiraient le malheur). Et de fait …
Mais tout ne se passe pas exactement comme le redoutait Martha. Et là c’est l’art d’Yves Ravey de nous retourner in fine comme une crêpe !

Un bon roman en un acte... notarié

8 étoiles

Critique de Laugo2 (Paris, Inscrit le 30 octobre 2014, 57 ans) - 2 novembre 2014

Encore un récit bien dans la veine des éditions de Minuit. Seulement une centaine de pages, de courts chapitres, des dialogues seulement dans un style indirect, très peu de personnages et une localisation imprécise. Le narrateur est lui aussi un personnage de l'histoire qui n'est pas mis en scène réellement. Il raconte l'histoire sans être présent comme si on lui avait raconté quelques temps après.

Cela se passe en province, là où le mot notaire n'est pas éloigné du mot "notable". Sans doute une petite ville dans la campagne française profonde : il y a un café sur la place principale -le Jolly Café- qui rassemble les jeunes, un collège et un lycée professionnel ; les vieux, eux, ont leur maison de retraite. On imagine des pavillons un peu vieillots, des jardins, une atmosphère désuète, une vie tranquille ou ralentie, il y a sans doute des bois car on y chasse, aussi une rivière non loin avec une centrale hydro-électrique. Près du cours d'eau, c'est paisible, on peut lire sur la rive en se faisant bronzer.
C'est d'ailleurs ce que fait Clemence, la fille de Mme Rebernak. Et c'est aussi ce qui agace Mme Rebernak. Depuis que Freddy le cousin est sorti de prison et est venu reprendre contact avec sa ville et sa famille, Mme Rebernak ne craint plus qu'une chose: que cet homme au sulfureux et glauque passé ne s'en prenne à sa fille. Alors, perchée sur sa mobylette, elle surveille sa fille non-stop dans la petite ville. D'autant plus que se prépare la fête d'anniversaire de Paul, le petit ami de Clémence et également fils du bienveillant notaire Maître Montussaint.

Et à force de redouter quelque chose, il se trouve que cela arrive. Je ne vais pas en dire plus mais...tous ces hommes autour de Clémence. Forcément.

Une intrigue vraiment simple avec un dénouement accrocheur. Bien sûr, le choix du récit avec le narrateur extérieur fait qu'il y a une froideur et une distance par rapport à l'histoire. En même temps cela confère une sensation de drame, il se dégage une pression, comme quelque chose d'inéluctable qu'on sent venir. Notamment grâce au personnage de Mme Rebernak, veuve laborieuse dépendante qui est particulièrement bien campé et qui nous guide vers la catastrophe.
C'est bien mené, j'ai bien accroché à cette grande nouvelle ou ce petit livre (au choix) qui se lit d'une traite (ou deux).

Court et très incisif

8 étoiles

Critique de Leo Burckhardt (, Inscrit le 25 janvier 2013, 36 ans) - 21 octobre 2013

Je rejoins tout à fait Montgoméry dans son analogie avec le style de Claude Chabrol : sous-texte social omniprésent et presque "théâtralisé", économie des dialogues et des scènes, une intrigue réduite seulement à l'essentiel... Et en même temps, le livre est remarquablement bien écrit. On tourne les pages à toute allure lorsque le climax du livre survient, et puis l'histoire s'arrête assez brutalement, comme la fin d'un film de série B.
Impossible cependant d'en dire plus ! Le suspense en serait gâché.

Une nouvelle vraiment très chouette, qui se lit en une ou deux petites soirées.

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