La théorie de l'information de Aurélien Bellanger

La théorie de l'information de Aurélien Bellanger

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Nothingman, le 15 octobre 2012 (Marche-en- Famenne, Inscrit le 21 août 2002, 44 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 5 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (50 663ème position).
Visites : 3 456 

Le premier roman 2.0

La Théorie de l’information est le premier roman d’Aurélien Bellanger, jeune auteur à qui l’on doit déjà un essai sur Michel Houellebecq, dans lequel il affirme que l’auteur des « Particules élémentaires » est un écrivain romantique. La filiation est posée d’emblée. Ce livre, annoncé comme l’un des phénomènes de la rentrée littéraire 2012, est peut-être également un roman qui doit beaucoup à Wikipédia. Car, tout comme son illustre sujet de thèse, Aurélien Bellanger a fait de l’encyclopédie collaborative l’une de ses principales sources pour livrer un condensé des dernières révolutions technologiques apparues en France ces trente dernières années. De l’avènement du minitel, avec ses numéros 36 15, et aujourd’hui terriblement désuets, en passant par l’arrivée d’internet et l’avenir du 2.0. Minitel, internet et 2.0 qui sont d’ailleurs les trois parties de ce livre.
Malgré ce caractère encyclopédique résolument revendiqué – entre chaque paragraphe est intercalé une fiche au langage technique et scientifique retraçant les grandes théories qui ont conduit à l’ère de l’information- , l’auteur signe un roman particulièrement ambitieux. Le lecteur de cette chronique pourrait ne voir dans ce roman – car, au final, il s’agit curieusement d’un roman- qu’un livre somme toute barbant, livrant in extenso son lot d’interminables théories. Mais non, l’auteur réussit la gageure de synthétiser une époque en passant par le prisme de Pascal Ertanger. Un personnage né dans une banlieue pavillonnaire de Vélizy-Villacoublay, aux abords du périphérique parisien. Adolescent solitaire, il trouve sa voie dans l’informatique. Editeur de petits programmes en BASIC, il découvrira progressivement toutes les richesses offertes par le minitel. Il fera fortune en piratant certains services en en proposant d’autres, dont les fameux numéros roses. Le petit informaticien de province deviendra progressivement un investisseur inspiré et un très jeune millionnaire. A chaque révolution, Pascal Ertanger parvient à s’adapter et à surfer sur la vague du succès. En fait, Pascal Ertanger n’est autre que l’avatar de Xavier Niel, qui a fait fortune en investissant dans le minitel avant de devenir le patron d’un des principaux fournisseurs d’accès à internet.
La « Théorie de l’information », titre tiré de la célèbre découverte de Shannon que tous les étudiants en communication se doivent de connaître, est l’histoire d’une ère déjà dépassée, d’un présent qui ne le sera bientôt plus et d’un futur particulièrement angoissant. Ce roman se veut également prophétique. Sa dernière partie dresse le portrait d’une planète qui, à force de faire une confiance aveugle aux machines, en perdrait tous ses moyens.
A l’issue de la lecture, reste une étrange impression. Celle d’avoir lu un livre en ne sachant pas si on l’a adoré ou si, au contraire, on l’a détesté. Certains ne trouveront effectivement aucun intérêt à cette succession de théories toutes plus absconses les unes que les autres. D’autres, au contraire, adoreront. Car, ce roman se lit sans déplaisir. L’auteur nous y prouve que l’on peut faire fi du style et produire un ouvrage résolument innovant. Une curieuse résolution de théorème pour ce qui est peut-être le premier roman 2.0 ?

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un roman ambitieux au style houellebecquien

8 étoiles

Critique de Pierre Ier de Serbie (, Inscrit le 9 janvier 2014, 49 ans) - 9 janvier 2014

... et pourtant l'idée d'être passionné par le parcours de Pascal Ertanger (un clone du fondateur de Free) n'était pas évidente.

Ce livre est très ambitieux par sa portée, par son travail de documentation parfois ardu pour des non-scientifiques (thermodynamique & théorie de l'information que j'avoue avoir parfois sauté) mais ça change des histoires d'amour à l'eau de rose entre Sèvres Babylone et la place Saint Sulpice dont nous abreuve le roman français contemporain.

Je trouve dans le style froid et technique de Bellanger, dans les thèmes ambitieux des parallèles avec les Particules élémentaires de Michel Houellebecq. Au travers de ce parcours, Aurélien Bellanger retrace la révolution télématique depuis les années 80 jusqu'à nos jours. C'est le roman d'une époque, d'une France qui croyait encore au progrès technique et à sa place dans le monde. La première partie sur l'enfance de Ertanger à Vélizy et sur ses premiers pas dans les sex-shops et le minitel rose est un véritable chef d'oeuvre. Paradoxalement, on est pris par cette aventure qui n'a pourtant rien d'un thriller. L'histoire d'amour avec Emilie est à la fois belle et triste.

La seconde partie sur internet est un peu moins passionnante car nous connaissons mieux cette période. C'est finalement la fin où Ertanger part en vrille dans un délire futuriste post-moderne qui m'a le moins passionné.

Malgré cela j'ai dévoré ce roman en deux jours. Si vous en avez assez des couples qui se font la gueule, se trompent, se séparent ou se retrouvent en claquant des portes, lisez ce grand roman.

Il en vaut la peine.
Remarque sur ce commentaire

bof !

2 étoiles

Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 23 mars 2013

La première partie relatant l'histoire du minitel est intéressante pour des lecteurs de ma génération qui ont connu ces curieuses machines (qui ne marqueront sans doute pas l'histoire de l'humanité). Cela représente presque 190 pages qui très franchement valent la peine d'être lues.
Ensuite vient la partie internet. Plus technique et qui relate surtout la diffusion et la commercialisation. (160 pages quand- même)
La troisième partie (nommée "2.0") m'est apparue comme un salmigondis incompréhensible et je ne m'y attarderai pas.
L'épilogue m'a fait penser au moment délicieux où l'on parvient à retirer une écharde.... (3 pages quand même).

A noter toutefois une phrase citée dans ce livre et présentée comme la prophétie de Mallarmé : "Le monde devrait aboutir à un livre unique"

Plat docu-fiction

4 étoiles

Critique de Isad (, Inscrite le 3 avril 2011, - ans) - 15 décembre 2012

Le livre raconte l’histoire numérique du minitel à l’internet en passant par transpac à travers les caractéristiques personnelles des personnalités qui se sont créé des empires en terrassant le protectionnisme des entreprises publiques. Cela aurait pu être une saga homérique. En fait, l’auteur nous décrit des personnages narcissiques obsédés par les démons qui les habitent et qui peuvent être très divers. Des créateurs aux hommes politiques, les noms connus sont affichés de même que ceux des entreprises ou des marques logicielles. Seule grande absente, Free. On devine alors en creux que c’est d’elle et de son fondateur dont il est question.

Mais j’ai eu du mal à terminer ce livre, pensant plusieurs fois en abandonner la lecture par manque d’intérêt pour le personnage principal et ce qui lui arrive.

A signaler des chapitres intermédiaires théoriques sur la transmission de données de Shannon et autres chercheurs.

IF-1212-3989

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