Le Grand Jamais de Danielle Trussart

Le Grand Jamais de Danielle Trussart

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Libris québécis, le 21 août 2012 (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans)
La note : 6 étoiles
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Quand on a vingt ans

« Hier encore, chante Charles Aznavour, j'avais vingt ans. Ignorant le passé conjuguant au futur, je précédais de moi toute conversation et donnais mon avis que je voulais le bon pour critiquer le monde avec désinvolture. » Mais les rêves vieillissent comme ceux qui les portent. Le temps n’a pas le temps d’arrêter sa course. « L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ; il coule, et nous passons ! », disait Lamartine. L’auteure est sensible aux effets temporels. Marianne, la narratrice, réalise, à la mort du frère d'une amie de jeunesse, comment les heures ont filé à toute vitesse.

Dans le décor du quartier Saint-Vincent-de-Paul à Laval, des jeunes vivent intensément la décennie 1960, qui a conduit à la crise d'Octobre de 1970 (meurtre d’un ministre). Témoins des nombreux événements qui ont marqué le Québec d’alors, ils ont été des acteurs actifs au sein d'une jeunesse qui a donné son aval au FLQ (mouvement terroriste). C’est au café Le Grand Jamais du quartier qu’ils se regroupaient pour coordonner leurs actions belliqueuses afin d'accélérer l'avènement d’un État de gauche.

Leur militantisme leur a ouvert les portes de la prison avant qu’ils ne délaissent leur ville pour les quatre coins de notre ronde planète. Quarante ans plus tard, comme Rutebeuf, la narratrice veut savoir ce « que sont ses amis devenus », en particulier Catherine qui s'est établie en Espagne. Elle lui écrit et lui expédie des pages de son journal afin de réveiller les sentiments qui les nourrissaient à l'époque. Mais l'arbre défeuillé peut-il retrouver ses feuilles quand le vent les a emportées ?

Danielle Trussart retrace l'Histoire de la Révolution tranquille qui a introduit le Québec dans la modernité. De son roman se dégage la fugacité des rêves qui, au « grand jamais », ne se matérialisent comme le prouvent les manifestations étudiantes d’aujourd’hui. Ce canevas prend vie en passant de l'art épistolaire à celui du journal personnel. L'écriture, par contre, ne diffère pas d'un genre à l'autre. Peu inventive, elle parvient tout de même à sauver cette œuvre, qui serait beaucoup plus intéressante si les profils psychologiques avaient été moins flous et si l'implication des jeunes avait échappé à la nomenclature presque exhaustive des événements de l'époque.

Cf. les critiques de Dirlandaise et de Micka du premier roman de l’auteure.
http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/18730

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