Une vie pour les autres

Il est des personnes qui nous font nous interroger profondément sur le sens de nos vies. Pour ceux qui ont eu la chance de le rencontrer, en chair et en os ou bien au travers de livres et de reportages, le père Ceyrac faisait partie de ces Hommes qui donnent de l’espoir, du sens et beaucoup de courage. A 98 ans, il s’est éteint pendant son sommeil en Mai 2012 dans sa petite cellule du Loyola College et est enterré à côté, dans un modeste cimetière de Chennai, ville du sud de l’Inde, le pays qui lui a tout donné et à qui il s’est donné.

Né en 1914 dans la Corrèze rurale, Pierre Ceyrac est le second d’une fratrie de six enfants et fils d’un petit notaire de campagne. Son éducation, rigide et austère chez les jésuites, conjuguée à l’exemple d’un oncle (qu’il n’a jamais vu) missionnaire "broussard" en Inde feront naître progressivement et naturellement en lui une profonde vocation qui le mènera à prendre les ordres pour devenir missionnaire jésuite. Il s’embarque à 23 ans, en 1937, vers l’Inde, à l’époque où cela signifiait encore partir sans revenir. S’en suivent 8 années d’apprentissage indiennes, durant lesquelles, dans un austère dénuement, il apprend le Tamoul, le Sanskrit, approfondit ses connaissances théologiques et découvre l’indéfinissable complexité de l’Inde.

Ordonné prêtre, il ne cessera de parcourir l’Inde en train, à moto, à pied, en voiture pour aider les pauvres. Son mode d’action passe avant tout par l’amour, l’écoute et la compassion : il passe du temps avec les autres, il les touche, leur parle, leur sourit. Mais comme cela ne suffit pas, le père Ceyrac lance ou soutient de très nombreux projets de développement : fermes, dispensaires, puits, systèmes d’irrigation, écoles, hôpitaux, orphelinats, etc. Ces projets, il les finance grâce aux relations qu'il entretient avec certains hommes d’influence, occidentaux comme indiens. Son charisme, sa sincérité et sa façon très directe de parler des pauvres sans pour autant les rabaisser font souvent mouche et lui permettent de réunir sans cesse les fonds qui feront naître ces projets.
Et puis comme le père Ceyrac tient à ce que les pauvres d’Inde ne soient pas oubliés par les futurs "puissants", il a l’intelligence d’encourager de nombreux jeunes étudiants de grandes écoles (occidentales ou non) à venir aider de leurs mains à la construction de ces édifices. Par la suite, très nombreux seront ceux parmi eux qui, une fois ayant accédé à des postes d’influence, penseront spontanément à soutenir les futurs projets du père Ceyrac.

Ce livre raconte donc les 62 années indiennes de cet homme hors du commun, mais aussi l’épisode de 13 ans passé dans l’horreur des camps de la frontière Thaïlande-Cambodge où s’entassèrent les dizaines de milliers de réfugiés fuyant les massacres perpétrés par les Khmers rouges de Pol Pot dans les années 1970. L’auteur, Jérôme Cordelier a mené un minutieux travail de journaliste en interrogeant de très nombreuses personnes ayant connu le père Ceyrac et au final nous livre une émouvante et passionnante biographie qui ne cache pas les quelques moments de doute qui ont habité cet homme dont on dit qu’il pourrait être prochainement canonisé.

Pragmatique, discret, loin de tout prosélytisme mais rayonnant de l’amour que la Foi et les pauvres lui procurent, cet homme d’apparence frêle et timide est sans doute la plus belle incarnation de cette phrase en sanskrit qu’il avait lue dans un monastère et qu’il répétait souvent : « tout ce qui n’est pas donné est perdu ».

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  Une vie pour les autres [Texte imprimé], l'aventure du père Ceyrac Jérôme Cordelier

  de Cordelier, Jérôme
  Perrin
  ISBN : 9782262020743 ; 19,50 € ; 01/10/2004 ; 279 p. ; Broché

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  Une vie pour les autres [Texte imprimé], l'aventure du père Ceyrac Jérôme Cordelier

  de Cordelier, Jérôme
  Perrin / Collection Tempus
  ISBN : 9782262025458 ; 8,00 € ; 25/09/2006 ; 279 p. ; Poche

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