Le sol, la terre et les champs : Pour retrouver une agriculture saine de Claude Bourguignon, Lydia Bourguignon

Le sol, la terre et les champs : Pour retrouver une agriculture saine de Claude Bourguignon, Lydia Bourguignon

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités , Sciences humaines et exactes => Scientifiques

Critiqué par OC-, le 27 avril 2012 (Inscrit le 4 mars 2011, 27 ans)
La note : 10 étoiles
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Quand la diversité chimique remplace la diversité biologique...

L'agriculture, comme l'ensemble du système productiviste, est aujourd'hui dans une impasse. Ni les besoins sociaux ni les besoins écologiques ne sont assurés. Ce livre, écrit par un ingénieur agronome docteur ès sciences et une oenologue maitre ès sciences, nous permet d'aborder ce thème d'un point de vue scientifique, mais aussi hautement spirituel.

L'agronomie classique, à la source de l'agriculture industrielle, a une vision très réductrice de la nature : elle nie la complexité du sol, en le considérant comme un support inerte. Ceci est à la source des dysfonctionnements et des dangers liés à l'agriculture contemporaine.
La PAC, dominée par cette vision, a décidé de séparer la culture et l'élevage. Or, lorsque l'élevage n'est plus combiné à la culture, il n'y a plus de fumier pour apporter la matière organique nécessaire à la vie des sols. Le fumier est remplacés par les fameux engrais N, P et K, qui rendent les plantes déséquilibrés et donc malades. L'agriculteur doit alors utiliser des pesticides et des fongicides pour les protéger. Les labours sont de plus en plus profonds, l'irrigation de plus en plus importante. Ces pratiques sont à l'origine de la mort biologique des sols. Elles enferment l'agriculteur dans une dépendance aux pesticides, produisent des plantes malades, provoquent des inondations... la culture industrielle n'est donc pas durable.
L'élevage industriel et sans culture, pour sa part, n'est pas plus soutenable. Les excès d'excréments polluent des régions entières et leurs nappes phréatiques (comme en Bretagne ou en Galicie). Les conditions d'élevage (alimentation, environnement, etc.) ne respectent pas la physiologie des animaux et nous donnent des bêtes malades et gavées d'antibiotiques. De plus, la consommation de viande (avec la spéculation sur les produits alimentaires et la vente des surplus européens par l'UE) joue son rôle dans le phénomène de faim dans le monde, dans le sens où nos animaux sont nourris avec du soja du Brésil ou du manioc d'Afrique, des régions qui souffrent dans la faim. A titre d'exemple, 1kg de boeuf nécessite 7kg de protéines végétales...
Le problème de la faim n'est pas un problème de sous-production ou de sur-population, mais bien de juste répartition des ressources!
De plus, l'agriculture industrielle nous fait subir une perte énorme de diversité dans notre alimentation : alors qu'il y avait 253 variétés de pommes françaises en 1906, actuellement 4 variétés de pommes américaines fournissent 90% du marché, dont une 70%... Autre chiffre : les chasseurs cueilleurs consommaient 10 000 espèces végétales et animales, alors qu'aujourd'hui, les 90% de l'humanité en mangent moins de quarante, mais par contre ingèrent plus de 5000 molécules chimiques d'additifs alimentaires. En fait, la diversité biologique a été chassé par la diversité chimique!

Face à ce constat sinistre, ils proposent une agrologie, fondée sur l'acceptation et la gestion de la complexité du sol.
L'évolution majeure est le remplacement du labour par le semis direct sous couvert, technique de compostage de surface qui favorise la vie du sol. Les plantes de couverture, en augmentant la porosité de surface des sols, permet de diviser par trois l'irrigation. Pour les sols mort, le BRF (bois raméal fragmenté) peut être une solution pour leur redonner vie. La séparation entre monoculture et élevage doit être abandonnée pour laisser place à la polyculture élevage, qui réhabiliterait la rotation et l'association des plantes, ceci comportant trois avantages : limiter le parasitisme (et donc limiter l'usage de pesticides), limiter les risques climatiques et utiliser au mieux les éléments fertiles. Il faut aussi remettre en place les haies qui entourent les champs, parce qu'elles permettent une meilleure utilisation du gaz carbonique provenant de la respiration des microbes du sol et des plantes. Pour l'élevage, il faudra tout d'abord diminuer la consommation de viande, et s'orienter vers une viande de qualité, produite par des animaux de plein air, broutant des prairies naturelles. On peut aussi envisager de pousser la recherche non pas sur les OGM, mais sur la domestication de nouvelles espèces animales et végétales : la biodiversité est immense, et nous ne nous en servons pas, préférant utiliser des produits de synthèse...
Cette nouvelle agriculture permettra enfin de cultiver la terre sans l'éroder, tout en offrant aux humains des produits de qualité, pleins de saveurs.

«L'enjeu n'est pas purement philosophique, il est vital pour l'humanité. Si ce siècle ne change pas radicalement sa façon d'appréhender la nature et les champs cultivés, s'il ne définit pas un nouvel esprit scientifique, il n'y a pas beaucoup à parier que cette science qui a fait la grandeur de notre époque sera aussi la cause de son effondrement.»

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