Goscinny : Faire rire, quel métier ! de Aymar Du Chatenet, Caroline Guillot

Goscinny : Faire rire, quel métier ! de Aymar Du Chatenet, Caroline Guillot

Catégorie(s) : Bande dessinée => Humour , Littérature => Francophone

Critiqué par AmauryWatremez, le 19 janvier 2012 (Evreux, Inscrit le 3 novembre 2011, 54 ans)
La note : 7 étoiles
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S'appeler Goscinny...

Ce qui rend ce livre intéressant, qui décrit tout le parcours de Goscinny et ses personnages principaux, c’est qu’il ne sombre jamais dans l’esprit de sérieux. J’ai toujours beaucoup aimé les Bandes dessinées de René Goscinny, et Uderzo, Morris, Franquin pour qui il fait « Modeste et Ponpon », Greg, c’est lui qui a l’idée d’Achille Talon, Gotlib avec qui il met en œuvre les « Dingodossiers » ou enfin Cabu et son « grand Duduche », et d’autres moins connus. Goscinny aimait bien faire rire, il disait pour tourner en dérision l’analyse psychanalytique au premier degré que c’était parce qu’il avait « besoin d’amour, de beaucoup d’amour », mais c’était vrai, c’était donc encore un peu plus marqué au coin par la dérision et la causticité. Il idéalise son enfance dans « le Petit Nicolas », qui est dés sa création en dehors de toute réalité, et prend comme héros des petits bonshommes courageux et intelligents, souvent très peu respectueux des puissants, eux la plupart du temps, grands et cons, d’une sottise abyssale ou ne songeant qu’à manger, tel Averell, parfois surprenant, quand il est le seul à être guéri par le psy fou de « la Guérison des Daltons » ce qui causera la perte de ses frères et la sienne à la fin de l’album où tout rentre dans l’ordre, ou Obélix qui lui est dans le camp des gentils. Parfois, ce sont les méchants les héros, ainsi Iznogoud, qui devient pathétique à force d’acharnement à devenir calife à la place du calife, aveuglé par son ambition, aussi imbécile qu’Averell ou Joe Dalton, qui prend de l’importance avec ses frères progressivement dans « Lucky Luke », William et Jack étant surtout le chœur antique, les quatre frères étant accompagnés souvent de Ran-Tan-Plan, le chien le plus débile de l’Ouest, mort de soif à côté d’une rivière, mourrant de faim dans une région où le gibier abonde, Iznogoud ne voit pas qu’il est déjà au pinacle du pouvoir dans les faits, Haroun El Poussah étant une sorte de grosse amibe ne pensant qu’à dormir et lui aussi à la nourriture. Seul Dilat Larath son homme de main reste lucide. On discerne également derrière les calembours ignobles mais tellement savoureux, les pétarades des méchants grotesques, un mal-être, quelque chose de brisé, une angoisse profonde que Goscinny soigne par le travail. Comme tous les grands sensibles, il se cache dans la caricature et l’observation du monde car excessivement vulnérable, et en premier lieu à la connerie toute-puissante en ce bas-monde comme il s’en aperçoit après Mai 68 et les revendications ingrates au partage du pouvoir par des dessinateurs à qui il avait été pourtant le seul à donner leur chance au départ, Sans parler des grands esprits tolérants et ouverts du « Charlie Hebdo » de l’époque qui interdisaient à Gébé et Cabu de dessiner dans « Pilote ». Et le village d’Astérix c’est un peu le « shetl » dans lequel habitait ses ancêtres. Il a écrit deux scénarios pour Pierre Tchernia, « Le Viager » et « les Gaspards », utopie écologiste et bonne vivante, elle, à Paris, et on sent sa patte dans « la Gueule de l’Autre ».

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