Vanessa Paradis en mère d'un trisomique

« On ne peut pas vivre sans amour, et ce n´est pas donné de nos jours », écrivait Réjean Ducharme dans Gros Mots. Vivre sans amour, c’est mourir. Mourir aux autres, mourir surtout à soi-même. Qui ne veut par mourir, aime par-dessus tout.

Jean-Marc Vallée l’a compris. Et le chemin de l’amour, c’est un chemin de croix. Aimer, c’est souffrir. C’est ce qu’enseigne son roman à travers la cénesthésie de deux femmes abandonnées de leurs maris. En 1969 à Paris, Jacqueline est délaissée pour avoir donné naissance à un enfant trisomique. À Montréal en 2011, Carole est une mère de deux filles qu’Antoine quitte pour Rose.

Jacqueline se voue corps et âme à son fils Laurent. Son déficit d’amour se traduit par un transfert sur son enfant trisomique, dont elle veut assurer le développement même si la nature ne l’a pas outillé pour s’en sortir. L’auteur lui accorde une attention particulière. Il souligne que le handicap sévère de Laurent ne le disqualifie pas pour la course à l’amour. Et ce dernier a bien l’intention de ne pas renoncer à ce droit.

Quant à Carole, son histoire est davantage pénible. Elle est incapable de faire le deuil d’un amour né à son adolescence. Elle se sent trahie par un homme, qui, pourtant, vivait un bonheur presque parfait au sein de la famille qu’ils avaient fondée. Mais l’occasion crée le traître. Appelé à voyager pour exercer son métier de DJ, le hasard a voulu qu’il croise une blonde aguichante, dont il se sent l’âme sœur. Abandonnée aussi bêtement, Carole sombre rapidement dans une dépression provoquant des crises alimentées à même les images mentales effroyables qui l’habitent. Elle se voit comme la mère d’un enfant trisomique, dont elle doit s’occuper. C’est à travers son malaise psychologique que se fait le joint entre le premier volet du diptyque et le volet consacré à la mort de son amour.

Hors de l’amour, point de salut. Pour tirer ses marrons du feu, il faut de l’aide. Antoine consultera un psy, Carole recourra à l’ésotérisme pour y voir clair. Et la famille est aussi un paravent contre les intempéries amoureuses, sans compter les sentiments religieux, qui amènent Jacqueline à chanter un cantique pour apaiser son fils.

Bref, c’est un roman riche et touchant que respecte le scénario qui en a été tiré. Le film prendra l’affiche en France le 25 janvier 2012, mettant en vedette une Vanessa Paradis sans maquillage dans le rôle de Jacqueline.

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  Café de Flore

  de Vallée, Jean-Marc
  Alto
  ISBN : 9782923550817 ; 69,00 € ; 01/09/2011 ; 128 p. ; Hardcover

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