Une enfance au ghetto de Varsovie de Larissa Cain

Une enfance au ghetto de Varsovie de Larissa Cain

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par AmauryWatremez, le 29 novembre 2011 (Evreux, Inscrit le 3 novembre 2011, 54 ans)
La note : 7 étoiles
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Leçons de vie d'une survivante

Larissa Cain est née en 1932, elle est une rescapée du ghetto de Varsovie. Elle a raconté ce qu’elle a vécu dans plusieurs livres, de sa vie dans le ghetto à son sauvetage par des « justes » auxquelles elle rend hommage. Elle raconte la Shoah à mon avis comme elle devrait être traitée à chaque fois, sans pathos, elle donne les faits un par un fermement et clairement (voir les vidéos sur TV5 monde) point par point. On y comprend à quel point le mal est banal dans ce monde, contrairement au Bien qui est toujours un peu trop exceptionnel. Et cette manière de procéder est remarquable. Car on ne voit pas trop comment on pourrait contester ce qu’elle dit à moins d’être du côté de la haine et de la sottise. Elle n’en tire aucune gloire, aucune prétention, aucune vanité, aucune propension à en réclamer des droits supplémentaires. On sent à chaque seconde une sensibilité intense, une vivacité sans failles et beaucoup d’humanité. Elle a en elle un feu dévorant qui est la vie, la bienveillance à priori, l’accueil de l’autre sans tenir compte de ses failles ou ses blessures apparentes. On la sent prête à combattre encore une fois contre ceux qui rejettent toute différence, tout sentiment.

Je l’ai rencontrée brièvement dimanche dernier à l’occasion de la visite d’une petite église du pays d’Ouche. Son léger accent et sa manière de s’exprimer m’ont rappelé une amie israélienne, également artiste et écrivain. Elle m’a fait comprendre quelque chose de très personnel également, elle est tout de suite allée vers un couple de personnes perçues comme inadaptées (entendre qu’elles refusent de prêter allégeance à des bêtises qui passent pour normales), riant avec eux, tout de suite en harmonie. Ceux-ci n’ont pas réussi selon les critères sociaux, ils n’ont pas amassé un trésor, n’ont pas acheté de grande maison mais ils sont capables de générosité, sont tout aussi à fleur de peau et ne jugent pas selon la mine ou les possessions même si la vie les a blessé et que ces blessures sont encore largement ouvertes. Moi aussi, je suis une sorte d’inadapté mais grâce à ce que montre Larissa, j’en suis plutôt fier bien que ce ne soit pas toujours une condition enviable.

Une personne qui a vécu autant de souffrances connaît la valeur de la vie, de l’altérité, de ce qui est humain tout simplement, tout ce qu'on lui refusait car née juive. Car c’est cela le plus important, arriver à être un tout petit peu humain, sans se soucier du jugement du voisin. Bien sûr, l’existence est plus dure pour quelqu’un de sensible, plus difficile, mais elle est aussi beaucoup plus riche de sentiments. Notre monde méprise l’humanité, le corps perçu comme une mécanique comme l’esprit que l’on voudrait normaliser, soumettre. Les rapports sociaux sont toujours des rapports de force , malgré la philosophie et la théologie, tout est toujours à reconstruire. Et on est toujours surpris de ce que beaucoup sont prêts à supporter juste pour survivre au sein de la horde confortablement. Grâce à des personnes comme elle, j’évite de tomber dans la tentation du mépris, qui me viendrait rapidement.

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