Tôghàn de Marcel Melthérorong

Tôghàn de Marcel Melthérorong

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Débézed, le 3 avril 2011 (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (39 935ème position).
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« On ne voyait jamais les étoiles, »

Un livre inattendu, une découverte au dernier Salon du livre de Paris, mais surtout « le premier roman jamais publié d’un auteur francophone du Vanuatu ». Un excellent point de départ, une très belle écriture, claire et pure comme l’eau d’un lagon qui devrait inspirer d’autres vocations.

« C’était dans cette partie du monde où les saisons sont rythmées par la culture des tubercules, où le soleil est un allié qui peut s’avérer aussi dangereux que le sabre aiguisé pour la coupe des noix de coco, où la mer est un jardin soumis aux mêmes règles que la terre, où les traditions ancestrales se perpétuent, pas si immuablement qu’auparavant… »

Tôghàn, « un mélange de sagesse, de rage et d’intelligence. », un jeune Vanuatais débarqué avec sa famille à Nouméa pour que le père puisse trouver un travail, s’est fait pincer avec ses potes en train de cambrioler la maison d’un ami qu’ils accusaient d’être trop hautain à leur endroit. Un casse minable, pour une raison minable, mais sous l’emprise de la drogue qu’il commercialise sans vergogne car la consommation de cette herbe fait partie de leur culture.

En prison il côtoie tous les repris de justice, du dealer de drogue à l’assassin, et il découvre l’ennui, l’humiliation, la haine, la révolte, la rébellion,... la fameuse chaîne qui fabrique les délinquants chevronnés mais aussi les nationalistes convaincus et extrémistes. Mais, lui, il a une idée, il a bousillé sa vie, il était pourtant un excellent élève, il a trouvé une autre voie, il veut marcher sur les traces de ses ancêtres dans le pays abandonné, il pourra ainsi renouer avec la nature, les coutumes et la culture de ses pères et, surtout, retrouver un peu plus d’humanité. Il a bien compris la loi du quartier, la loi qui stipule avec un certain fatalisme : « Laisse le quartier éduquer ton frère et quand il comprendra, soit il partira, soit il restera ! »

Un livre inattendu, peut-être, mais nullement surprenant qui reprend les thèmes bien connus : la colonisation et ses méfaits, l’exil et son déracinement, les quartiers et la déshumanisation, la dérive et l’explosion des familles, la révolte et l’escalade de la violence qui peut conduire jusqu’à l’extrémité inéluctable comme, en 1994, dans la grotte d’Ouvéa.

« On ne voyait jamais les étoiles,
Mais on en rêvait chaque soir. »

Tôghàn l’a promis, « Il n’y aura pas de prochaine fois »

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Voyage en terre inconnue.

7 étoiles

Critique de Sissi (Besançon, Inscrite le 29 novembre 2010, 53 ans) - 2 mai 2011

Tôghàn est en prison, à Nouméa, et c'est dans ce milieu carcéral qu'il rencontre David, Vanuatais comme lui, qui lui raconte leur pays, le pays de leurs origines à tous les deux que pourtant Thôgàn ne connaît pas-pour preuve il ne comprend même pas le Bichelamar- mais dont il sent néanmoins déraciné.
Il sait qu'il y retournera, que son bonheur en dépend, que ses projets sont là bas.

Sans prétention, ce petit roman peine à démarrer mais se rattrape sur la fin.
En effet, les dialogues à la prison, entre les codétenus puis avec la famille ne sont guère dépaysants et lassent un peu.
Sans doute parce que l'attente (peut-être injustifiée!) est forte de sentir le Vanuatu à travers les lignes.
Ca arrive, finalement, et on peut ainsi goûter à de beaux passages, ainsi qu'à une fin pleine de joliesse.

"L'air salin qui s'infiltrait dans ce carré de feuilles de natongura, vivifiait le climat de cette petite niche plantée au centre de la cocoteraie."

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