Etier de Eugène Guillevic

Catégorie(s) : Théâtre et Poésie => Poésie

Critiqué par Garance62, le 20 mars 2011 (Inscrite le 22 mars 2009, 61 ans)
La note : 10 étoiles
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De passage

C'est bien connu, on aime à se retrouver dans un livre. Alors comment ne pas s'y retrouver quand, comme dans « Etier » et « Autres » on peut lire les mots sur l'éternel, sur l'indiscutable, sur l'évidence de la vie posée depuis la nuit des temps, nuit végétale, nuit liquide, nuit humaine ?
J'y ai lu le temps qui passe, l'amour, l'infiniment petit qui côtoie l'infiniment grand, la beauté d'un presque rien sublimé, j'y ai lu un amour du lieu qui était le sien et qui me touche aussi puisque c'est le mien. J'y ai lu l'interrogation sur le monde en même temps que l'humble acceptation de la vie.
Lire Eugène Guillevic c'est lire la beauté, la profondeur du vivre en même temps que la cruauté que ça sous-entend aussi. Et c'est, quoi qu'il arrive, l'espoir. Toujours.

Quand

I
Quand peu avant midi
Le soleil est sur la prairie

Que la chaleur,
Disent les pâquerettes, est bonne
Au niveau de la fleur,
Au niveau des racines,

Que le pré est ouvert
A des champs, des landes,
Des chemins, du ciel,

Qu'il y a :
C'est un chant comme c'est du silence,

Que toutes les choses
Ont le temps de se regarder,

Le brin d'herbe
A les dimensions du monde

II

Quand beaucoup de choses
Au soleil s'acceptent

Quand on n'a pas envie
De quitter le pré, le talus,

Quand on se sent de connivence
Avec tous les verts,

Avec la barrière et plus loin
Les toits du hameau,

On peut être tenté de se dire
Que la sphère est partout
En train de s'accomplir.

[…]

VI

Quand l'on torture quelque part
Un corps qui ne peut pas
Crier plus fort que lui,

Rien ne le dit.
Le sol


Est comme un autre jour
L'air aussi, les feuillages,
Les courbes, les couleurs
Et l'aboiement d'un chien
Aux confins de la Beauce.


Mais il est vrai
Que l'on torture tous les jours
Depuis toujours,

Que l'habitude est prise,
Que c'est enregistré
Sans grandes variations. »

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« Il se savait dieu.

Ce qu'on disait de dieu
Lui l'avait vécu.

Il avait été la pierre, l'arbre, le ciel,
La mer et cet homme qui tombe.

Il avait occupé l'espace,
Répandu la pluie et la lumière.

Il avait laissé les choses
Aller leur train de guerre et d'extase.

Il avait prévu la nuit -
Et d'avoir à aimer

Lui faisait accepter
L'éternité. »

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« Suppose

Que l'univers entier
Ne soit plus que terreur

Et que je te demande
D'user de tes regards

Pour qu'au moins la prairie
Cède à notre sourire »

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