Bilan de l'Histoire de René Grousset

Bilan de l'Histoire de René Grousset

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Histoire

Critiqué par Saint Jean-Baptiste, le 20 mars 2011 (Ottignies, Inscrit le 23 juillet 2003, 88 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 345ème position).
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Le testament d'un maître historien

Pour raconter l’histoire du monde depuis les origines, René Grousset a choisi comme fil conducteur l’histoire de notre civilisation. Une civilisation qui est née quelques vingt siècles avant J-C dans la mer Égée, qui s’est épanouie à Athènes au temps de Périclès, qui a été portée jusqu’au confins de l’Asie par Alexandre le Grand et que Rome a propagée dans le monde méditerranéen, et depuis la Bretagne jusqu’en Arménie. « Pendant les trois siècles de la pax roman, nous dit l’auteur, toutes les virtualités du génie grec se trouvèrent réalisées ».

On a l’impression qu’avec ce Bilan de l’Histoire, René Grousset fait le bilan de sa vie d’historien. Il a écrit ce livre en 1946, au lendemain de la guerre où il a perdu ses dernières illusions. Il constate que la lente progression de l’humanité vers la culture, la spiritualité, la civilisation, ne résiste pas à l’instinct barbare qui sommeille en l’homme et qui guidera toujours sa destinée.

Pourtant, pour René Grousset, la sauvegarde de notre culture est essentielle pour le monde ; mais il n’est pas chauvin. Il reconnaît la grandeur et la beauté de certaines autres civilisations, en soulignant toutefois que ces civilisations ont souvent atteint leur sommet au contact de la nôtre.
C’est le moment de remarquer à quel point René Grousset connaît l’histoire du monde et de ses civilisations.

Il est, entre autres, le grand spécialiste de l’Asie et des philosophies orientales.
Mais l’ennui est qu’il en parle dans son livre comme si tout le monde en savait autant que lui.
Le deuxième chapitre, par exemple, qui parle de « l’apport de l’Asie » et le chapitre suivant où l’auteur compare « les représentations religieuses de l’Orient et de l’Occident », me sont complètement passés par dessus la tête. Il faudrait, pour comprendre, être au courant de toutes les philosophies orientales et avoir visité tous les musées d’Asie et d’Europe.

Par ailleurs, j’ai beaucoup aimé la philosophie de René Grousset. Pour lui, nous sommes les détenteurs de la plus belle civilisation du monde. Nous devons, sinon la propager, au moins la transmettre dans son intégralité à nos descendants et notre devoir est de la défendre contre les « barbares » comme l’ont fait nos ancêtres depuis toujours.

Les Croisades, par exemple, qui font l’objet de tout un chapitre, étaient pour René Grousset, une entreprise grandiose qui consistait à reprendre aux musulmans un territoire, berceau de notre culture et de notre religion. C’était, selon lui, le devoir sacré de nos ancêtres, ce qui, entre parenthèses, a toujours été mon avis.
Pascal nous l’avait dit, les civilisations sont mortelles et la nôtre est entrée dans sa décadence ; nous entrevoyons sa fin avec un acquiescement et même une certaine délectation qui nous rappellent la fin de la grandeur de l’empire romain. (Ça, c’est une réflexion personnelle mais elle rejoint parfaitement la philosophie du Bilan de l’Histoire).

Pour le reste, ce livre est passionnant quand il se met à la portée du lecteur moyen. Mais, il a aussi le défaut de son ambition : vouloir survoler l’Histoire du monde, en 350 pages, même si le texte est très petit et serré, est une vraie gageure. Il est parfois plus amusant de s’intéresser à un instant précis de l’Histoire et de l’approfondir.
Mais il est aussi vrai qu’il est intéressant de lire de temps en temps un grand historien qui expose une philosophie de l’Histoire en même temps qu’il la raconte. Dans ce genre, René Grousset est un grand maître et son Bilan de l’Histoire est probablement son chef-d’œuvre.

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Les éditions

  • Bilan de l'Histoire
    de Grousset, René
    Plon
    ISBN : SANS000026125 ; 04/01/1946 ; 325 p. ; 12 X 19
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Vive Dieu, les Blancs et surtout les Français

7 étoiles

Critique de Bolcho (Bruxelles, Inscrit le 20 octobre 2001, 75 ans) - 20 octobre 2013

J'ai arrêté ma lecture à la page 91. Cela ne m'arrive jamais pour un livre d'histoire. Je vais me contenter de quelques citations pour expliquer mon découragement.
Ou plutôt, d'abord une remarque générale : l'auteur fait montre d'une constance antigermanique pathologique (d'accord, le livre est paru en 1946...), allant jusqu'à charger les anciens peuples germaniques des fautes nazies, et comparant le rôle de Sparte à celui de l'Allemagne au XXe siècle. Effet comique garanti : « (...) l'hitlérisme, en ramenant le germanisme à ses origines, le ramènera au désastre ».

« Tragique destinée que celle de ce peuple germanique qui, à chacune de ses ruées sur le monde, a ainsi fait la nuit », « peut-être la disgrâce du destin germanique provient-elle du caractère même de la Germanie. Dans l'immense plaine de l'Allemagne du Nord, à travers ses pauvres landes dont aucune frontière naturelle ne vient rompre la monotonie (...) ». Bref, les Germains, voulant s'éloigner de leurs bases sinistres, ont « constitué pour les civilisations voisines un péril ». Bizarre non ? Et les Romains, eux, n'ont-ils pas été à l'origine de l'une ou l'autre conquête territoriale ? Un peu plus loin, l'auteur parle de la « jungle germanique » dont devaient se protéger les voisins. Des pauvres landes et une jungle ? Faudrait savoir... Mais en tous les cas, une sorte d' « Empire du Mal » pour citer un auteur plus récent et pas trop futé.

« Cette avance de huit siècles [la romanisation] que la Gaule a prise dans la voie de l'ordre romain, aucun progrès matériel tardif ne devait permettre au germanisme de la regagner ». Rien que des barbares donc.

« L'humanisme allemand, en dépit de son labeur, aura toujours quelque chose d'appris ». Bref, ils sont courageux les Allemands, mais cons.

« Le génie de Rome était fait d'ordre intellectuel, de solidité juridique, d'universalité doctrinale. (...)(...) l'âme celte se distinguait (...) par sa sensibilité, son penchant à la rêverie, sa fantaisie ailée. Or, le secret de l'esprit français devait résider précisément dans l'intime association et le parfait équilibre de ces deux tendances ». Cocorico ! Les Français sont parfaits...
Sans compter que l'architecture gothique est « spécifiquement française par sa logique et son idéalisme » et « répond (...) au goût permanent de notre race (...) tant la logique de la pensée française incline à l'universel ». Euh, ça va les chevilles ?

Sur le christianisme : Bouddhisme et christianisme sont deux religions « de vocation nettement universelle » mais le christianisme est devenu « un fait romain, tandis que le bouddhisme conservait l'aspect d'une croyance asiatique (...) ». Le « fait » contre la « croyance »...
« De la révolution chrétienne est né l'homme moderne » : les autres ne sont rien que des barbares, en quelque sorte.

Ah, une belle prise de position politique qui ferait la joie du FMI aujourd'hui : « (...) l'effroyable fiscalité du Bas Empire tuait le commerce (...).

La renaissance de l'Europe du XIe siècle « eut l'Eglise pour animatrice ». Et quelques découvertes techniques aussi, diraient des historiens moins chrétiens...

Il paraît aussi que « saint Thomas d'Aquin a « indissolublement uni la raison et la foi ». Indissolublement, on vous dit ! Cela dit, unir des contraires, c'est fort...

« L'Italie (...) pendant plus de deux siècles (...) la résidence favorite du dieu, celui qui habite les peuples à leur apogée ». Sans dieu, vous êtes nuls, quoi.

Vient alors la page 91 :
« Lorsque, profitant de ce que les forces britanniques étaient absorbées en Europe par leur lutte contre le Troisième Reich, la flotte japonaise, le 7 décembre 1941, eut détruit par surprise dans les eaux de Pearl Harbour la première escadre américaine, on put un instant craindre pour l'avenir de la race blanche ».

Gloups ! Il va bientôt parler des « faces de citron » si ça continue. Sans moi. Pour le moment. Faut respirer un coup.

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