Le chagrin de Lionel Duroy

Le chagrin de Lionel Duroy

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Saint-Germain-des-Prés, le 7 février 2011 (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 6 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (49 121ème position).
Visites : 5 130 

Itinéraire chaotique

Roman autobiographique, « Le chagrin », comme son nom l’indique, se penche sur le passé douloureux de Lionel Duroy. On peut dire que son enfance fut mouvementée, entre ses parents atypiques et ses dix frères et sœurs…

Parents atypiques ? Jugez plutôt ! Le père, surnommé Toto (dans le livre et dans la « vraie » vie), semble un homme charmant, épris d’une telle passion pour sa femme que cela se traduit par un bébé par an, ou presque. D’emplois mal payés en situations instables, de déconvenues en promesses non tenues, le voilà sans un sou. Il est pourtant rusé et possède ce qu’il faut de bagout pour rouler les plus nantis. C’est qu’il faut compter avec la mère de l’auteur, Suzanne, qui ne pardonnera jamais à son mari de provenir d’un milieu social inférieur au sien. Elle veut absolument mener la grande vie et pour la satisfaire, Toto est amené à louer, voire acheter des résidences hors de prix. Bien sûr, il arriva ce qui devait arriver : l’expulsion. Lionel est encore un petit garçon lorsque ça arrive, on peut imaginer le choc que cela a été de voir les déménageurs vider sa demeure. Il ne passera pas une seule nuit à la rue, car Toto trouvera à les reloger (dans un lieu où la pauvreté suinte des murs), mais il s’en est fallu de peu. Pour revenir aux parents, il est difficile de les qualifier. En ce qui concerne Toto, on hésite entre inconscient, naïf, faible et … fort. Car oui, il faut avoir une certaine forme de force pour ne pas craquer quand tout part à vau-l’eau et qu’on est insulté par sa femme, chaque nuit. « Tu ne me permets pas de tenir mon rang », assène-t-elle, encore et encore. Et Suzanne ? Désenchantée, peut-être fatiguée par les grossesses à répétition, elle en devient hystérique, traumatisant Lionel par son comportement extrême. Lionel, marqué à vie, aussi, par le fait que lorsqu’il avait 3 mois, sa maman a dû les quitter, lui et sa famille pour faire un séjour prolongé dans un lointain hôpital afin de sauver un autre de ses frères d’une grave maladie. Bref, c’est à raconter l’histoire détaillée d’une chute désastreuse que se livre Lionel Duroy.

Mais pas uniquement. Car son autobiographie continue en abordant sa vie d’adulte, constituée elle aussi de moments douloureux. Et de joies, bien sûr, ne les oublions pas. Lionel se mariera deux fois, aura des enfants et mènera la double carrière de journaliste et de romancier. Il publiera d’ailleurs en 1990 une première autobiographie « Priez pour nous », qui lui vaudra la haine de certains de ses frères et sœurs. C’est pourquoi je me pose la question du pourquoi de ce livre-ci. Peut-être tente-t-il de se justifier aux yeux de sa famille ? Sans doute y ajoute-t-il le récit des 20 années passées depuis ? Il reste que les moments forts du « Chagrin » sont ceux consacrés à la narration de la disgrâce poignante d’une famille de 11 enfants…

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5 étoiles

Critique de Bouboule15 (, Inscrite le 12 juillet 2011, 34 ans) - 31 octobre 2011

Ce livre ne m'a pas spécialement plu, mais c'est un bon divertissement, une bonne lecture!

On ressent parfois de l'injustice dans ce que vivent les personnages mais aussi une haine envers les parents parfois assez dure et injustifiée (du point de vue du lecteur).

J'ai aimé le lire parce qu'il n'est pas désagréable et qu'il présente de nombreux changements (la situation change sans arrêt mais cependant ce n'est pas présenté avec énormément de suspense) même s'il tire parfois en longueur...

Chagrin ....et ennui...

4 étoiles

Critique de Papyrus (Montperreux, Inscrite le 13 octobre 2006, 64 ans) - 2 juin 2011

Le déroulé d’une vie complexe, comme il y en a tant, avec un long retour sur une enfance certes difficile entre un père faible et un peu « margoulin » et une mère complètement égocentrique et probablement incapable d’aimer, seulement préoccupée d’elle-même et de son statut social, sacrifiant l’équilibre familial sur l’autel des apparences, puis l’entrée dans la vie adulte, chaotique, comme pour beaucoup d’humains qui ont du mal à se construire et donc à se stabiliser.

Tout ce « déballage » transformé en une volumineuse autobiographie ne laisse finalement pas beaucoup de traces, (même si j’ai apprécié certains passages,) l’auteur ne parvenant pas vraiment, à créer ce lien si subtil, entre connivence et empathie, avec le « confident-lecteur ».
Sans doute parce que sa lecture a provoqué chez moi un agacement, une gêne liés au fait que les choses ne puissent simplement être dites aux personnes intéressées, dans le huis clos familial, sans en passer par un règlement de compte "littéraire", aux conséquences apparemment désastreuses sur les autres membres de la famille (y compris les propres enfants de l'auteur).
Les conséquences d'une vraie mise au point auraient-elles été plus difficiles à affronter que cet accouchement littéraire aux forceps, si elle avaient eu lieu en temps et en heure, entre adultes responsables? Le lecteur doit-il être témoin de ce qui ressemble tout de même à un manque de courage?

Ce roman entre pour moi dans la catégorie des livres égotistes qui s’écrivent pour peut-être alléger le poids de l’existence de leurs auteurs mais qui ne se transforment pas vraiment en œuvre littéraire, qui n'en touche pas vraiment la dimension universelle, et qui au final n’atteignent pas vraiment leur cible : le lecteur !

Le besoin de se dire

7 étoiles

Critique de Sissi (Besançon, Inscrite le 29 novembre 2010, 53 ans) - 4 avril 2011

Le pourquoi de ce livre, c'est à l'évidence une incapacité à dire autre chose. Tant les stigmates indélébiles d'une enfance désastreuse ont eu et ont encore des répercussions dans la vie personnelle, professionnelle et familiale de Lionel Duroy.
Ce livre, c'est la volonté farouche de tout reprendre depuis le début (une bonne fois pour toutes?) et ne plus se dissimuler derrière des personnages en assumant une autobiographie fouillée et détaillée.
Reconstituer le puzzle éparpillé de son histoire, en allant chercher très loin dans le temps les premières pièces sans lesquelles l'assemblage ne se fait pas.
Reconstituer pour reconstruire. Tourner la page en la faisant tourner par d'autres.

C'est discutable. Ca peut rebuter.
Pourtant c'est une jolie confession, sans complaisance ni misérabilisme.
Le lecteur est impliqué dans un travail d'investigation minutieux, où les vieilles photos sont étudiées à la loupe, où les "Voyez vous" sont récurrents, où la grande sincérité qui émane de chaque page pousse à écouter ce grand cri poussé lui aussi.

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