Les dessous sales de la France éternelle

Dans ce poème épique se lisant comme un roman vous trouverez :

des rimes vachardes
des vers solitaires de tous pieds
des portraits méchants
des propos grinçants
de la noire rigolade
du soliloque
du grandiloque.

(Liste non exhaustive).

Pédonzigue, c’est la France de 1951, mais ce pourrait bien être dans n’importe quel petit coin pourri de la planète un peu n’importe quand. Pétaouchnok universel. Raison pour laquelle soixante ans plus tard ce texte n'a pas pris une ride.
Rabiniaux tire à bout pourtant sur tout ce qui bouge, n’épargnant finalement que les enfants. Il avait un sacré poste d'observation, faut dire. Le massacre a le bon goût de se dérouler en musique burlesque. La verve acide de Rabiniaux, bien plus que l'œuvre de Queneau, qui préfaça le livre (« un livre écrit à coups de balai, à coups d’aspirateur, à coups de ventilateur, à coups de désorodiseur, à coups d’essuie-glace, à coups de fenêtre ouverte ») , évoque celle d’ un Marcel Aymé déchaîné, relevé d’une pointe de Villon. Boudard, lui, y voyait plutôt la griffe D'Aubigné, celle des Tragiques.
Bizarre ?Allez-y voir. Extrait :

« La Dame-Rousse est bien brave, elle connaît tous les goûts : pour l’huissier, Maître Gustave, un œil de bronze en égout ; pour le contrôleur Cancrave, un œuf saignant par le bout ; pour l’avoué de la Grimpette, Irma se déguise en suisse et se plonge entre les cuisses un gros morceau de trompette, afin que le bon juriste, à l’instant du part-en-part, puisse d’une bouche artiste jouer le Chant du Départ ».

• 

  L'honneur de Pédonzigue [Texte imprimé], épopée Roger Rabiniaux préf. de Raymond Queneau

  de Rabiniaux, Roger
  Éd. Cent pages
  ISBN : 9782906724709 ; 14,20 € ; 04/10/2001 ; 137 p. ; Broché

  Go Amazon