Une Afrique perdue à jamais

En 1795-96 Mungo Park, jeune médecin écossais d'à peine 24 ans est commissionné par la Société Africaine de Londres pour aller explorer l'Afrique de l'Ouest en suivant le fleuve Niger, dans des territoires alors complètement inconnus des européens. Le périple s'annonce dangereux : un certain capitaine Houghton avait entreprit le même voyage peu avant lui sans en être jamais revenu -on apprendra qu'il fut tué par les Maures. Qu'importe ! Le jeune homme se jette tout de même dans l'aventure.

Si son voyage sera un échec -il atteindra le Niger en pleine saison des pluies et complètement démuni, ce qui le pousse malheureusement à faire demi-tour- le journal qu'il tient, vaille que vaille et publié à son retour demeure l'un des plus importants récits de voyage sur l'Afrique.

En effet, au-delà de l'épopée typique du Blanc sous les tropiques ( le climat, la fièvre, les lions et les moustiques etc... ) l'oeuvre constitue un regard précieux pour au moins deux raisons :
1- il y décrit l'Afrique d'avant le colonialisme, avec ses puissants royaumes, son système politique tribal assez complexe, les relations commerciales et conflictuelles qui unissent tout ses peuples -dont les Mandingues, dont il parle non seulement la langue mais s'attarde aussi, tout un chapitre, à détailler le caractère, le mode de vie, les rites et coutumes;
2- il est, fait frappant pour un Blanc de l'époque, sans préjugés racistes ( il les fait même voler en éclat ) lui qui sera tout aussi bien volé et le témoin de traditions bizarres voire cruelles que l'invité de chefs locaux, ou dépendra de l'aide et de l'hospitalité, précieuse, de villageois ordinaires; ce même si sa couleur de peau et le fait qu'il soit chrétien suscitent plus d'une fois la suspicion.

En fait seuls les Maures s'en tirent mal, terrorisant les royaumes noirs environnants, leur fanatisme religieux les rendant, selon Park, arrogants et dangereusement prosélytes et agressifs. S'il ne rate pas une occasion pour les condamner, déblatérant à longueur de pages, c'est qu'il a ses raisons : capturé par ces derniers il fera l'horrible expérience d'être leur prisonnier, eux qui en auraient fait un esclave s'il n'avait réussi a leur échapper.

Malgré tout, son ouverture d'esprit et sa profonde empathie pour les peuples qu'il rencontre le rendent plus proche de lecteurs modernes que de ceux de son temps, et son journal reste un témoignage inestimable sur une Afrique perdue à jamais.

Mungo Park est mort en 1806, lors d'un second voyage à la tête d'une expédition partie sur les traces de sa première mission.

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  Voyage dans l'intérieur de l'Afrique de Mungo Park

  de Park, Mungo Adams, Adrian (Préfacier)
  la Découverte
  ISBN : 9782707157836 ; 13,50 € ; 14/05/2009 ; 354 p. ; Poche

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